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IoT : MicroEJ, le petit Nantais à l’assaut de la planète

Frédéric Rivard

Il a été une des belles surprises française du dernier CES de Las Vegas. Fondé par un ancien d’IBM, MicroEJ, 75 salariés commercialise en B to B des systèmes d’exploitation ultra-légers pour objets connectés. Et ce n’est qu’un début.

Première raison de ce quasi anonymat, l’entreprise travaille en BtoB, le grand public ne connait donc pas vraiment cette entreprise qui n’avance pourtant pas masquée. Frédéric Rivard n’est donc pas une star de la tech. Pourtant le PDG de MicroEJ peut se féliciter, car c’est bien lui qui est à l’origine de ce succès.

Étudiant, le jeune homme se montre clairement doué pour l’informatique, il décroche d’ailleurs un doctorat dans cette discipline en 1997, financé par IBM. Installé en Amérique du Nord, il est ensuite embauché dans cette entreprise hors normes et y travaille au total huit années dans le domaine des langages informatiques.

C’est lors de cette période qu’il conçoit au sein d’une équipe les technologies de virtualisation, qui permettent notamment de réduire les coûts de R&D pour les lancements d’objets connectés. De retour en France, Fred Rivard obtient un MBA chez Audencia afin de finaliser sa formation en tant qu’entrepreneur, et lance dès 2004 IS2T (Industrial Smart Software Technology). La startup est incubée chez Atlanpole où elle développe des solutions de conteneurs logiciels pour les grands industriels.

En 2012, l’entreprise parvient à décrocher un financement important : le fonds Innovacom y investit 10 millions d’euros. L’année suivante, le changement d’échelle se concrétise également par un changement de nom, IS2T devient MicroEJ.

LE HAUT DU PANIER DE LA TECH

Difficile d’expliquer simplement le cœur de métier de MicroEJ pour les non-initiés aux arcanes informatiques, mais le produit phare, la MICROEJ VEE est un mini système d’exploitation pour les objets connectés qui nous entourent au quotidien. L’entreprise vend en effet ses produits à des industriels de l’électroménager, du médical, de la domotique et des objets connectés sans oublier les réseaux électriques intelligents. De façon plus concrète, Décathlon, Scheider, Atlantic, Seb, Thalès, Zébra, Leroy Merlin, Airbus, etc, font partie de la clientèle très courtisée de MicroEJ.

UNE ENTREPRISE RENTABLE

Le dernier financement externe date de 2011 auprès d’Innovacom. Devenue MicroEJ, depuis une dizaine d’années, l’entreprise de Frédéric Rivard n’a plus effectué de levée de fonds ce qui n’a pas empêché la société d’atteindre la profitabilité depuis cinq ans. Pour construire ce business, il a fallu parvenir à créer une offre d’exception, extrêmement compétitive par rapport à la concurrence, y compris lorsque celle-ci se nomme Android de Google. Reconnue internationalement, MicroEJ dispose d’équipes haut de gamme, dans ses centres R&D à Nantes et Boston, et d’un savoir-faire unique permettant (entre autres) de réduire jusqu’à

trois fois le temps de conception des appareils électroniques. Cela explique que les clients soient prêts à signer des contrats les engageant sur plusieurs années, souvent quatre à cinq ans, jusqu’à dix ans. MicroEJ dispose ainsi d’une excellente visibilité pour poursuivre sereinement la construction de son avenir.

MAIS QUE FONT LES CONCURRENTS ?

Incroyable, mais vrai, le petit poucet est parfois plus fort que les grands géants de la forêt, ou de la Silicon Valley. Depuis sa création, discrètement, MicroEJ grignote les parts de marchés d’Android et d’autres sur son cœur de métier. Les affaires avancent vite, à tel point que Fred Rivard décide d’ouvrir une filiale à Boston en 2016. Mais comment donc cette petite société peut-elle avoir résisté et même continué à se développer alors que Samsung et Google se sont retirés ? La réponse du fondateur : par son agilité, ses compétences et un produit exceptionnel, très compétitif en termes de prix, le MicroEJ VEE pour Virtual Execution Environment.

LE SUCCÈS D’UNE TECHNOLOGIE DE RUPTURE

Régis Latawiec suit l’aventure depuis quasiment les débuts en tant que directeur des opérations de MicroEJ, il confirme que la société est en train de prendre une dimension plus importante. L’avenir s’annonce sous des cieux favorables. En effet, MicroEJ est une entreprise très spécifique dont le modèle économique correspond à celui d’une société dite « de propriété intellectuelle ».

Depuis ses débuts, ce sont les partenariats avec les clients qui soutiennent l’activité et la croissance. Si les clients sont aussi intéressés, c’est qu’ils trouvent dans l’offre de MicroEJ le moyen de diviser par deux, voire plus, le temps de lancement de leurs appareils. Or cette rapidité est pour eux synonyme de rentabilité. L’entreprise est parvenue à proposer une solution générique, et non plus spécifique par produit, que les industriels peuvent s’approprier.

Les ambitions sont bel et bien là, selon le directeur des produits, Semir Haddad : « La vision de la société est d’apporter la capacité des systèmes d’exploitation mobiles, iOS et Android à tous les appareils électroniques, connectés ou non. Ce qui nous fait nous lever chaque jour, c’est participer à la digitalisation du monde. Notre objectif est d’être au cœur de toute l’intelligence embarquée ». Fred Rivard enfonce le clou en annonçant que MicroEJ « veut être un leader de la transformation digitale des objets/appareils électroniques, en transformant n’importe quel objet en un produit flexible, orienté service, et apte à évoluer rapidement ».

MICROEJ EN CHIFFRES

L’entreprise a pour clients quelques dizaines entreprises mondiales pour plus de 150 millions de MicroEJ VEE licenciées à date (10 millions en 2018). Voici une entreprise qui n’a pas subi le grand coup de frein de la pandémie. Elle est devenue leader de la virtualisation dans le milieu de l’électronique embarquée. Des millions de personnes se servent des technologies de l’entreprise nantaise sans le savoir. Depuis sa création, 40 millions d’euros ont été investis en R&D, financés au départ par Innovacom et par les accords de co-développement signés avec Schneider Electric, Bouygues…

MicroEJ emploie 70 collaborateurs, dont une majorité à Nantes, et dans ses bureaux étrangers à Boston, Tokyo, Séoul, Xi’an (Chine), Munich et Sibiu (Roumanie). L’entreprise prévoit de doubler le nombre de ses s-lariés d’ici deux à trois ans. A l’heure actuelle, l’entreprise réalise 75% de son CA à l’export, en particulier aux Etats-Unis. La couleur a été annoncée : vendre 1 milliard d’unités dans les trois à quatre ans à venir !

Anne Florin


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