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Biotech : Inventiva lutte contre les fibroses

Transfuge d’un laboratoire de la Big Pharma Abbott, Inventiva met au point les premiers traitements contre certaines formes de fibrose. Et sur ce terrain, la petite start-up dijonnaise pourrait bien supplanter les grands laboratoires pharmaceutiques dans la course à l’innovation.

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Transfuge d’un laboratoire de la Big Pharma Abbott, Inventiva met au point les premiers traitements contre certaines formes de fibrose. Et sur ce terrain, la petite start-up dijonnaise pourrait bien supplanter les grands laboratoires pharmaceutiques dans la course à l’innovation.

C’est l’une des pépites montantes de la biotechnologie. Cette jeune pousse née en 2012 met au point, au sein de son laboratoire, les médicaments de demain. Si elle parvient à rivaliser avec les plus grands laboratoires pharmaceutiques mondiaux, c’est que son expertise scientifique lui permet de se positionner sur un vrai enjeu de santé publique : la recherche de traitements contre les maladies fibrotiques.

Un marché de 40 Mds$

Les pathologies fibrotiques désignent le processus qui empêche la cicatrisation de faire son œuvre suite à une lésion ou une inflammation. Les tissus ne se régénèrent pas correctement et deviennent fibreux, souvent en raison d’une production excessive de collagène.

La fibrose peut alors toucher des organes vitaux tels que le pancréas, le rein, le foie ou le poumon. Inventiva s’attaque à la sclérodermie systémique, une maladie qui touche 170.000 patients par an en France, mais surtout à la stéatohépatite non alcoolique, dite NASH, une maladie du foie qui atteint 30 millions de patients et s’accompagne d’un risque élevé de cirrhose et se transforme souvent en cancer du foie.

Sa prévalence aux États-Unis est estimée à 12% chez la population adulte et ce risque s’élève à 22% pour les diabétiques. Le marché est donc colossal : jusqu’à 40 Mds$*.

Or, à ce jour, il n’existe pas de traitement. Et les laboratoires pharmaceutiques qui se positionnent sur ce gisement font la course à l’échalote. Si Intercept et Genfit, les plus avancés, sont proches d’une mise sur le marché, la sortie de leur traitement entraînerait des effets secondaires majeurs : pour l’une, la molécule augmenterait le cholestérol LDL ; pour l’autre, elle induirait une hausse de la créatinine.

Au total, une cinquantaine de molécules contre la NASH sont en phase de développement clinique. Ce qui n’empêche pas Inventiva de faire la course en tête. «Nous travaillons à la fabrication de traitements qui modifient les gènes, dans le domaine des récepteurs nucléaires et des facteurs de transcription et de la modulation épigénétique», explique Frédéric Cren, l’un des deux dirigeants et co-fondateurs de la start-up.

La star-up dijonnaise n’est pas partie d’une page blanche puisqu’elle est née en 2012 sur les cendres des anciens laboratoires Fournier rachetés en 2005 par Solvay Pharmaceuticals, lui-même absorbé par Abbott en 2009. Frédéric Cren, à l’époque directeur général de la recherche chez Abbott, s’associe à Pierre Broqua, directeur de la recherche du laboratoire dijonnais, et négocie pour reprendre la partie R&D des laboratoires Fournier quand la Big Pharma veut se séparer de l’activité.

«Nous avons demandé à Abbott la prise en charge des frais de fonctionnement du laboratoire jusqu’en 2017 à hauteur de 100 M€», indique Frédéric Cren. Depuis 2012, Inventiva avance, doucement mais sûrement, dans le développement de médicaments candidats.

Son produit phare contre la NASH, IVA 337, a déjà obtenu le statut de médicament orphelin permettant à la pépite biotech de débuter une étude clinique en phase II il y a quelques mois : elle inclut une centaine de patients de 12 pays européens pendant 24 semaines. Coût de l’étude : 11 M€.

En parallèle, une autre étude clinique est menée pour la sclérodermie systémique dans près de 8 pays et devrait durer 48 semaines. «Le marché lié à ces deux études cliniques est estimé de 35 à 45 milliards de dollars», évalue Frédéric Cren. «Nous rechercherons des partenaires industriels pour commercialiser ces traitements». Ceux-ci ne sont pas attendus avant plusieurs années, même si la R&D est, elle, bien avancée.

Et comme il ne faut pas mettre ses œufs dans le même panier, la start-up s’est aussi lancée dans la recherche de traitement contre les mucopolysaccharidoses, un groupe de maladies génétiques rares. Un marché moindre de 1,8 M€ mais sur lequel il n’y a encore aucun traitement. «L’étude est en phase I, mais, sur ce marché, Inventiva va étudier la possibilité de commercialiser elle-même ces traitements».

Une activité de sous-traitance

Comme dans toute pépite de biotechnologie, les temps de recherche sont très longs avant de pouvoir mettre sur le marché les premiers médicaments. L’entreprise a ainsi prévu le financement de ses travaux de recherche jusqu’en 2020. La première manne provient d’une activité de R&D pour d’autres laboratoires pharmaceutiques.

Inventiva exploite ainsi son expertise pointue pour leur proposer de développer, pour eux, des traitements sur 3 axes : les maladies fibrotiques, certaines formes de pathologies lysosomales et l’oncologie. Une banque de 240.000 molécules et une équipe de recherche reconnue au sein de la start-up attire d’ailleurs les géants de l’industrie pharmaceutique, à l’image du laboratoire américain Abbvie, n° 10 mondial.

«Il nous sous-traite certaines recherches. En échange, nous recevons des redevances sur les ventes, ce qui nous permet de générer des revenus». La start-up collabore également avec Boehringer pour des recherches sur la fibrose pulmonaire. De quoi générer 5 M€ environ.

Belle entrée en Bouse

Mais pour financer de nouveaux traitements innovants, Frédéric Cren sait que la sous-traitance ne sera pas suffisante. C’est pourquoi la start-up s’est lancée dans une introduction en Bourse en février dernier sur le marché d’Euronext Paris. Objectif ? Une augmentation de capital de 48 à 53 M€ afin de boucler toutes ses études cliniques sur la fibrose.

Dans cette opération financière, Frédéric Cren et Pierre Broqua ont fait entrer à hauteur de 35 M€ des investisseurs reconnus dans le domaine des sciences comme les fonds américains BVF Partners (15 M€) et Perceptive Advisors (4 M€), le Danois Novo A/S (10 M€) et la Financière Arbevel (6 M€). Une preuve de leur crédibilité !

Ces moyens permettront-ils à la jeune pousse de réaliser son rêve : commercialiser les premiers traitements contre les 2 formes de fibrose sur lesquelles elle a misé ? En tout état de cause, Inventiva s’est assurée une visibilité financière jusqu’à mi-2019. Et comme les résultats des études cliniques sont attendues mi-2018, tous les espoirs sont permis, d’autant qu’Inventiva espère obtenir une autorisation de mise sur le marché l’année suivante. Elle serait alors la première biotech à proposer un traitement pour les maladies fibrotiques.

* Source : Deutsche Bank


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