Je m'abonne

Insuffisance cardiaque : la révolution CorWave

Louis de Lillers (CorWave)

Afficher le sommaire Masquer le sommaire

La jeune pousse de Clichy-la-Garenne, sur les bords de la Seine, prépare des essais cliniques pour industrialiser sa pompe cardiaque nouvelle génération.

L’obsession de l’équipe de CorWave est l’insuffisance cardiaque, un mal très courant parfois causé par un infarctus, et qui empêche les patients de mener une vie normale, car leur cœur ne parvient plus à fournir un débit sanguin suffisant. Les médecins disposent, à ce jour, de diverses solutions, pas toujours satisfaisantes en fonction de l’importance des pathologies.

10 ANS DE TRAVAIL

En matière d’innovation médicale, le temps est une donnée importante. Du temps pour les recherches, du temps pour les tests cliniques, et cela bien avant que la nouveauté ne puisse être utilisée de façon concrète par les professionnels de santé. CorWave a été fondé en 2012 par la startup studio MD Start. Son travail a donné lieu à de très nombreux prix, prouvant ainsi que la voie empruntée par l’équipe de recherche était prometteuse. Les investisseurs de départ ne s’y sont pas trompés, ils ont soutenu la jeune entreprise depuis ses débuts, comme Bpifrance, Seventure et Sofinnova. Et ce ne sont pas les 70 collaborateurs internationaux qui travaillent à sa réussite qui diront le contraire.

LES MEMBRANES, NOUVELLES STARS DE LA MÉDECINE

Les membranes innovantes attirent les projecteurs dans des secteurs aussi différents que la voile, l’industrie ou la médecine. Dans ce dernier domaine, celui qui fait figure d’inventeur est Jean-Baptiste Drevet, qui crée une nouvelle technologie de rupture, résultat d’une vingtaine d’années de recherche sous la forme d’une membrane ondulante. Il fonde dans la foulée sa société AMS R&D, qui signe un accord de licence exclusif avec CorWave en 2012, startup qui vient d’être créée par MD Start. Elle est d’abord incubée chez Agoranov, avant d’intégrer Paris Biotech Santé. Son projet trouve les financements nécessaires pour aller de l’avant, un site est construit à Clichy pour une unité de production pilote. C’était il y a six ans. Depuis lors, toutes les fées se penchent sur le berceau de CorWave qui continue à collecter les récompenses et décroche son premier brevet américain. Les études précliniques positives permettent d’attirer les subventions européennes, le projet d’une véritable usine se met en place l’an dernier avec l’appui du programme « Relance Industrie » de la région Île-de-France.

DES POMPES CARDIAQUES JAMAIS VUES

CorWave a créé deux pompes, la CorWave LVAD (left Ventricular Assist Device) et la Nemo, qui permettent toutes deux de propulser le sang en reproduisant le flux physiologique du cœur natif, ramenant la situation à la normale. Les pompes cardiaques existent à ce jour, mais présentent des inconvénients, notamment en matière de vitesse d’écoulement du sang et de présence de pulsations. Si l’avancée de CorWave est considérée comme un grand pas, c’est que les transplantations cardiaques sont complexes et rares par rapport aux besoins. Les pompes LVAD existantes sont utilisées pour pallier le manque de greffons, mais ne représentent pas une solution très satisfaisante du fait des nombreuses complications graves qui s’ensuivent. L’origine mise en avant par les spécialistes est le problème des pulsations. L’innovation de CorWave doit permettre la baisse drastique de ces effets secondaires, parfois mortels.

UNE GOUVERNANCE POINTUE

Louis de Lillers est le directeur général de CorWave. Cet entrepreneur rompu au milieu des nouvelles technologies médicales a démarré sa carrière il y a une vingtaine d’années dans le monde en ébullition d’internet en créant ses propres projets avant de passer à un tout autre domaine, Ernst & Young dans un premier temps, puis la banque d’affaires Clipperton Finance, qui constituent des expériences fructueuses en matière de capital-risque et de sociétés innovantes. Il a également travaillé un temps chez Sofinnova Partners. Diplômé de l’EDHEC, il est aussi diplômé de la Pitié-Salpêtrière sur le sujet du cœur artificiel et de l’assistance circulatoire. Quant au président du Conseil d’administration, il n’est autre que Gérard Hascoët, souvent désigné comme serial entrepreneur à succès de la medtech. Il est notamment président de MD Start et Venture partner chez Sofinnova.

61 MILLIONS D’EUROS ET UN PROJET INDUSTRIEL

La concrétisation est proche. L’usine de Clichy-la-Garenne voit le jour, et les 61 millions d’euros levés grâce au fonds d’investissement SPI (Société de Projets Industriels) dans le cadre de France 2030 interviennent dans cette levée à hauteur de 15 millions d’euros, aux côtés de groupes tels qu’Exor Ventures et Vlerick Group. Les essais cliniques se rapprochent, la dernière épreuve avant la demande d’autorisation de mise sur le marché. Les espoirs sont donc très élevés pour cette medtech qui, élément exceptionnel, dispose d’un actionnaire très spécial depuis lors, le fonds EIC, le European Innovation Council, émanation directe de la Commission européenne. La jeune pousse ne compte pas s’en tenir là, elle dispose déjà d’implantations en Australie et aux États-Unis pour le futur. On est de tout cœur avec elle. Les laboratoires ainsi qu’une première.

Anne Florin


Vous aimez ? Partagez !


Entreprendre est un média indépendant. Soutenez-nous en nous ajoutant à vos favoris Google Actualités :

Publiez un commentaire

Offre spéciale Entreprendre

15% de réduction sur votre abonnement

Découvrez nos formules d'abonnement en version Papier & Digital pour retrouver le meilleur d'Entreprendre :

Le premier magazine des entrepreneurs depuis 1984

Une rédaction indépendante

Les secrets de réussite des meilleurs entrepreneurs

Profitez de cette offre exclusive

Je m'abonne