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Où s’arrêtera Michel Ducros ?

Entrepreneur touche-à-tout, Michel Ducros, 69 ans, règne sur un empire très divers qui va de la prestigieuse maison Fauchon, au chantier naval Monaco Marine, en passant par l’immobilier commercial. Où s’arrêtera cet insatiable créateur ?  

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Entrepreneur touche-à-tout, Michel Ducros, 69 ans, règne sur un empire très divers qui va de la prestigieuse maison Fauchon, au chantier naval Monaco Marine, en passant par l’immobilier commercial. Où s’arrêtera cet insatiable créateur ?
 

Il ne s’arrête jamais. A 69 ans, Michel Ducros, fils du fondateur de Gilbert Ducros, continue inlassablement à développer son groupe. Au début de l’été, l’une de ses entreprises, Monaco Marine (75 M€ de CA), spécialiste de la maintenance et réparation de yachts, a remporté un appel d’offres consistant en la création d’un chantier d’entretien de bateaux de luxe XXL – des yachts mesurant entre 90 et 130 mètres d’envergure – dans le port de Marseille d’ici 4-5 ans.

« Cela complète notre panoplie et parachève notre travail (l’entreprise compte déjà sept sites sur la Côte d’Azur, NDLR). L’entreprise a commencé par des petits bateaux en 1995 à Saint-Laurent-du-Var, et là, nous allons travailler sur des bateaux de 120 mètres. Des hôtels 6 étoiles qui flottent… »

Chez les Ducros, l’entreprise est bel et bien une histoire de famille

Possédant déjà 10 % de parts de marché, Monaco Marine prévoit d’investir près de 50 M€ dans ce chantier pour mettre sur pied la plus grande plateforme d’Europe dédiée aux méga yachts. Le département commercial est assuré par son fils, Tanguy. Signe que chez les Ducros, l’entreprise est bel et bien une histoire de famille. Dans le secteur de la plaisance, Michel Ducros n’est pas un novice. A la fin des années 80, c’est lui qui avait, à coups de millions, relancé les chantiers de la Ciotat.

Titulaire de tous les permis bateaux existants, Michel Ducros a anticipé l’explosion du marché des yachts consécutive à l’arrivée des grandes fortunes moyen-orientales ou asiatiques en Méditerranée. Cet instinct, Michel Ducros l’a développé durant sa jeunesse au contact de son père – il a passé son enfance à Buis-les-Baronnies, dans la Drôme.

« À la maison, se remémore Michel Ducros sur le site Monaco Hebdo, lorsque j’étais jeune garçon, on parlait beaucoup de l’entreprise, de ses problèmes et de ses succès. C’est probablement là qu’est née mon envie de devenir moi-même entrepreneur. » Quel est le secret de l’héritier Ducros ? «  Avoir une conviction, une vision, une ambition, une stratégie, satisfaire ses clients, et motiver ses employés. Quand j’étais chez Ducros, les employés étaient fiers de l’entreprise. »

Prises de risques

Mais le vrai coup de maître des Ducros date d’il y a un peu plus de 25 ans. La famille est arrivée sur le devant de la scène grâce à la notoriété de son entreprise d’épices, dont les publicités – « A quoi ça sert que Ducros, il se décarcasse ? » – ont marqué plusieurs générations – c’est d’ailleurs Michel Ducros, aidé de l’agence de communication Havas, qui a inventé le fameux slogan.

En 1992, à la demande de son père, Michel Ducros cède pourtant le groupe familial d’épices à Béghin-Say pour 2 milliards de francs en 1992 (305 M€). Diplômé de l’ESCP, le serial entrepreneur n’a pas pris sa retraite pour autant. Qualifié de « maniaco-actif obsessionnel » par sa propre femme (L’Express), Michel Ducros, qui a rejoint l’entreprise familiale en 1971, a passé sa vie à prendre des risques. « Je suis un entrepreneur dans l’âme.

L’entreprise, c’est l’aventure des temps modernes. » Rien n’arrête l’aventurier Ducros. Dans les années 90, il investit dans l’immobilier au Luxembourg et en Suisse, mais aussi dans la vigne, fonde une entreprise agroalimentaire et une dans les fleurs au Moyen-Orient et s’occupe d’une société de champignons surgelés héritée de son père.

Il a relancé Fauchon

En 1995, il se lance donc dans la réparation de yachts en mettant la main sur une petite société monégasque, Power Boat. Puis, en 1998, il fait son entrée au capital du traiteur de luxe Fauchon, en tant qu’actionnaire minoritaire – il en est aujourd’hui l’actionnaire principal. Après une période difficile, l’entreprise le choisit comme repreneur.

Michel Ducros va intégralement restructurer la maison parisienne en misant sur le développement international. Un peu dans la lignée du conseil que lui avait donné son père, Gilbert Ducros, quelques années auparavant  : « Sois mondial et sois provençal ». Le redressement de Fauchon est impressionnant et la croissance est de retour. Dans le même temps, son principal concurrent, Hédiard, est au bord du gouffre…

Afin de diversifier encore davantage la maison de luxe, qui possède 100 magasins en franchise et 400 points de vente dans plus de 50 pays, l’insatiable entrepreneur a lancé une marque hôtelière. Le premier établissement, Fauchon L’Hôtel Paris (54 chambres, 11 suites, restaurant, bar, spa), classé 5 étoiles, a ouvert ses portes début septembre. Située place de la Madeleine, la boutique-hôtel est codétenue par la holding familiale de Michel Ducros (2000 salariés) et par Esprit de France, une chaîne spécialisée.

Un règne en coulisse, en toute discrétion

« Il y a une quinzaine d’années, mon beau-père me fait part de son envie de mettre un toit sur les produits Fauchon, explique Samy Vischel, beau-fils de Michel Ducros et CEO de la marque de luxe. Un hôtel, oui, mais pour nous, il était évident que le projet devait prendre vie place de la Madeleine, en hommage à l’histoire de la marque. Nous savions que cela allait prendre du temps ! »

La maison Fauchon ambitionne de construire vingt hôtels au cours de la prochaine décennie. Si des projets à Kyoto (Japon) et Doha (Qatar) sont déjà entérinés, Fauchon visera également des marchés porteurs (États-Unis, Brésil, Chine). « Objectif : viser la clientèle internationale, plutôt féminine, attirée par le luxe et l’art de vivre, détaille Samy Vischel. Le visiteur typique vient du Japon ou du Moyen-Orient. Ce sont des jeunes couples en lune de miel et des voyageurs d’affaires qui marient plaisir et business. »

Même s’il a confié les rênes de ses entreprises à des membres de la famille ou à des managers triés sur le volet, Michel Ducros est toujours au four et au moulin. Un règne en coulisse, en toute discrétion. Signe que la retraite n’est pas pour tout de suite pour l’ex roi des épices.


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