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Gama : la première voile solaire de l’espace sera-t-elle française ?

Entreprendre - Gama : la première voile solaire de l’espace sera-t-elle française ?

Thibaut Elzière, le fondateur de Fotolia et du Startup studio eFounders fourmille de projets. Après avoir lancé Folk il y a six mois, il lève 2 millions d’euros auprès du CNES et de BpiFrance pour créer la première voile solaire de l’espace.

Thibaud Elzière s’est passionné pour internet pendant ses études d’ingénieur, et cela n’a pas cessé depuis. Cofondateur de Zilok.com (devenu Ouicar), son grand succès fut Fotolia dont il a vendu les participations en trois fois, en 2009, 2012 et 2014 (année où Adobe a racheté la tota-lité pour 800 millions de dollars). Mais il n’a pas vocation à être un simple business angel.

En réalité, il avait déjà anticipé le mouvement d’après en créant eFounders avec Quentin Hickmans, un générateur de startups qui correspond à sa vision et lui permet de « s’amuser ». Il le dit lui-même « c’est l’idée que je me fais de la France, entre la Silicon Valley pour le produit et l’innovation, et le côté germanique pour la rigueur et les process ».

Enrichir l’écosysteme économique

La vision de Thibaut Elzière est grand angle, il dit être « secteur agnostique », tout est susceptible de l’intéresser, il est convaincu que la rapidité et la croissance quel qu’en soit le coût sont indispensables dans les secteurs innovants. Consommation collaborative, alimentaire, B2B, et surtout tout ce qui est « scalable », donc susceptible de se développer et de prendre une nouvelle dimension.

Chaque semaine, chez eFounders, se tiennent un comité marketing et une réunion produit a􀀁in de créer du rythme, de la rapidité et de l’efficacité. Il faut croire que la recette a du bon. eFounders a déjà créé une trentaine de startups pour un portefeuille évalué à plus de deux milliards de dollars.

De Berlin à Bruxelles

Si Thibaud Elzière a eu la chance de grandir dans les Alpilles, c’est à Berlin qu’a commencé son aventure d’entrepreneur. Non seulement il y rencontre sa future épouse, mais il commence aussi à mettre sur pied les premières bases de son projet Fotolia. On ne dira jamais assez les bienfaits des années passées à l’étranger en cours d’études !

A la fin de son année à Berlin chez Total, il rejoint sa compagne à Bruxelles où il est resté depuis lors. Ce sudiste a été séduit par la qualité de vie de la capitale belge, loin de l’image d’Épinal du ciel gris à perte de vue. Depuis la pandémie, l’homme s’est organisé, il se rend deux jours par semaine à Paris, et travaille de chez lui le reste du temps. Il trouve cette solution extrêmement productive.

Gama Space, un projet de science-fiction

Une voile solaire de 74 mètres carrés prévue pour être lancée dans l’espace d’ici quelques mois, plus précisément en octobre, voici ce dont il s’agit. Il ne s’agit pas le moins du monde d’une lubie de la part du serial entrepreneur, mais bel et bien d’une passion. Thibaud Elzière a toujours eu les yeux dans les étoiles, l’espace étant un territoire magnifique pour rêver et pourquoi pas concrétiser certains de ses rêves.

C’était il y a deux ans, le projet se met alors en place dans la tête de l’entrepreneur qui contacte l’U3P, l’Union pour la Promotion de la Propulsion Photonique à la recherche d’un spécialiste en droit spatial. Ce sera Louis de Gouyon Matignon, aujourd’hui président de Gama, associé à Andrew Nutter, un investisseur passionné lui aussi par l’espace. Trois associés donc pour s’impliquer dans ce projet né officiellement à l’été 2020. La jeune startup Gama Space a travaillé en toute confidentialité avant de se révéler avec une levée de 2 millions d’euros auprès du CNES (Centre national d’Études Spatiales), de BpiFrance et d’investisseurs privés.

Une voile, pour quoi faire ?

Thibaud Elzière s’était déjà intéressé pendant ses études aux voiles solaires au point d’y consacrer un mémoire en 1999 en partenariat avec les chercheurs du CNES. Le principe est novateur, au lieu d’utiliser une propulsion électrique ou chimique comme aujourd’hui, il s’agit d’utiliser la solution photonique.

Vous avez dit « photonique » ?

En bref, cette énergie permet une propulsion qui accélère dans le temps. Le principe est identique à celui des voiliers. Il existe un vent solaire dans l’espace qu’il est possible d’utiliser pour les voyages interstellaires. La lumière est le moteur, composée de photons qui touchent la voile et vont transférer leur énergie à un objet, qui sera dès lors propulsé et mis en mouvement.

Philip Lubin, chercheur en pointe de ce type de recherche, prédit même des voyages Terre-Mars en 3 jours, ou un mois pour un vol habité. Pas étonnant que Thibaud Elzière se soit totalement passionné et impliqué pour ce transport révolutionnaire. Vous voulez du rêve, en voici ! Ni pétrole, ni gaz, ni électricité…

Une voile plus fine qu’un cheveu

La voile conçue par Gama est cinquante fois moins épaisse qu’un cheveu, fabriquée dans un polyamide aluminisé. Pour arriver à cet exploit, Gama a mis les moyens : une dizaine d’ingénieurs ont travaillé sur cette innovation en partenariat avec une société américaine ainsi que sur leur propre logiciel de navigation, dénommé « Sextant ».

En compétition avec la Nasa (USA) et le Jaxa (Japon)

Toutes les grandes agences spatiales travaillent sur le sujet, des chercheurs californiens financés par la Nasa ont d’ailleurs déjà conçu un propulseur photonique de laboratoire. Thibaud Elzière a une idée au-delà de l’aspect extraordinaire du concept. Il n’oublie pas les basiques et a la volonté de créer un nouveau segment de marché en proposant des missions extrêmement compétitives en prix par rapport à la concurrence actuelle équipée de propulsions classiques. Un moyen d’explorer l’espace lointain, y compris pour des pays qui n’y ont pas accès aujourd’hui pour des raisons financières.

Vénus en mire pour 2025

Les tests auront lieu concrètement jusqu’en 2025 où une mission pour Vénus est d’ores et déjà envisagée. Mais dès octobre prochain, la mission « Gama Alpha » lancée par une fusée SpaceX va déployer la première voile, servant de moteur à un petit satellite de 11 kilos, un premier test grandeur nature qui aura lieu à 550 kilomètres au-dessus de nos têtes, même si cette technologie a pour but d’être utilisée pour des missions lointaines, non pas en orbite basse par la suite. Une magnifique épopée en perspective.


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