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François Gabart veut lever 10M€ pour ses cargos à voile

Il a tout gagné. Le navigateur François Gabart est connu bien au-delà de sa Charente natale. Vainqueur du Vendée Globe en 2013, de la Route du Rhum en 2014, de la Transat Jacques Vabre en 2015, de la Transat Anglaise en 2016, il aime les défis, mais l’on sait moins qu’il est aussi un entrepreneur à part entière.

Francois Gabart (Franck Castel/ABACAPRESS.COM)

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Enfant, le jeune François a été sensibilisé très tôt à l’océan grâce à ses parents qui ont choisi de prendre le large pour partir à la voile jusqu’aux États-Unis lors d’une année sabbatique alors qu’il n’avait que 6 ans. Une expérience marquante dont le souvenir ne le quittera pas.

Champion de France Optimist, champion du Monde Jeune Tornado, vainqueur du Tour de France à la voile Étudiant, il s’engage dès 2008 dans une carrière de skipper et navigateur et se lance dans toutes les grandes compétitions internationales. Fin 2017, il pulvérise le record du tour du monde en solitaire en 42 jours, 16 heures, 40 minutes et 35 secondes très exactement.

Écolo et entrepreneur

À 40 ans, les convictions de François Gabart sont formées, comme de nombreux marins, il est plus particulièrement exposé aux problèmes écologiques qui menacent les eaux du globe. Au-delà de la navigation et de la compétition, François Gabart est également ingénieur (INSA Lyon), une activité fort utile dans un domaine de la voile de plus en plus technique. Convaincu que l’entreprise joue non seulement un rôle social et sociétal, mais aussi environnemental, il est le fondateur et président de la société MerConcept dont le siège est à Concarneau.

Elle est devenue entreprise à mission avec pour objectif d’utiliser de nouvelles technologies dans le monde maritime pour atteindre l’impact carbone le plus bas possible. Un catamaran électrique à foils de 12 mètres à destination de la plaisance a d’ailleurs vu le jour en 2022. Le Sky City Foiler est l’un des prémices à d’autres projets toujours à l’étude, comme celui de ferries à foils. Cette adaptation des nouvelles technologies testées dans le monde de la compétition pour d’autres usages lui a donné l’idée de s’orienter vers le transport maritime de marchandises afin de créer une nouvelle offre écologique.

C’est ainsi qu’est née Vela, qui a pour objet de transporter à la voile des marchandises, dans un premier temps entre la France et les États-Unis. François Gabart possède 20% du capital de Vela qu’il a cofondé avec quatre autres associés, Pierre-Arnaud Vallon, président, Michaël Fernandez, directeur général, Pascal Galacteros, directeur des opérations, et Thibault Charles, directeur commercial. François Gabart porte un titre qui lui va comme un gant dans la société Vela, celui de Directeur Mer.

Les professionnels de la logistique maritime proposent déjà des solutions en matière de fret transporté via des bateaux cargo à motorisation hybride. Mais, le projet de Vela va plus loin.

La voile, retour vers le passé ?

Que nenni ! Il s’agit au contraire d’être compétitif dans l’offre proposée de trouver des techniques innovantes afin que les clients trouvent la proposition suffisamment alléchante en dehors de son côté clairement écologique qui est son premier atout de séduction. Vela veut faire la différence en allant au-delà de ce qui existe déjà, anticipant le futur pour une offre de transport 100% à la voile rapide en dehors des grandes zones portuaires surchargées.

Si le temps de transport est un peu plus long entre les deux rives de l’Atlantique Nord et les volumes inférieurs aux énormes cargos qui voguent sur les océans, d’autres avantages viennent compenser ces inconvénients. Le premier d’entre eux est que ces embarcations de taille plus modeste n’ont pas à utiliser les grands ports hollandais ou belges, notamment pour livrer leurs marchandises. En allant directement vers des ports plus petits, plus proches du point de livraison final, le surcoût s’en trouve amoindri. De plus, la fiabilité est au rendez-vous, l’estimation de l’heure d’arrivée (à l’heure près) est disponible au maximum 4 jours avant l’arrivée pour les trajets transatlantiques.

Sans compter que le prix du baril ne vient pas ici affecter le coût du transport pour les chargeurs. Au-delà du circuit France-USA, une offre Euromed a également été créée (France-France ; Portugal-France-UE ; Maghreb-France-UE) pour des charges allant jusqu’à 50 palettes Europe (450 palettes format US).

Attirer un segment de clients à image

Pour réussir, il va falloir convaincre les clients. La cible choisie par Vela est le transport de biens relativement onéreux tels les alcools ou les parfums français, de façon à ce que le coût ne soit pas le critère de choix prioritaire, principalement pour les produits à destination des États-Unis.

L’autre argument est évidemment l’avantage écologique du transport à la voile, qui permet de mener une communication positive pour des marques qui veulent mettre l’accent sur l’aspect environnemental. François Gabart est un navigateur rompu à la recherche de sponsors et au suivi de chantiers de construction de bateaux. Ces compétences ne sont pas si éloignées du métier d’entrepreneur, qui doit diriger tous les aspects de son projet. Un côté touche-à-tout qui enchante le champion.

Nouvelle mobilité durable

Cette alternative au fret conventionnel caractérise une nouvelle mobilité durable. La première mise à l’eau est prévue début 2025 à une condition. Vela doit parvenir à réunir les fonds nécessaires, soit environ dix millions d’euros, pour la construction du premier bateau début de cette année et poursuivre sur sa lancée ensuite jusqu’à faire naviguer 5 trimarans en 2028. Au moment de l’écriture de cet article, Vela était encore en pleine levée de fonds. Bon vent au champion !

Anne Florin


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1 commentaires sur « François Gabart veut lever 10M€ pour ses cargos à voile »

  1. Merci pour cet article, mais non, équiper de foils des ferries ce n’est pas absolument pas « adapter de nouvelles technologies testées dans le monde de la compétition… » ! Le premier engin à foils a vu le jour en 1861, durant les années 60/70 de très nombreux ferries à foils parcouraient les mers du monde. De 1960 à 1995, en 35 ans, plus de 1350 ~ bateaux de transport de passagers ont été mis en service. Et non, le foils n’est pas la solution au transport de marchandises car le foils n’aime pas le poids. Et par ce que si la taille d’un bateau peut être multipliée par 2, la surface du son pont évoluera au carré, donc par 4. Et le poids du bateau au cube, donc fois 8. Très rapidement, les foils seront trop petits pour un poids qui aura augmenté plus rapidement que la longueur et la surface des foils. Et ce n’est qu’un des obstacles…. Donc, oui au retour du transport à la voile mais non à une communication éloignée de la réalité.

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