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Chavegrand, le fromager qui fait de la résistance

Jean-Claude Chavegrand

Dans la creuse, la petite laiterie familiale depuis 3 générations (120 salariés) tient tête aux géants du secteur (savencia, lactalis, sodiaal) grâce à un investissement de 8 millions d’euros et une automatisation de sa fromagerie.

En 1952, à Maison-Feyne dans la Creuse, Raymond Chavegrand commence à collecter auprès des fermes environnantes des œufs, de la crème, du beurre, qu’il conditionne ensuite pour les vendre aux circuits de grossiste ainsi qu’à quelques biscuiteries. Afin de se développer, une quinzaine d’années plus tard, l’entreprise met sur pied une collecte de lait sur le département, puis plusieurs départements afin de produire des fromages.

Les produits plaisent, tant et si bien que l’activité se concentre sur cette production, et une petite activité de stockage pour des tiers. La croissance se poursuit, les bénéfices sont réinvestis dans l’entreprise, la production de fromages à pâte molle se diversifie, de type camembert d’abord, puis de type coulommiers, brie, carré.

À l’aube du XXIe siècle, un nouveau site de production voit le jour afin de répondre aux nouvelles normes de qualité et à la demande des grandes surfaces. Car Chavegrand a choisi de monter dans le train de la marque de distribution, un marché qui a connu une croissance énorme et entrainé dans la foulée le développement de très nombreuses PME sur tout le territoire français. Depuis 2010, tommes, bûchettes de chèvre ont également rejoint la gamme pour répondre à une nouvelle demande.

DE 4 000 À 60 MILLIONS

4 000 litres de lait transformés en 1971, plus de 60 millions aujourd’hui pour la fabrication de quelques 7 000 tonnes de fromages. D’agrandissement en développement de gamme, l’entreprise devient un intervenant reconnu en tant que fournisseur de la grande distribution, décrochant au passage les certifications qualité nécessaires.

Elle est notamment l’un des fournisseurs fidèles de l’enseigne Lidl, enseigne également en forte croissance, ce qui lui garantit des volumes importants et une bonne visibilité en termes de trésorerie. Ce courant d’affaires a aussi permis la signature d’une convention tripartite permettant de mieux rémunérer les éleveurs laitiers pour les fabrications concernées.

LA FAMILLE INVESTIT 8 MILLIONS D’EUROS

La fromagerie Chavegrand est une véritable entreprise familiale. Le PDG, fils du fondateur, est Jean-Claude Chavegrand, mais il n’est pas le seul membre de la famille à contribuer au succès de l’entreprise. Le directeur technique est son frère, Marc, assisté d’Alexandre, la direction de l’entreprise de transport-logistique est assurée par Yves.

Hélène Faivre, représentante de la troisième génération, nièce du PDG, est aussi présente en tant que directrice financière et d’autres membres de la famille évoluent au sein de la fromagerie, contribuant au développement de cette PME de la Creuse. Car le travail est loin d’être terminé. Il va à présent falloir être aux manettes du suivi d’un bel investissement.

Au total, huit millions d’euros vont être consacrés à la mise en place d’un nouvel atelier de fabrication pour les fromages au lait de vache. Il sera automatisé permettant ainsi de réduire la pénibilité de certaines tâches, comme le moulage ou le pré-égouttage, et permettra de gagner en productivité. Le projet a pris quelques mois de retard, de par les aléas liés à certains délais d’importation, sans compter

les problèmes liés à l’inflation. La région Nouvelle-Aquitaine a participé à l’effort via une subvention de 440 000 euros, auxquels pourraient s’adjoindre 800 000 euros de fonds européens. Cet investissement financier est une première phase. En effet, Chavegrand a pour ambition de construire un tout nouveau bâtiment qui abritera les nouvelles machines et permettra de faire face à l’augmentation de la production.

Qui a dit que l’industrie française n’existait plus ? Les TPE et PME agroalimentaires poursuivent sur leur chemin souvent semé d’embûches. Chez Chavegrand, le projet sera complété par une nouvelle station d’épuration, soit 1 million d’euros supplémentaires. Par ailleurs, Chavegrand poursuit son activité de stockage dans des entrepôts séparés, des fruits pour des clients tels qu’Andros, ou de la viande. Cette activité complémentaire a été mise en place depuis quasiment les débuts.

RICHESSES DU TERROIR

Il existe de nombreux petits poucets en France qui se dressent avec succès dans le paysage de l’agroalimentaire français face aux grands du secteur. Car la France peut s’enorgueillir de champions mondiaux dans le secteur laitier, tels Lactalis, Sodiaal ou Savencia.

À l’image de la fromagerie Chavegrand, les petits poucets PME qui deviennent grands sont nécessaires au bon équilibre de l’assortiment proposé par les grandes surfaces, mais pour rester compétitif, ils doivent gérer avec précaution leur croissance pour gérer la poursuite de leurs investissements. Une entreprise comme la fromagerie Chavegrand réinvestit chaque année ses bénéfices, entre 1 et 1,5 million d’euros, dans l’entreprise, lui permettant de rester dans la course et de répondre aux exigences du marché, tant en termes de qualité que de prix.

L’écureuil de Chavegrand, bien connu des Creusois, car présent sur tous les camions qui sillonnent le territoire et sur la gamme « Petit Grignoteur ». Un nom prémonitoire ?

Anne Florin


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