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Bruno Bonnel, véritable entrepreneur loin de la télé-réalité

Le grand public l’a découvert grâce à une émission de télé-réalité, The Apprentice, où il incarnait LE patron. Mais l’entrepreneur lyonnais est avant tout un développeur d’entreprises high-tech, au carnet d’adresses bien rempli.  

Entreprendre - Bruno Bonnel, véritable entrepreneur loin de la télé-réalité

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Le grand public l’a découvert grâce à une émission de télé-réalité, The Apprentice, où il incarnait LE patron. Mais l’entrepreneur lyonnais est avant tout un développeur d’entreprises high-tech, au carnet d’adresses bien rempli.
 

Geek avant l’heure

La légende veut que le petit Bruno ait toujours été fasciné par les sciences et la technologie : à 8 ans, il assiste aux conférences de l’Institut national des sciences appliquées (INSA) où travaille son père. À 10 ans, il construit son premier robot à partir d’un moteur de machine à laver.

Et, en 1970, il se fait coller au collège pour pouvoir suivre l’épopée de la mission Apollo 13 à la radio. Il aurait rêvé d’être astronaute mais sa vision ne lui permet pas de répondre aux critères exigés.

Un informaticien au parfum

Après des études d’ingénieur chimiste et un diplôme d’économie à l’université Paris-Dauphine, Bruno Bonnell envisage de travailler dans la parfumerie.

C’est l’armée qui en décide autrement, le jeune appelé tombant amoureux de l’informatique durant son service militaire. Après un court passage chez Thomson, il écrit un livre, Pratique de l’ordinateur familial, dont les droits d’auteur, 10.000 francs (environ 1.500 €), serviront de capital pour sa première entreprise.

Ce n’est pas (que) du jeu

En 1983, âgé d’à peine 25 ans, il crée avec Christophe Sapet l’un des premiers éditeurs de jeux vidéo français, Infogrames. Le début d’une success story qui vaut à l’entrepreneur la faveur des médias et des politiques, alors que la société se développe à coups de licences de marques, d’acquisitions, notamment à l’international, et d’une introduction sur le Second Marché 10 ans après sa création.

À son apogée, Infogrames est le n°2 mondial du secteur, réalisant près de 1 Md€ de CA (890 M€) avec 1.500 salariés et un catalogue de plus de 5.000 jeux. 

Plus dure sera la chute

En 2001, Infogrames rachète l’américain Hasbro et hérite d’une marque iconique, Atari. La société change de nom et voit sa valorisation multipliée par 4, mais réalise aussi son premier exercice déficitaire.

Bruno Bonnell a-t-il eu les yeux plus gros que le ventre ? Malgré plusieurs plans de restructuration, le cours de l’action est divisé par 10. En 2007, Bruno Bonnell se fait éjecter de l’entreprise par les actionnaires, comme l’avait été Steve Jobs, et quitte New York où il s’était installé, pour revenir à Villeurbanne en banlieue lyonnaise.

Une famille soudée

Avec sa femme Chrystelle, Bruno Bonnell a eu 7 enfants. L’un deux, Balthazar, est décédé en 2012 d’une maladie génétique dégénérative et incurable qui a été diagnostiquée 4 mois après son éviction d’Atari.

Une épreuve que ce catholique pratiquant a su transformer en source d’inspiration : «La maladie de Balthazar m’a fait réaliser combien les robots peuvent s’avérer utiles pour les malades, les handicapés ou les personnes âgées. Au-delà, ils peuvent améliorer le quotidien de tout le monde». Une idée qui a fait son chemin.

I-Robot

En 2004, Bruno Bonnell rachète une petite boutique parisienne spécialisée qu’il transforme en l’un des acteurs majeurs de la distribution de robots domestiques : aspirateurs, tondeuses, nettoyeurs de piscine. Le groupe commercialise notamment en exclusivité les produits américains de la marque I-Robot. La société emploie aujourd’hui une centaine de personnes pour 100 M€ CA.

Robot pour être vrai

Après le jeu vidéo, la deuxième vie professionnelle de Bruno Bonnell se place sous le signe de la robotique, et même de la «robolution» : ce néologisme dont il est l’auteur désigne la nouvelle révolution industrielle à laquelle il croit sans réserve, ainsi qu’au rôle que peut jouer notre pays : «La France, c’est la Californie de l’Europe. En Californie, on ne fabrique pas d’iPhone mais on les vend.

La France jouera ce rôle pour la robotique, et cela permettra de créer des centaines de milliers d’emplois». Il lance en 2011 le premier salon dédié au secteur, Innorobo, et crée le syndicat professionnel du secteur de la robotique de service professionnelle et personnelle, Syrobo, qu’il préside toujours actuellement.

Des robots bien présents

Outre Robopolis, Bruno Bonnell a créé une seconde entreprise dédiée à la robotique, Awabot. Ce laboratoire d’idées, qui travaille sur de nombreux projets, commercialise aujourd’hui des robots de téléprésence associant un système audio/vidéo haut de gamme à des équipements pouvant être pilotés à distance.

De nombreuses applications existent, notamment dans la culture, l’enseignement ou le milieu hospitalier mais aussi l’entreprise. Awabot compte ainsi un client prestigieux, le designer Philippe Starck.

Fin politique

Si ses convictions affichées sont en faveur de l’entrepreneuriat, Bruno Bonnell, souvent considéré comme un «patron de gauche», se dit surtout «très attaché aux valeurs françaises, et donc au respect de l’écosystème économique français». Une prise de position qui lui a permis de s’attirer les faveurs des responsables politiques.

Ainsi, en octobre 2013, Arnaud Montebourg, alors ministre du Redressement productif, lui confiait la responsabilité d’un plan de reconquête industrielle dédié à la robotique, débloquant pour l’occasion 100 M€ pour financer les jeunes pousses du secteur. Aujourd’hui, Bruno Bonnell est proche d’Emmanuel Macron. Et le patron de Robopolis a également été investi par le Quai d’Orsay du titre d’ambassadeur pour promouvoir les PME des nouvelles technologies à l’international.

La réalité de la télé

Inspiré d’une émission américaine animé par Donald Trump, «The Apprentice» s’est soldé par un échec d’audience. Mais Bruno Bonnell reste positif : «C’est important de montrer que tout le monde a ses chances, que le mérite peut payer et que les diplômes ne font pas tout. Je regrette que “The Apprentice” n’ait pas trouvé son public, mais le sujet reviendra, j’en suis sûr. On a besoin d’émissions sur l’emploi à la télévision, c’est un vrai sujet…». Car le défenseur des robots croit toujours en l’humain.

[FIN «Le job de vos rêves»

Après la télévision, on retrouve Bruno Bonnell sur Internet. L’entrepreneur est en effet l’un des piliers du Mooc «7 semaines pour trouver le job de mes rêves». Une plate-forme de cours en ligne soutenue par le CNAM et qui a déjà convaincu plus de 10.000 étudiants.

Dans ses interventions, Bruno Bonnell affirme : «Nous avons tous le droit à l’erreur. Vous avez le droit d’innover. Allez vers les entreprises, allez vers les marchés, ils vous attendent». Le résumé de son parcours.

[FIN Homme de communication

Son omniprésence médiatique peut parfois agacer, mais la plupart des acteurs économiques reconnaissent son efficacité, comme Serge Nadreau, président du groupe Robotique du Symop.

«Nous avons constaté qu’il réussissait à capter les feux de l’actualité alors que nous avions des difficultés à nous faire entendre des pouvoirs publics». Car Bruno Bonnell sait susciter l’enthousiasme des plus sceptiques, comme Daniel Cohn-Bendit s’exclamant dans sa chronique sur Europe 1 après avoir entendu l’interview de l’entrepreneur lyonnais : «Ah, si nous avions plus de gens comme lui, la France irait mieux !». Un beau compliment.

[FIN Et demain ?

Pour Bruno Bonnell, le futur appartient aux robots : «De plus en plus de gens vivent en ville et les machines peuvent y améliorer le quotidien, comme les voitures autonomes. Parallèlement, la population vieillit et des assistants de santé et physique permettront de mieux vivre».

Ses équipes planchent ainsi sur un lit-robot, capable, en fonction de données recueillies par des capteurs (température, rythme cardiaque…) de réaliser des actions autonomes, comme de se réchauffer, de tirer la couette ou de diffuser des huiles essentielles… Un monde qu’Isaac Asimov, l’auteur de science-fiction dont Bruno Bonnell est fan depuis l’adolescence, aurait à peine osé imaginer.


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