La maison fondée en 1829 vient de lancer des travaux d’envergure sur son site historique d’Aÿ dans la Marne. L’aboutissement d’un vaste programme de développement débuté depuis 2012.
Connue pour ses bulles emblématiques, la Société Jacques Bollinger (SJB), qui œuvre aussi dans le Cognac et le vin, a fait du champagne Bollinger une marque mondiale incontournable, qui s’appuie sur des caractéristiques produits de qualité, notamment en termes de finesse et de goût.
Une reconnaissance internationale qui permet à l’entreprise (75 M€ de CA) de conserver son indépendance face aux poids lourds du luxe grâce à une volonté farouche «de ne pas être une simple marque de Champagne parmi tant d’autres. Faire ce que d’autres font déjà était la meilleure façon de disparaître ou d’être absorbée par un grand groupe», souligne Jérôme Philipon, président de Champagne Bollinger.
Faire la différence
Alors que certaines marques ont fait le choix de produire plus et plus vite, la maison, qui fêtera son bicentenaire en 2029, a fait le pari de rester fidèle aux valeurs des fondateurs pour se différencier, non pas en jouant avec son image ou en surproduisant, mais en s’appuyant sur «ce qui se trouve dans le verre !
Pour garantir la qualité de nos champagnes, nous misons sur un niveau d’auto-approvisionnement très élevé. Nous possédons ainsi 170 hectares de vignes en propre dans les Grands et Premiers crus, ce qui nous permet d’assurer au minium 60% des raisins qui entrent dans la constitution de nos champagnes. Avec la maison Roederer, nous sommes d’ailleurs les seuls à disposer d’un tel ratio». Rien d’étonnant donc à ce que la marque soit le champagne de James Bond depuis 40 ans et référencée depuis 1884 à la cour d’Angleterre.
Autre particularité ? Une grande partie des vins est vinifiée dans les 3.500 tonneaux que compte la maison avant d’être conservée en magnum et non dans des cuves, comme cela se fait chez la concurrence. «À ce jour, 800.000 magnums vieillissent dans nos caves», insiste fièrement Jérôme Philipon. Conscient que la force de cette maison tient avant tout dans sa différenciation, en 2008 ce dynamique patron a pourtant fait le pari fou de changer le format de la bouteille. «Une fois encore, l’idée était de ne pas faire comme tout le monde, de sortir du moule».
Au début des années 2010, la traditionnelle bouteille champenoise a donc été abandonnée au profit d’un modèle de 1846, une bouteille directement inspirée par un flacon du XIXème siècle. Un joli coup !
Vaste plan d’investissement
Ce changement de format a néanmoins nécessité un modification de l’intégralité de l’outil de production. «En 2009, lorsque nous avons décidé d’embouteiller dans le nouveau flacon, nous avons à peine mesuré les conséquences ! Rapidement, nous nous sommes aperçu qu’il fallait changer la chaîne d’embouteillage, les caisses de stockages en caves, la ligne de dégorgement, la ligne d’habillage…
L’intégralité de notre outil de production est apparu obsolète». Débute alors un vaste programme d’investissement. Le site de Aÿ étant quasiment saturé, la maison Bollinger choisit d’installer un nouveau site (emballage, conditionnement, stockage de matières sèches et expéditions) sur la commune d’Oger (Marne). Montant de l’opération : 15 M€.
Pour occuper l’espace libéré à Aÿ, Bollinger a lancé en mars dernier des travaux d’envergure sur son site historique des «Chaudes Terres», afin de moderniser son outil de production et d’augmenter sa capacité de stockage (en cuve et en bouteille).
«L’aménagement du site va permettre la création de 7.000 m2 de surface sur deux niveaux, une capacité de stockage de 17.000 hl dans une nouvelle cuverie ainsi qu’une aire de stockage pour plus de 4 millions de bouteilles. Fidèle au site d’Aÿ, nous continuons d’y maîtriser l’ensemble du process vin», détaille Jérôme Philipon. Ces travaux, un investissement de 10 M€, marquent l’aboutissement du programme d’aménagements débuté depuis 2012.
Doucement mais sûrement
En marge des 25 M€ injectés en moins de 10 ans, la maison Bollinger a démarré il y a 3 ans un volet d’investissements destiné à accompagner une croissance assez faible, entre 2 et 7% en volume, mais régulière.
«Pour conserver notre fort taux d’auto-approvisionnement, nous devons acheter des vignes afin de soutenir notre croissance. C’est un travail de longue haleine car nous sommes très sélectifs : nous ne reprenons que des vignes dans les Grands et Premiers crus ! Au cours des 2 dernières années, nous avons ainsi acquis seulement 7 hectares supplémentaires».
Pour autant, forte d’une présence à l’internationale très marqués (87% des ventes se font à l’export), la PME, qui emploie 135 salariés, affiche une double ambition.
«Notre objectif est évidemment de vendre davantage mais surtout de vendre à des prix plus élevés grâce au développement et à l’accompagnement de nos cuvées les plus chères et cuvées spéciales», à l’image du coffret édition limitée Spectre, un millésime 2009 mis en vente 170 € lors de la sortie du dernier James Bond en 2015.