Pour lutter contre la piraterie, qui s’est notamment développée au large de la Somalie, menaçant les équipages des navires et frappant au portefeuille les États contraints de verser de ruineuses rançons pour libérer les bateaux piratés, le consortium d’industriels français Autoprotection a mis au point le système BlueDome.
Solution complète et intégrée de protection des navires commerciaux contre les menaces liées à la piraterie et au terrorisme qui, si elles planent sur les mers et les océans depuis de nombreuses années, concernent à l’heure actuelle des zones maritimes de plus en plus étendues, le système BlueDome est le «fruit» du projet Autoprotection.
Cofinancé par l’Ademe et porté par un consortium de 9 industriels français complémentaires, rassemblés sous l’égide de Sagem, filiale du groupe Safran, ce projet a pour objectif de concevoir, réaliser et expérimenter le démonstrateur d’un nouveau système sûr et modulable de protection des navires civils et de leur équipage contre les actes de piraterie.
Les solutions actuelles sont trop dangereuses
Coûteuses, voire dangereuses, les solutions actuelles consistent à offrir aux unités naviguant dans des zones à risques une protection rapprochée par des marines militaires, voire l’embarquement à bord de gardes armés. Il leur est par ailleurs préconisé d’éviter les zones à risques, qui s’étendent du sud de la mer Rouge jusqu’au détroit de Malacca, et d’augmenter leur vitesse lorsqu’ils les traversent, ce qui induit une surconsommation de combustible.
Au-delà de sa vocation sécuritaire, le système de protection contre la piraterie maritime BlueDome vise à offrir à l’ensemble des acteurs de la filière navale une solution adaptée aux contraintes d’exploitation des navires de commerce, donc simple d’utilisation.
9 industriels pour lutter contre la piraterie
Pour répondre à ces défis, le Cluster Maritime Français a réuni dès 2009 l’ensemble des acteurs concernés par la piraterie – armateurs, Marine nationale, assureurs, industriels, organismes de sûreté… – au sein d’un groupe de travail. De leurs réflexions est né le projet Autoprotection, rebaptisé BlueDom en vue de sa commercialisation. Présenté à l’Ademe dans le cadre de l’AMI «Navires du Futur», le projet, qui bénéficie d’un financement de 12,7 M€ , débute en janvier 2012.
Aujourd’hui, après avoir franchi les premières étapes du projet – la conception générale du démonstrateur et le développement des modules et des équipements, l’intégration sur une plate-forme à terre, l’intégration à bord d’un navire existant… –, les 9 industriels membres du consortium s’apprêtent à commercialiser le système de protection BlueDome. «Nous entrons dans la phase de finalisation du projet.
En juin, une expérimentation en conditions réelles sera réalisée à Brest, sur le navire VN Partisan, en présence de l’ensemble des acteurs du projet », se réjouit Bernard Alhadef, P-DG de Sofresud, PME spécialisée en étude de défense du domaine naval en charge du développement du système de management d’Autoprotection et du système de répulsion à eau.
Parmi les spectateurs, les entreprises membres du consortium : Sagem, coordinateur du projet, qui apporte ses produits et son savoir-faire en optronique et en équipements anti-abordage ; ECARobotics, spécialisée dans l’étude et la réalisation de systèmes automatisés dédiés à la protection des biens et des personnes ; V.NAVY, armateur spécialisé dans le service maritime aux armées et aux industriels de la défense, qui apporte le bateau VN Partisan ; le Bureau Veritas, spécialisé dans la réglementation puis la certification ; l’entreprise AMEFO, qui apporte ses compétences pour la protection de l’équipage ; Thales Air Systems, qui prend en charge la partie radar ; LACROIX, qui contribue à la mise au point de l’anti-effraction et de l’antiprogression des pirates ; l’ENSM, École de formation des futurs capitaines de navires.
La commercialisation débutera dès le deuxième semestre 2015
«À l’issue de la commercialisation pilote, phase permettant de tester le système sur un nombre très restreint de navires, de l’optimiser et enfin de le valider, la commercialisation débutera dès le 2nd semestre 2015 », précise Bernard Alhadef. Kit de protection novateur Pour empêcher ou retarder l’intrusion des pirates à bord du navire, tout en protégeant les membres de l’équipage, le système BlueDome s’inspire d’un concept de défense en profondeur mis au point pour la sécurisation des sites nucléaires. Baptisé concept multicouches, il consiste à mettre en place un ensemble de «couches» ou actions successives destinées à réduire la probabilité de réussite d’une attaque pirate. À chaque couche sont associés 5 moyens spécifiques et modulaires.
«Tous les navires ne disposeront pas du kit BlueDome complet. Certains n’utiliseront que 2 solutions », explique le président de Sofresud, avant de poursuivre : «À ces outils, pourra être associée une équipe militaire embarquée plus restreinte. Le système leur permettra de mieux contrôler la situation en cas d’attaque et de prévenir d’éventuelles bavures grâce à sa boîte noire ». Au total, le kit comprend une douzaine d’équipements destinés à la veille et à la détection (radar et imagerie infrarouge), à la dissuasion (projecteurs lumineux et canons sonores), à la protection (antilanceroquettes), à l’anti-abordage (fumigènes externes et répulseurs à eau) et à l’anti-effraction (safe room dotée de portes blindées étanches résistant aux kalachnikov et RPG7).
Ainsi, le système BlueDome protège les navires civils et leur équipage en cas d’attaques pirate ou terroriste, depuis la détection du bâtiment non désiré jusqu’à l’éventuelle intrusion des assaillants à bord, en passant par l’établissement en temps réel d’un plan d’actions. Grâce au système Autoprotection Management System, développé par Sofresud, l’équipage est déchargé d’un ensemble de tâches et accompagné dans ses prises de décisions. Si l’ensemble composant BlueDome ne sont pas des innovations, leur centralisation au sein d’un système complet et intégré de protection constitue une révolution pour la filière navale.