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Bernard Bensaid, sauveur d’établissements de santé en difficulté

A la tête du groupe Doctegestio de 12 000 salariés, 331 établissements et services pour 560 millions de chiffre d’affaires, Bernard Bensaid est devenu un sauveur d’établissements de santé en difficultés.

Entreprendre - Bernard Bensaid, sauveur d’établissements de santé en difficulté

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A la tête du groupe Doctegestio de 12 000 salariés, 331 établissements et services pour 560 millions de chiffre d’affaires, Bernard Bensaid est devenu un sauveur d’établissements de santé en difficultés.

Le groupe a été créé en 2000, d’abord dans le secteur de l’immobilier, par cet économiste, chercheur et ingénieur au parcours académique impressionnant. Pionnier de la gestion locative en ligne avec Directgestion, il s’est ensuite diversifié dans les secteurs de la santé, du social et médico-social et de l’hôtellerie, avec un modèle original, la reprise et la relance de structures en difficulté et une méthode, la mutualisation des moyens et la digitalisation poussée au maximum de la gestion. Le groupe a connu une croissance externe rapide autour de ses trois activités, regroupées chacune sous une marque : Amapa pour le médico-social, Doctocare pour la santé et Popinns pour le tourisme hôtellerie.

Une croissance externe rapide

Lorsqu’en 2010, Bernard Bensaid adopte le nom Doctegestio, il exploite déjà près de 35 établissements. Le rachat la même année de l’ensemble du patrimoine thermal de Plombières-les-Bains sera le premier d’une longue série de reprises dans les domaines sanitaires et médico- sociaux. Fin 2011, l’association Amapa, ses 14 Ehpad et ses 1 800 collaborateurs rejoignent le groupe qui s’engage définitivement dans l’Economie Sociale et Solidaire. Suivront ensuite cliniques, centres de santé, centres dentaires, ainsi que de nombreux autres centres d’aide à la personne sur tout le territoire. Dernière reprise en date, celle du Groupement Hospitalier Mutualiste de Grenoble, qui réalise un chiffre d’affaires annuel de près de 150 millions d’euros, compte 1 200 salariés, 260 médecins, 6 instituts, un service d’urgence et accueille quelque 150 000 patients par an.

Un accompagnement complet

Au total, ce sont aujourd’hui près de 12 000 collaborateurs et 560 millions d’euros d’activité dont l’ensemble des revenus est reversé dans l’entreprise et la modernisation des structures. Résultat, le groupe Doctegestio est aujourd’hui le seul opérateur français à annoncer accompagner et prendre en charge les personnes et les familles tout au long de leur existence. En effet, de la garde des enfants avec ses services d’aide à la personne jusqu’à l’hébergement des personnes en situation de dépendance dans ses Ehpad, en passant par les consultations dans ses centres de santé, les traitements et les opérations dans ses cliniques et le maintien à domicile, Doctegestio couvre toutes les formes d’aide et d’assistance nécessaires au cours d’une vie.

Réformer en profondeur le système

On le sait, en France, c’est tout le système de santé qu’il faudrait réformer. Si les grèves, les démissions en série et les manquements de la première phase de l’épidémie ont mis en exergue le manque de lits et de matériels comme la souffrance des personnels de santé, qui ont conduit au « Ségur de la Santé », force est de constater que ce projet bureaucratique n’a pas posé les bases d’une vraie réforme en profondeur de notre système de santé que Bernard Bensaid appelle de tous ses vœux.

Prônant un système à l’allemande, il espère que le Gouvernement français aura le courage politique d’appliquer ses principes de « bonne gestion » des ressources humaines et de mutualisation des moyens, en adoptant les outils numériques les plus innovants ; des recettes qui ont fait le succès du groupe Doctegestio. Car selon lui, seule la puissance du travail collaboratif bien structuré, véritable levier humain, est capable de construire en le transformant le système de santé français de demain et de progresser socialement en innovant.

J.B.


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1 commentaires sur « Bernard Bensaid, sauveur d’établissements de santé en difficulté »

  1. A Grenoble, vent de révolte contre un puissant groupe de santé
    A Grenoble, le GHM, groupe hospitalier mutualiste, à but non lucratif, a été repris il y a deux ans par un groupe à la réputation sulfureuse… Une reprise qui provoque la méfiance d’un collectif d’usagers et de citoyens…

    A Grenoble, le GHM, groupe hospitalier mutualiste, à but non lucratif, a été repris il y a deux ans par un groupe à la réputation sulfureuse, Doctegestio, aujourd’hui renommé le groupe Avec. Son président, Bernard Bensaid, se revendique de l’économie sociale et solidaire, et pourtant. Après plus d’un an d’enquête d’un collectif d’usagers et de citoyens, les méthodes de ce groupe posent questions. A Grenoble, mais aussi aux quatre coins de la France. Des plaintes ont été déposées, notamment une contre X pour prise illégale d’intérêt, nous explique Thierry Caron, secrétaire du comité social et économique (CSE) de la clinique : “M. Bernard Bensaid est président du groupe Avec, mais aussi président de la clinique du GHM. Ça pose problème, car il signe une convention de frais de service entre le groupe Avec et la clinique. Il se retrouve donc client et prestataire. Des frais de services qui représentent 1,7 million d’euros en 2021 et 2,5 millions d’euros en 2022. Un montant qui semble surestimé, sans factures précises”.

    Les syndicats du département FO et CGT ont donc porté plainte pour prise illégale d’intérêt au pénal, afin d’ouvrir une enquête de la part du procureur, un dossier toujours en cours. De son côté, le groupe conteste toute prise illégale d’intérêt, explique Yves Jégo, ancien secrétaire d’Etat de l’Outre mer sous Nicolas Sarkozy, aujourd’hui n°2 du groupe Avec : “Cette reprise de la clinique qui était en difficulté passe par une mutualisation des moyens, comme dans tous les groupes, il y a ce qu’on appelle un management central, qui permet d’apporter un savoir-faire, et qui fait l’objet de conventions”. Pourtant le cabinet Isat, mandaté par le CSE, fait état de frais de service “rajoutant des tâches sans réelle plus-value autour des logiciels déjà nombreux, l’incompatibilité des nouvelles applications avec une partie des logiciels du portail GHM, la nécessité pour les salariés de compenser quotidiennement l’inadéquation entre les activités du GHM et les outils de la plate-forme Avec.”

    Des frais de services sur-facturés donc, soupçonne le CSE, et qui ne seraient pas efficaces, voire délétères pour les salariés. Un groupe qui n’était pas le choix des praticiens, des usagers et des collectivités locales lors du rachat de la clinique en 2020. En effet, de nombreuses manifestations avaient alerté les pouvoirs publics. Et pourtant, c’est bien Doctegestio qui a gagné l’offre, promettant de garder tous les salariés. Cliniques, mais aussi services d’aide à la personne, immobilier, tourisme… le groupe réunit plus de 200 structures dans toute la France.

    Une union de quartier et un collectif des usagers grenoblois dénoncent aujourd’hui les méthodes du groupe. Hervé, l’un de ses membres, le compare à un véritable système Madoff, impactant de nombreuses structures en France : “Son système c’est de ne pas détruire la structure de départ, mais de l’infiltrer, et de s’imposer lui et des cadres de son groupe, pour lui en être le président, et composer des nouveaux conseils d’administration, où il a toutes les mains libres.” Un montage complexe, d’après le collectif, pouvant avoir des conséquences désastreuses pour les structures. “S’il y a du gain, ça va dans sa poche, car grâce à ces fausses conventions, il arrive à amasser de l’argent. Mais s’il y a de la perte, la perte elle est pour la clinique du GHM, car le GHM ne lui appartient pas, comme les autres structures qui font partie de son groupe. Il en prend le pouvoir via des mutuelles à coquilles vides, et via des conseils d’administrations”, explique Jean-Philippe Moutarde, de l’Union de quartier. Et les habitants de l’Union quartier ne sont pas les seuls inquiets face à la gestion du groupe Avec. La commission médicale pointe aussi des fuites d’argent qui posent questions. Des prêts de trésorerie à hauteur de 6 millions d’euros, effectués en quelques mois, de la clinique vers la mutuelle Doctocare du groupe. Des questionnements adressés par la commission médicale dans ce courrier que nous nous sommes procurés : “La présidence de CME interpelle sur la pertinence et la soutenabilité financière pour l’UMG-GHM de cette nouvelle décision. A ce jour la trésorerie a été amputée de 6 millions d’euros en quelques mois. Ainsi nous contestons ces décisions et considérons que ces dernières peuvent mettre en jeu la survie de notre établissement.” Des inquiétudes que le Dr Albin, président de la commission médicale, veut nuancer aujourd’hui à notre micro. Pour lui la commission médicale reste un garde-fou assez fort, avec l’obtention de la modernisation du parc de radiothérapie notamment, des investissements pour les malades qu’il souhaite voir se pérenniser. Des conventions de prêts de trésorerie, toujours signées par la seule et même personne, M. Bensaid, dont le but est de financer d’autres structures de son groupe, via la trésorerie de la clinique.

    Un non débat pour Yves Jégo : “Un établissement qui va bien prête de la trésorerie pour des établissements que nous reprenons ailleurs et qui vont mal. C’est comme ça qu’on les sauve, ça s’appelle la mutualisation. Tout ça est transparent, approuvé par les commissaires au compte, et par les conseils d’administrations.” Un conseil d’administration de la clinique qui lui aussi pose questions tant il est composé à l’unanimité de salariés du groupe Avec, ou des membres de la famille de M Bernard Bensaid. Une représentation non-démocratique d’après l’Union de quartier qui a aussi déposé un recours avec les syndicats et la mairie de Grenoble, pour non-respect du code de la mutualité. Leur but ? Faire nommer un administrateur provisoire pour mieux défendre les intérêts locaux du bassin grenoblois. Nous avons contacté l’agence régionale de santé Auvergne Rhône-Alpes, qui n’a pas souhaité nous répondre, ne se jugeant pas compétente concernant “la gestion, ni l’organisation interne, managériale, budgétaire de cet établissement privé à but non lucrative

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