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TÉMOIGNAGE. « 101 jours en Arménie », par Antoine Bordier

Entreprendre - TÉMOIGNAGE. « 101 jours en Arménie », par Antoine Bordier

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TÉMOIGNAGE — Je suis arrivé en Arménie, il y a 101 jours. Au départ, j’avais prévu de ne passer que 14 petits jours dans ce pays que j’appelle « confetti ». Le cœur serré et rempli d’émotions, je repars avec la joie de retrouver la France (dans quel état ?), ma famille, mes amis, et, les autres. Je ne connaissais pas ce petit pays. En 2018, j’avais couvert les obsèques de Charles Aznavour. Je connaissais le génocide, le mont Ararat, et Noé. C’était tout. Depuis 101 jours, mon cœur s’est emballé. J’ai réalisé une mission économique, une soixantaine d’interviews, écrit des dizaines d’articles, pris des dizaines de vidéos, et, des milliers de photos. Je vous invite à la découverte de mes 101 jours en Arménie.

Jonathan Lacôte, Adel Chekir et Bertrand Venard © A. Bordier

Et si mon aventure arménienne avait commencé, comme un préambule, le 5 octobre 2018 ? Il y a 3 ans, je couvrais pour le compte des Editions du Point du Jour, et, la revue France Catholique, les obsèques nationales de Charles Aznavour. Dans la cour intérieure des Invalides, l’instant était solennel, presque divin. Au milieu de la cour pavée, je revois le cercueil du chanteur, enveloppé du drapeau bleu-blanc-rouge. J’entends, encore, la musique du duduk, cet instrument caucasien si emblématique de l’Arménie. Je me souviens de l’hommage du Président Emmanuel Macron, dont j’ai retenu cette phrase : « En France, les poètes ne meurent jamais. ». Et, de celui du Premier ministre Nikol Pachinian : « Il était entièrement dévoué à la France, un grand citoyen de France, un Ambassadeur exceptionnel de la langue française, mais il était, aussi, un ardent défenseur de l’Arménie. » Quant à l’artiste lui-même, il nous avait laissé cette épitaphe : « Dès que ma santé me le permettra, je souhaite vivement venir pour découvrir cette nouvelle Arménie et rencontrer les forces vives qui façonneront l’avenir de notre nation ». Une semaine après ses obsèques, l’Arménie accueillait le 17è Sommet de la Francophonie. 3 ans plus tard, j’atterrissais sur le tarmac de l’aéroport international de Zvartnots. Je commençais mon reportage en interviewant un jeune volontaire de l’ONG SOS Chrétiens d’Orient, Etienne Toussaint.

La Francophonie à l’honneur

En arrivant à l’aéroport, je suis accueilli par Mher Davtyan, qui s’occupe de l’Union des Français de l’Etranger, présidé par Raymond Yezeguelian, un bienfaiteur de l’Arménie, qui vit en France. Mher est accompagné de Martun Panosyan, un avocat réputé. Tous les deux sont francophones. Pendant ces 101 jours, avec Kristine, ils me rendront de multiples services. A travers ces quelques lignes, je veux leur rendre hommage. Ils font partie de ces « forces vives », au sens propre comme au figuré, de l’Arménie.

Pour la première fois, je découvre l’Arménie de nuit. La capitale, Erevan, concentre à elle seule 1/3 de la population globale, c’est-à-dire 1 million de personnes. Je loge à côté de l’ambassade de France et de l’ambassade d’Italie. C’est l’hiver. Je ne découvrirai la beauté verdoyante des parcs qui m’entourent qu’au mois d’avril, au printemps. Le lendemain de mon arrivée, le 10 février, j’interviewe l’Ambassadeur de France en Arménie, Jonathan Lacôte. Il connaît bien l’Arménie, puisqu’il y vit depuis 2017. Si la Francophonie est à l’honneur, c’est, principalement, grâce à l’effort de la France, et, des 7% de la population qui se disent francophones.

Ani Atabekyan, Arpy et Anna © A. Bordier

L’Arménie, après la tenue du 17ème Sommet de la Francophonie, en 2018, a vécu une sorte de lune de miel, qui a duré deux ans. Puis, après sa défaite lors de la guerre qui l’a affrontée à l’Azerbaïdjan et à la Turquie, et, indirectement à Israël, la Francophonie a été mise en berne par le gouvernement. Néanmoins, sur le terrain, des Arméniens épatants, font vivre la Francophonie. A commencer par les jeunes.

Mon coup de cœur pour la jeunesse

Je l’ai rencontrée cette jeunesse authentique, poétique, romantique, spirituelle, et, travailleuse dans de multiples occasions. Tout d’abord, dans le cadre de l’Université Française en Arménie, l’UFAR. Son recteur, Bertrand Venard, a été nommé juste avant le début de la guerre, en septembre dernier. Puis, dans le cadre du Lycée Anatole France, qui regroupe le primaire, le collège et le lycée, et, qui est dirigé par Adel Chekir, son proviseur. Chacun, je les ai suivis pendant au moins 24h00. Les écoliers, les collégiens, les lycéens et les étudiants ont le désir d’apprendre, et, la volonté de réussir. Ils travaillent énormément, se plaignent rarement. Ils se lèvent quand un adulte entre dans leur salle de cours. Ils ne manifestent pas. Ils apprennent plusieurs langues : l’anglais, le russe, le français, l’italien, l’espagnol ou l’allemand. Ils suivent, parfois, deux cursus à la fois. Et, ils entreprennent.

Les pères Mashdots Zahtérian et Garegin Hambarsumyan (avec en arrière-plan la première cathédrale du monde en restauration) © A. Bordier

A Tumo, à l’école 42, j’ai interviewé des étudiantes, qui avaient tout perdu en Syrie, à la suite du Printemps Arabe, devenu hiver de glace. Elles sont belles ces étudiantes qui relèvent le défi de la vie, de la survie. Certaines travaillent en même temps qu’elles font un double cursus : l’université d’Etat, en informatique, et l’école 42, par exemple. Sur ces sujets, j’ai écrit des articles dans la revue Challenges et les Editions Croque Futur. Je revois les visages démasqués d’Anna et d’Arpy. Elles sont francophones. Je pense, aussi, à Sam Simonian qui a eu l’idée, géniale, de lancer ces centres TUMO. Ce Texan est un avant-gardiste. Dès l’âge de 12 ans, après l’école, qui se termine à 15h30, les enfants viennent dans ce centre technologique pour apprendre à coder, à faire de la 3D, apprendre le design ou la robotique. Je n’oublie pas Ani Atabekyan, qui est passée par l’UFAR, et, qui a moins de 30 ans est directrice de développement au sein d’une société high-tech. Elle aime la France. Cette jeunesse est belle et intelligente. Elle est, aussi, spirituelle.

Les deux poumons de l’Arménie

La nation arménienne est devenue chrétienne, lors de la conversion de son roi de l’époque, Tiridate IV, en 301. C’est le premier peuple chrétien de la planète. Sur les moins de 3 millions d’habitants, 3% sont évangéliques et protestants. Le poids lourd de la vie spirituelle est l’Eglise apostolique, avec 90% de la population qui se dit apostolique. Les catholiques sont 7%. Plus petit et plus agile, l’Eglise catholique arménienne est en pleine croissance. J’ai pu interviewer Mgr Raffael Minassian, très inquiet de la situation actuelle en Arménie. Si j’ai pu approcher de très près Sa Sainteté Karekine II, mes demandes d’interview ont toutes été refusées par son protocole. Il faut dire que sa sortie médiatique demandant la démission du Premier ministre, après la défaite contre l’Azerbaïdjan, n’a pas été bien vue par sa population. Depuis, il se fait discret. L’essentiel, finalement, a été d’interviewer la jeunesse. Encore elle ! Elle se donne entièrement à Dieu, comme le père Garegin Hambarsumyan, apostolique, et le père Mashdots Zahtérian, catholique. Pendant plusieurs jours, je les ai accompagnés dans les monastères, et, lors des fêtes pascales, notamment. Que ce soit à Erevan, dans la cathédrale apostolique de Saint Grégoire l’Illuminateur, ou dans la paroisse catholique de Saint Grégoire de Narek, ou, encore, à Gyumri, dans la cathédrale catholique des Saints Martyrs, ou, enfin, dans la Cité Sainte d’Echtmiadzin (le Vatican pour les apostoliques) et dans le monastère Saint Gayane, j’ai vu ces deux poumons respirer. En dehors des célébrations, des jeunes laïcs viennent prier dans ces lieux saints. Ils y respirent l’air divin. Cette jeunesse pleine d’espérance, souffre aussi. Elle a été frappée à plusieurs reprises lors du tremblement de terre de Spitak, et, lors de la dernière guerre.

François-Xavier Bellamy et Mgr Raffael Minassian, le Mémorial du Génocide, Gérard Larcher avec le Président du Parlement, Ararat Mirzoïan © A. Bordier

Un génocide, un séisme et une guerre

Je repars d’Arménie avec cette conviction : le peuple arménien est un peuple martyr. Je le compare souvent au peuple Juif. Et, je ne comprends toujours pas pourquoi Israël n’a pas reconnu officiellement le génocide arménien. Israël devrait, naturellement, être l’allié de l’Arménie. Je suis convaincu que si les empires de l’époque avaient tout fait pour s’opposer au génocide arménien de 1915-1923, la Shoah, et, les autres génocides, comme celui des Tutsis au Rwanda, ou celui des Cambodgiens en Asie – je ne peux tous les citer – n’auraient pas eu lieu. J’ai interviewé le directeur du Mémorial du Génocide Arménien, Harutyun Marutyan. Je me suis rendu plusieurs fois sur le site de Tsitsernakaberd, où 100 ha honorent la mémoire des 1,5 millions de victimes. Ces Arméniens sont morts dans des conditions tellement inhumaines que même les animaux eux-mêmes ne se traitent pas comme cela. « Plus jamais ça ! »

J’ai interviewé François-Xavier Bellamy, député européen, et Gérard Larcher, Président du Sénat. Ils ont été touchés en plein cœur par ce qu’ils ont vu au Mémorial. C’était une première pour François-Xavier Bellamy, qui n’était jamais venu en Arménie. Lui, le croyant, pendant 4 jours, à Pâques, a arpenté la terre arménienne. Il a rencontré les autorités économiques, politiques et religieuses. Sur place, il a pu dire : « L’Europe a manqué au soutien qu’elle devait au peuple Arménien. » A Yerablur, il a pleuré. Il s’est recueilli sur les tombes, drapées du drapeau arménien rouge-bleu-orange, des jeunes soldats tombés sur le front du Haut-Karabakh. Gérard Larcher, avec sa délégation de sénateurs, a posé un acte politique inédit. Le 24 avril dernier, lors de la commémoration du génocide, il a prononcé cette phrase historique : « La France et le Sénat de la République se souviennent. La mémoire est l’arme des victimes. C’est une arme qui ne tue point, elle entretient la vie et aide à construire l’avenir. Aujourd’hui notre coeur est arménien. » Lui aussi a pleuré.

Plus récemment, en 1988, l’Arménie subissait de plein fouet le séisme de Spitak, avec ces dizaines de milliers de morts, ces centaines de milliers de sans-abris. En 2020, pendant 44 jours, la guerre faisait rage, de nouveau, entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan, fauchant la jeunesse arménienne. Ils sont tombés par milliers sur le champ d’honneur du Haut-Karabakh, leurs terres ancestrales. Terres spoliées par Staline en 1921, au profit de ce pays musulman qui détruit, comme les Talibans en Afghanistan, ou Daesh en Irak et en Syrie, toute église, toute trace chrétienne.

Avec Ruben Haroutiounian et Mariam Malkhasyan, jeune traductrice de 15 ans © A. Bordier

L’Arménie, malgré tout, est restée debout. Elle doit sa survie, grâce à ses héros. Parmi eux, je pense à Benjamin Ghahramanyan, mon chauffeur qui m’emmène en Artsakh, le 20 février. Malgré mon visa et mon accréditation presse, je serai refoulé à plusieurs reprises, comme d’autres journalistes, à la frontière, à l’entrée du corridor de Latchin. « Le Ministère des Affaires Etrangères de l’Azerbaïdjan refuse votre entrée », m’explique le garde-frontière russe. A Goris, à côté de la frontière, dans le sud-est de l’Arménie, je rencontre Ruben, un réfugié de Chouchi. Il a tout perdu, sa maison, sa terre. Il est en vie. Il survit avec toute sa famille, à Goris.

F comme femmes, H comme héroïnes

Qu’elles s’appellent sœur Arousiag, Carmen Apounts, ou Anelga Arslanian, qu’elles soient d’ici, ou de la diaspora, ces femmes sont des héroïnes. Les orphelins des couvents des sœurs arméniennes de l’Immaculée Conception, à Erevan et à Gyumri, peuvent en témoigner. Lors du séisme de 1988, sœur Arousiag décide de tout quitter et de s’installer avec deux autres religieuses près des réfugiés. Elles vivent dans une pauvreté réelle, sans chauffage, alors que les températures pendant la journée descendent en dessous de -10°C. Grâce à des bienfaiteurs, au bout de 3 ans, leurs conditions de vie s’améliorent. A partir de 1998, date de la fin de la construction du couvent de Gyumri, les sœurs accueillent des orphelins, des enfants pauvres, et, des jeunes filles en études supérieures, dans des conditions dignes. Ces héroïnes voilées continuent à apporter la vie et un avenir à des centaines de jeunes, garçons et filles.

Lors de la guerre contre l’Azerbaïdjan, Carmen Apounts, la directrice du centre culturel francophone de Goris, accueille dans son petit appartement une dizaine de réfugiés, dès le mois d’octobre 2020. Son témoignage est bouleversant : « Nous entendions les bombardements, et, nous avons vu les premiers réfugiés arriver. Certains étaient blessés. Nous avons hébergé 13 personnes de 3 familles différentes. Cette guerre a été terrible, rapide, et, a fait des dizaines de milliers de réfugiés qui ont dû quitter leurs terres ancestrales. »

De son côté, Anelga Arslanian, qui est « une Arménienne de Belgique », comme elle aime se présenter, et, qui fait, donc, partie de la diaspora, vient de passer un mois à visiter et à aider une trentaine de familles. « Ici, explique-t-elle, la femme est vraiment très courageuse, très forte, très résiliente. Parce que son mari est mort sur le front, ou qu’il a été gravement blessé, ou qu’il est porté disparu, la femme est le seul lien qui reste pour soutenir la famille. Elle doit jongler entre les petits boulots, et, l’éducation de ses enfants. Et, parfois même, subvenir aux besoins de ses parents et de ses beaux-parents. Quand elle le peut, elle devient même entrepreneuse. »

Carmen Apounts et son assistante (à gauche), Anelga Arslanian et sa fille Lori, sœur Arousiag © A. Bordier et DR

La diaspora et la géopolitique

Sans la diaspora que deviendrait l’Arménie ? Je me pose souvent la question depuis que j’ai interviewé ces bienfaiteurs, qui apportent du sang neuf et du soutien financier à ce petit pays tant convoité où la pauvreté est réelle. La question se pose davantage, dernièrement, depuis la fragilisation de sa vie politique. Fin avril, accusé de tous les maux, et de la défaite, le Premier ministre Nikol Pachinian a été forcé de démissionner. Les élections législatives anticipées du 20 juin prochain sont à suivre de très près. Le pire serait-il à venir ? L’Azerbaïdjan, avec le soutien de la Turquie et d’Israël, sous le regard médusé des troupes russes qui assurent (pour combien de temps ?) un cordon sécuritaire, et du reste du monde, tente de grignoter de plus en plus les frontières de l’Arménie. Depuis le 12 mai, plus de 500 soldats ont envahi l’Arménie dans le Syunik et près du lac de Sevan. L’Arménie ne riposte pas militairement et tente de régler diplomatiquement cette incursion nocive.

Le maire de Khachik, Housik Sahakian, le gouverneur de la région, Ararat Grigorian, Maître Hakobyan et son fils, le père Hovhannes Matevossian, les bienfaiteurs Jean-Pierre Sedef et Vahé Gabrache, lors de la cérémonie d’électrification du village © A. Bordier

Dans ces circonstances, la diaspora aurait-elle un rôle politique à jouer ? Même si elle s’en défend, sur le terrain ses actions et ses projets sont de plus en plus majeurs. Ils redonnent, en tout cas, de l’espoir. Elle agit à travers ces fondations. Qu’elles s’appellent Fondation Boghossian, Fondation Alliance, Fondation Armenia, AGBU, Espoir pour l’Arménie, elles sont des dizaines à financer la reconstruction et le développement du pays. Elles construisent et restaurent des écoles, des immeubles, des maisons. Elles électrifient des villages. Elles soutiennent des projets culturels, le développement de l’agriculture. Elles financent, aussi, des hôpitaux. Dernier exemple en date avec la Fondation FIFA, qui vient de lancer son Campus pour la jeunesse défavorisée avec à la manœuvre son Président Youri Djorkaeff. Ce lyonnais d’origine arménienne se donne de plus en plus pour l’Arménie. Il a repris à son compte la célèbre déclaration d’amour de son ami Charles Aznavour : « Je suis 100% Français et 100% Arménien ».

Youri Djorkaeff en t-shirt gris, entouré des dirigeants locaux de la FIFA, et de Shombi Sharp (le second à la droite de YD), représentant des Nations Unis, le 9 mai © A. Bordier

L’Arménie regarde vers l’avenir

Les Editions Robert Lafont ont publié un grand nombre de mes articles sur l’entrepreneuriat. Les Arméniens sont de plus en plus nombreux à vouloir entreprendre. Certains quittent le pays. La plupart reste. C’est le cas de la famille Badalyan. Les deux frères ont créé un véritable petit empire. Vahe et Vigen sont à la tête d’un groupe familial, qui pèse plusieurs centaines de millions d’euros de chiffre d’affaires dans le secteur de l’agriculture, de l’IT, du gaming, de la restauration et du tourisme. Avec leurs 5 000 salariés, et, leur présence internationale, ils ont choisi d’investir « en Arménie et d’y développer leurs activités. » Leur dernier investissement ? « Nous avons investi dans l’agriculture, avec notre nouvelle marque ArLeAM », explique Vigen. Cette génération d’entrepreneurs est suivie de près par la nouvelle, très geek. C’est le cas d’Hayk Mnatsakanyan, qui dirige deux start-ups, StartDoon et RINArmenia. A 27 ans, ce jeune homme, qui est né à Londres, est en train de boucler une levée de fonds. Du côté des Télécoms, le secteur est en ébullition. Ara Khachatryan, nommé CEO d’Ucom, il y a un an, a réussi la prouesse de redresser la barre de cet opérateur qui a failli sombrer, à la suite du départ inédit de ses fondateurs et d’une partie de son personnel. Enfin, du côté de l’immobilier, le secteur est en plein boom, même si c’est Erevan, la capitale, qui capte près de 80% des nouveaux investissements. Avant la fin de l’année, le promoteur Edward Avetysian posera la première pierre de son projet Avangard City. Ce sont plusieurs centaines de millions d’euros qui vont être investis pendant 5 ans. Enfin, le secteur du vin est en plein boom, avec la vallée d’Areni, où seraient nées les premiers cépages. Seule ombre au tableau, du côté de la France, les investissements français. « Mais que fait la France ? » s’interroge Tigran, un jeune entrepreneur de 25 ans qui vient de lancer sa start-up dans la fintech. « C’est, maintenant, qu’il faut investir en Arménie. »

Vigen Badalyan, Hayk Mnatsakanyan, et, Ara Khachatryan © A. Bordier

Conclusion

Je ne veux pas être plus long. Que retenir de tout cela, de ces 101 jours, finalement ? Certes, je n’ai pas tout vu, tout compris. Et, je ne veux surtout pas donner de leçon à quiconque, si ce n’est celui de la recherche incessante de la paix et de l’unité. Je ne peux pas citer tout le monde, parler de ma soixantaine d’interviews. Je terminerai, simplement, par ce qui serait mes deux derniers coups de cœur, avec la famille de Grigor Machanents Babakhanyan, qui a créé depuis trente ans l’ONG Cross Of Armenian Unity, Croix de l’Unité Arménienne. Et, cette dernière rencontre avec ce jeune artiste, bourré de talents, Gevorg Ajamyan. A 26 ans, il vit misérablement dans une pièce insalubre de 9 m2, qui lui sert, aussi, d’atelier de peinture. Un mécène, qui a souhaité rester anonyme, est devenu son ange gardien. Il va le sortir de la misère.

L’Arménie est un message de paix, d’unité et de valeurs. Son peuple martyr est debout, il se souvient et regarde vers l’avenir. Il entreprend. L’Arménie a besoin, plus que jamais, de sa diaspora disséminée dans le monde entier pour l’aider à construire la Nouvelle Arménie, pour les générations futures. Seule, elle n’y arrivera pas. Elle a besoin de la France, de la Russie, de l’Union Européenne et des Etats-Unis pour calmer la Turquie et l’Azerbaïdjan belliqueuses. Sa jeunesse est belle. L’Arménie est un message. Celui du cœur… Je reviendrai…

De notre envoyé spécial Antoine Bordier, consultant et journaliste indépendant


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