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Quel est l’impact du véhicule électrique en termes de pollution et de bilan carbone ?

Il y a un consensus de plus en plus large sur l’urgence d’agir face au dérèglement climatique. L’Union Européenne a montré la voie en prenant des décisions importantes ces derniers mois avec l’interdiction de la commercialisation de véhicules à moteurs essence ou diesel après 2035 et la neutralité carbone en 2050.

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Il y a un consensus de plus en plus large sur l’urgence d’agir face au dérèglement climatique. L’Union Européenne a montré la voie en prenant des décisions importantes ces derniers mois avec l’interdiction de la commercialisation de véhicules à moteurs essence ou diesel après 2035 et la neutralité carbone en 2050. Ces décisions sont importantes quand on sait que le transport est l’un des secteurs les plus émetteurs de CO2 au niveau mondial. De nombreuses questions se posent à propos de l’électrification des véhicules, qui est un levier essentiel de décarbonation de nos sociétés  : impact réel ou supposé sur les émissions de CO2 du transport routier,  impact des cycles de recharges et recyclage des batteries en fin de vie… Tentons d’y répondre dans cet article.

Le décollage du véhicule électrique se consolide comme une tendance de long terme

En novembre 2022, l’ONG Greenpeace a publié un rapport indiquant que deux fois trop de voitures thermiques étaient encore vendues par rapport à l’objectif de limitation du réchauffement de la planète à 1,5 degrés Celsius, pris lors des accords de Paris sur le climat en décembre 2015. Après avoir dressé ce constat, l’ONG explique[1] que « étant donné l’incohérence entre les prévisions des constructeurs et les besoins pour respecter l’accord de Paris, les constructeurs doivent accélérer le mouvement pour augmenter les ventes de véhicules électriques ». Selon la NASA, le transport routier est en effet le plus grand contributeur net au changement climatique dans le monde[2], et la nécessité de réduire drastiquement les émissions de gaz à effet de serre place donc l’industrie automobile sous les feux des projecteurs. C’est dans ce contexte que la commission européenne annonçait le 8 juin 2022 sa décision de bannir définitivement les véhicules thermiques à partir de 2035, ce qui a pour corollaire d’acter le développement du véhicule électrique à l’échelle du continent.

Outre ce volontarisme politique à l’échelle européenne, les véhicules électriques gagnent du terrain auprès des consommateurs, une tendance qui résulte notamment de la prise de conscience de plus en plus massive par les populations de l’urgence climatique (récemment rappelée par le dernier rapport du GIEC). Les ventes de voitures électriques sur le vieux continent ont donc battu des records[3] en 2022, d’après l’Association des Constructeurs Européens d’Automobiles. A l’échelle mondiale, les ventes de véhicules électriques ont augmenté de 60% en 2022, dépassant pour la première fois le cap des 10 millions. Alors qu’une voiture sur 70 était électrique en 2017, ce ratio est maintenant passé à 1 sur 7, d’après l’Agence Internationale de l’Energie (AIE)[4].

Sur l’ensemble de leur cycle de vie, les véhicules électriques polluent moins que les véhicules thermiques

Étant donné les enjeux climatiques précédemment évoqués, le recours croissant aux véhicules électriques apparaît comme un levier majeur de décarbonation, et donc une condition nécessaire pour honorer les engagements pris lors des accords de Paris (2015). Si les voitures électriques ne dégagent pas de CO2 pendant leur utilisation, elles sont émettrices de CO2 au moment de  leur production (pour la fabrication des batteries en particulier) et lors des cycles de recharges tout au long de leur durée de vie. Il convient de noter que selon que les pays ont recours à une électricité plus ou moins « propre », la recharge sera indirectement responsable de plus ou moins d’émissions de gaz à effet de serre (citons par exemple l’électricité norvégienne majoritairement produite par des barrages peu émetteurs de CO2 et l’électricité chinoise majoritairement produite par des centrales à charbon fortement émetteur de CO2). Ainsi d’après une étude du MIT, la fabrication de la batterie d’une Tesla Model 3 (80 kWh) engendre ainsi entre 2,5 et 16 tonnes[5] de CO2 selon la source d’énergie utilisée pour la produire.

A cela s’ajoute un enjeu autour de la dimension aval des véhicules électriques : recyclage de leurs batteries lithium-ion. Le recyclage des batteries lithium-ion est une pratique que les acteurs du secteurs cherchent à généraliser, comme en témoignent les nombreux projets de centres de recyclages qui éclosent en Europe, de la Norvège[6] (Hydrovolt) à l’Italie[7] (Enel X) en passant par la France[8] (Orano). Certaines technologies permettent désormais de recycler jusqu’à 60% des batteries lithium-ion.

Finalement, plusieurs études scientifiques comparant les données sur le cycle de vie complet du véhicule sont arrivées à la conclusion que les véhicules électriques demeurent nettement moins polluants que les voitures thermiques. Dans son rapport « Energy Technology Perspectives 2023 »[9], l’Agence Internationale de l’Energie a établi qu’un véhicule électrique émettait quatre fois moins de CO2 qu’un véhicule thermique. Cette mesure prend naturellement en compte les émissions engendrées par l’extraction minière en amont de la fabrication d’un véhicule électrique, ainsi que celle représentée par les cycles de recharges des batteries. Sur l’ensemble de leur cycles de vie, un véhicule thermique « moyen » comme une Toyota Camry émet 68 tonnes de CO2 contre 15 tonnes pour une Tesla Model 3[10]. Cet écart devrait progressivement s’accroître au fur et à mesure que les pays vont basculer vers des moyens de production de l’électricité plus propres. Le MIT indique en effet que « les EVs vont devenir de plus en plus verts parce que de plus en plus de pays diversifient leur mix énergétique avec des énergies renouvelables[11] ».


Outre la dimension climatique, le fait qu’un véhicule électrique ne pollue pas en roulant est une caractéristique non négligeable en termes de santé publique. D’après l’Agence Européenne pour l’Environnement (AEE), la moitié de la population européenne est exposée à des taux de particules fines au-dessus des normes recommandées par l’Organisation Mondiale de la Santé, et 10% des cas de cancer en Europe sont attribuables à la pollution atmosphérique[12]. Nadine Unger[13] considère donc que « cibler le transport routier est une solution gagnant-gagnant-gagnant, c’est bon pour le climat à court et à long terme, et c’est bon pour notre santé. ». Étant donné l’urgence climatique constatée par les populations comme les gouvernements, le véhicule électrique apparaît donc comme la seule alternative viable aux véhicules thermiques du fait de son empreinte carbone inférieure. Les véhicules à hydrogène (dont le moteur électrique est propulsé par une pile à combustible plutôt que par une batterie) sont en effet trop peu sûrs (l’hydrogène étant hautement explosif) pour prendre massivement le relai des véhicules thermiques[14].


[1] https://www.ouest-france.fr/environnement/greenpeace/les-voitures-thermiques-sont-incompatibles-avec-l-objectif-de-l-accord-de-paris-alerte-greenpeace-3b306292-60cd-11ed-9269-b91b4bfaa036#:~:text=Pour%20respecter%20l’objectif%20de,%2C%20d’apr%C3%A8s%20ce%20rapport.        

[2] http://carfree.fr/index.php/2022/09/28/le-transport-routier-apparait-comme-le-facteur-cle-du-rechauffement-climatique/#:~:text=Le%20transport%20routier%20appara%C3%AEt%20comme%20le%20facteur%20cl%C3%A9%20du%20r%C3%A9chauffement%20climatique,-Publi%C3%A9%20le%2028&text=Selon%20la%20NASA%2C%20le%20transport,elles%20%C2%AB%20sont%20%C2%BB%20le%20probl%C3%A8me.      

[3] https://www.euronews.com/next/2023/02/20/sales-of-electric-cars-in-the-eu-broke-records-in-2022-which-country-in-europe-is-leading        

[4] https://www.weforum.org/agenda/2023/03/ev-car-sales-energy-environment-gas/#:~:text=Global%20sales%20of%20electric%20cars,International%20Energy%20Agency%20(IEA).

[5] https://climate.mit.edu/ask-mit/are-electric-vehicles-definitely-better-climate-gas-powered-cars  

[6]https://www.hydro.com/en/media/news/2022/europes-largest-electric-vehicle-battery-recycling-plant-begins-operations/                 

[7]https://www.enel.com/media/explore/search-press-releases/press/2023/03/enel-x-and-midac-join-forces-to-develop-a-sustainable-lithium-battery-supply-chain-in-italy   

[8]https://www.orano.group/en/news/news-group/2022/october/orano-develops-its-electric-vehicle-battery-recycling-project    

[9]https://iea.blob.core.windows.net/assets/a86b480e-2b03-4e25-bae1-da1395e0b620/EnergyTechnologyPerspectives2023.pdf

[10] https://qz.com/electric-vehicles-cleaner-battery-mining-1850129845

[11] https://climate.mit.edu/ask-mit/are-electric-vehicles-definitely-better-climate-gas-powered-cars 

[12] https://www.eea.europa.eu/highlights/pollution-and-cancer 

[13] http://carfree.fr/index.php/2022/09/28/le-transport-routier-apparait-comme-le-facteur-cle-du-rechauffement-climatique/#:~:text=Le%20transport%20routier%20appara%C3%AEt%20comme%20le%20facteur%20cl%C3%A9%20du%20r%C3%A9chauffement%20climatique,-Publi%C3%A9%20le%2028&text=Selon%20la%20NASA%2C%20le%20transport,elles%20%C2%AB%20sont%20%C2%BB%20le%20probl%C3%A8me.      

[14] https://www.lesnumeriques.com/voiture/les-voitures-a-hydrogene-sont-elles-viables-a206681.html        


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