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Olivier Picard (Ellipse Projects) : « Proposer des projets d’infrastructure clefs-en-main est le fer-de-lance de notre expertise »

Olivier Picard est le Président et CEO d’Ellipse Projects, une société d’ingénierie, de conception et réalisation de projets d’infrastructure dans les pays émergents, implantée notamment en Afrique subsaharienne et en Asie du Sud-Est.

Entreprendre - Olivier Picard (Ellipse Projects) : « Proposer des projets d’infrastructure clefs-en-main est le fer-de-lance de notre expertise »

Olivier Picard est le Président et CEO d’Ellipse Projects, une société d’ingénierie, de conception et réalisation de projets d’infrastructure dans les pays émergents, implantée notamment en Afrique subsaharienne et en Asie du Sud-Est. Il répond aux questions d’Entreprendre sur l’expertise d’Ellipse Projects et les besoins et spécificités des pays émergents en termes d’infrastructures. 

Entreprendre — Face à la hausse démographique, le Centre de développement de l’OCDE et le Centre africain pour la transformation économique (ACET) ont souligné le besoin vital des pays africains « d’accélérer de toute urgence la construction d’infrastructures tout en veillant à leur qualité ». Quel est le rôle du secteur privé dans cette transformation, afin de garantir que ces projets se fassent au meilleur coût et dans l’intérêt des populations ?

Olivier Picard — La question n’est aujourd’hui pas de savoir s’il faut ou non de nouvelles infrastructures dans les pays émergents, mais plutôt : « Comment fournir de nouvelles infrastructures dans les meilleurs délais, aux coûts les plus avantageux et comment garantir leur fonctionnement sur le long terme ? ».

Le continent africain, notamment dans sa zone subsaharienne, souffre en effet d’une trop faible dotation en infrastructures, qui sont largement sous-dimensionnées en rapport aux besoins des populations. Les projections démographiques indiquent que l’Afrique devrait, d’ici 2050, compter 2,5 milliards d’habitants, soit le double d’aujourd’hui. À ce titre, il est urgent d’engager des fonds pour la construction de tout un panel de projets destinés à répondre à plusieurs urgences : la mobilité des hommes et des marchandises, la production d’énergie, l’accès à l’eau, la transition numérique et les besoins sociaux nécessaires au développement humain (écoles et hôpitaux). Cette approche est aujourd’hui largement partagée par les populations, les États africains, mais aussi les organisations internationales, qui pressent régulièrement les dirigeants africains à s’engager dans la construction d’infrastructures.

Mais plusieurs freins persistent : le rapport du Centre développement de l’OCDE et du Centre africain pour la transformation économique déplore la durée monumentale — parfois plusieurs décennies — entre l’idée d’un projet et sa livraison effective. Les financements sont aussi encore délicats à trouver et de nombreux pays souffrent d’un manque d’expertise locale pour mener ces projets à terme. C’est pour lever ces freins que le secteur privé peut apporter son soutien, en bâtissant des financements viables et en livrant un produit fini, au meilleur coût et dans les meilleurs délais, tout en accompagnant le client sur le long-terme via le suivi et la maintenance des infrastructures.

Entreprendre — quelles sont les spécificités des marchés émergents en termes de financement des infrastructures ? Comment Ellipse Projects accompagne les pays dans leur financement de projets, malgré des budgets très souvent contraints ?

Olivier Picard —Dans le domaine des infrastructures sur les marchés émergents, le besoin en financement est en effet criant. En 2018, les chiffres de la Banque africaine de développement (BAD) témoignaient d’un manque de financement pour les infrastructures, compris entre 68 et 108 milliards d’euro par an. Chez Ellipse Projects, nous sommes en première ligne de ces enjeux, car nous agissons dans des environnements budgétaires évidemment extrêmement contraints, auprès d’États parfois lourdement endettés et ne bénéficiant souvent pas d’une grande confiance des bailleurs internationaux. Si certaines puissances, comme la Chine, ont pu à certains moments prendre en charge certains projets d’infrastructures, ce n’est jamais sans contreparties parfois dangereuses pour les pays.

Proposer des projets « clefs-en-main » est le fer-de-lance de notre expertise. Nous apportons donc la partie financement, la partie conception, construction et la partie maintenance. Et nous menons, en amont, toutes les études nécessaires pour mesurer la viabilité du projet. Les gouvernements locaux ne peuvent en effet pas être les seuls financeurs des infrastructures, même s’ils y contribuent naturellement de manière non-négligeable. C’est à nous d’aller chercher ailleurs et de convaincre les fonds publics étrangers, les banques de développement, les investisseurs institutionnels ou privés. Nous avons réussi à tisser des partenariats de confiance avec les institutions aptes à apporter les financements nécessaires, ce qui nous permet de structurer des financements parfaitement sécurisés, tant pour les bailleurs que pour les clients.

Entreprendre —Les groupes internationaux sont souvent critiqués pour leur manque de prise en considération des populations locales dans les projets locaux, notamment en termes de ressources humaines. Quelle est la politique d’Ellipses Projects en matière d’implication de travailleurs locaux sur les grands travaux ?

Olivier Picard – Précisons avant tout que nous gardons une taille humaine, qui nous oblige à une certaine flexibilité et qu’à ce titre, nous sommes de fait bien éloignés du mode de fonctionnement de certains grands groupes internationaux. Nous travaillons systématiquement avec un panel de sous-traitants locaux, qui sont pleinement intégrés à nos projets. Bénéficier d’un écosystème d’entreprises et de travailleurs locaux est un atout extrêmement précieux pour nous, auquel nous ne souhaitons pas renoncer.

Entreprendre —Vous agissez beaucoup dans le secteur des infrastructures de santé et d’éducation en Afrique, notamment au Sénégal ou au Ghana, où les besoins des populations sont pressants. Quels sont les retours de terrain, une fois les projets menés à terme ?

Olivier Picard —Nos engagements au Sénégal et au Ghana répondent avant tout à une forte mobilisation des pouvoirs publics locaux en matière de santé publique avec un ensemble de décisions d’investissements actées bien avant l’épidémie de Covid-19. Pour le cas du Ghana, par exemple, le pays a été salué en 2011 pour avoir mis en œuvre les prémices d’une couverture maladie universelle. En 2013, le Sénégal à son tour a initié une couverture sanitaire universelle, notamment pour la prise en charge de certaines maladies particulièrement meurtrières dans le pays (VIH, tuberculose…).

Nos projets sont appréciés des populations, car ils répondent à des besoins spécifiques. En Côte d’Ivoire, par exemple, les populations des territoires ruraux souffrent d’un déficit d’accès aux infrastructures de santé, trop peu nombreuses et faiblement équipées. Nous intervenons donc, avec le ministère ivoirien de la Santé et de l’Hygiène publique, pour la réhabilitation, la construction ou l’équipement de près de 300 établissements sanitaires de premiers contacts (ESPC), disséminés sur le territoire et permettant aux populations un accès rapide à une structure médicale.   

Au Ghana, notre problématique était plutôt de déployer des infrastructures à vocation régionale, avec des expertises plus précises, destinées à des soins plus lourds. Nous avons achevé un hôpital et un autre est actuellement en construction dans le pays. Ces hôpitaux sont dotés d’un panel de services de gynécologie, d’obstétrique, de pédiatrie ou encore de chirurgie. Ils viennent compléter l’offre de santé publique de pointe du pays, auparavant très concentrée dans la capitale, et pourront, à l’avenir, bénéficier d’une extension.

Évidemment, un long chemin reste encore à parcourir sur le continent, tant en termes d’infrastructures, que d’accès aux soins, de formation des personnels soignants ou encore de télémédecine. La plupart des experts affirment que les pays africains doivent continuer à investir dans leurs systèmes de santé, certains évoquant même un chiffre de 15 % du PIB dédié à la santé. Mais je pense sincèrement que, dans les pays où nous sommes présents du moins, la prise de conscience et la volonté de faire changer les choses sont réelles.

Entreprendre —Vous devez faire face à de sérieuses contraintes environnementales dans les projets que vous menez. Quels sont vos engagements en la matière ?

Olivier Picard — Tout d’abord, nous nous interdisons de proposer des projets extrêmement polluants, comme les projets pétroliers par exemple. Ensuite, nous sommes contraints — et contrôlés ! – par les investisseurs amenant les financements à rendre nos projets les plus soutenables possible : nos hôpitaux, par exemple, doivent être le moins énergivores possible, souvent équipés de panneaux solaires pour en garantir l’autonomie énergétique.

La soutenabilité environnementale de nos projets est aussi une exigence des États pour qui nous travaillons. Ils ont pleinement conscience des enjeux climatiques et n’ont aucunement envie de sacrifier leur environnement, qui représente aussi une richesse et un vecteur de développement socio-économique, avec le tourisme par exemple.

Certains de nos projets sont parfois directement liés à la défense de l’environnement. Au Kenya, nous avons achevé en juin 2017 le déploiement d’un système de radio-communication nourri à l’énergie solaire, destiné à faciliter la coordination des rangers engagés dans la surveillance des parcs et la lutte contre le braconnage, qui est un véritable fléau dans la région et une menace constante pour la faune.

Entreprendre — Quelles sont, à moyen-terme, les perspectives de croissance d’Ellipse Projects ? La crise sanitaire a-t-elle menacé votre développement ?

Olivier Picard — Nous souhaitons poursuivre notre développement et notre implantation dans les pays où nous sommes déjà actifs. La crise sanitaire a en effet amené certaines contraintes, mais elle a surtout prouvé une nouvelle fois la nécessité de disposer d’infrastructures viables, notamment dans le secteur de la santé. De plus, la plupart des pays que nous accompagnons sont dotés de plans à long-terme consacrés au développement d’infrastructures de tout type, sur lesquelles nous serons toujours prêts à nous mobiliser et à amener notre expertise.

Au Sénégal, par exemple, nous venons de livrer l’hôpital Cheikh Ahmadoul Khadim à Touba, que nous avons inauguré avec le Président Macky Sall le samedi 18 septembre. À cette occasion, le Président Sall a réaffirmé sa volonté de travailler avec nous à l’avenir pour de nouveaux projets, ce qui est extrêmement valorisant et porteur pour le futur d’Ellipse Projects.


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