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Jean-Bernard Lafonta : « Private Equity, une prise de risque qui n’est pas pour tout le monde »

Classe d’actifs la plus performante depuis 10 ans, le Private Equity a connu une croissance impressionnante. Son ampleur est telle qu’il représente près de 2 500 milliards de dollars de capitaux et prêts à être investis à la fin 2023. Et selon une étude de Bain & Company, en 2024, près de 28 000 entreprises détenues par des fonds de capital investissement seraient prêtes à être cédées dans le monde.

Jean-Bernard Lafonta, associé-fondateur de HLD

Jean-Bernard Lafonta est associé-fondateur de HLD

Le Private Equity attire de fait de nouveaux investisseurs alléchés par la promesse d’un taux de rendement supérieur à 10% et désireux de diversifier leurs portefeuilles. Le secteur a aussi bonne réputation : il est considéré comme un soutien à l’économie et un outil pour développer les territoires. Le capital investissement permet en effet à de petites entreprises non cotées d’accéder à des financements pour croître, recruter, industrialiser leurs processus, réaliser des acquisitions et s’internationaliser.

Certains acteurs du Private Equity cherchent également à diversifier leur base d’investisseurs. Ils sont confrontés au grippage du secteur en 2023 avec une raréfaction des levées de fonds et des introductions en bourse, des cessions d’entreprises plus longues et complexes qu’attendues et des cibles d’investissement de moindre qualité ou à un prix bien trop élevé. Pour continuer à exister et soutenir leurs coûts de fonctionnement, certains fonds cherchent ainsi à moins dépendre des processus de levées et des investisseurs institutionnels en s’introduisant en bourse, en se transformant en plateformes d’investissement, et en attirant le patrimoine des épargnants.

Par sa nature, le Private Equity était réservé à certains profils d’investisseurs : c’était un investissement alternatif. Le ticket d’entrée de l’ordre de 100 000 € le destinait à des particuliers fortunés, des chefs d’entreprise et des cadres dirigeants. Ce critère constituait une barrière pour les investisseurs trop fragiles financièrement.

Car le Private Equity est un métier de long terme. La durée moyenne de vie d’un fonds est de 10 ans : 6 ans pour investir et développer, 4 ans pour sortir. Être un investisseur du Private Equity, c’est pouvoir investir son capital sur plusieurs années et tenir cette durée. Cela exige aussi une connaissance des risques d’investissement, des mécanismes de fonctionnement des fonds. Ce n’est pas « boursicoter », acquérir et céder des actions à la minute, à la seconde. Et malgré l’actuelle profusion d’offres, les frais de gestion sont plus élevés qu’ailleurs !

En faisant appel à l’épargne des particuliers, un Private Equity à deux vitesses est en train de se créer. L’un institutionnel, destiné au grand public, qui investira dans des entreprises non cotées matures, avec un profil moins risqué, mais aussi un rendement moindre, de l’ordre de 5% à 6%. L’autre privé, destiné à des cercles d’investisseurs plus restreints, avec un risque d’investissement plus élevé mais également un rendement plus important, supérieur à 10%.

L’institutionnalisation et la popularisation du non coté sont à mettre en regard du désamour supposé des entreprises pour la bourse. L’arrivée massive d’épargnants crée de fait une « bourse du non coté » aux caractéristiques à rebours des évolutions des places boursières. Le temps de la prise de décision et le temps de détention dans le non coté sont incomparablement plus long comparés au trading haute fréquence ! De même, la transparence et les obligations de publications sont, elles, bien moindres.

Le secteur du Private Equity a atteint sa maturité. Sa popularisation et son institutionnalisation sont les étapes logiques de son développement. Aux particuliers de rester prudents : le Private Equity n’est pas fait pour tout le monde, un haut rendement va toujours de pair avec une prise de risque plus élevée.

Jean-Bernard Lafonta


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