Par Franck Thomas, responsable France de Fiverr
La génération Z incarne un ensemble unique de valeurs qui façonneront le leadership de demain, lequel peut être très différent de celui des générations précédentes. Ces jeunes, technologiquement compétents et socialement engagés, aspirent en effet à impacter positivement le monde. Nés à l’ère numérique, ils ont grandi entourés de réseaux sociaux et d’un accès constant à une profusion d’informations, et ont dû naviguer dans un monde de plus en plus complexe. Dans ce contexte, quel pourrait être le rôle d’un CEO en 2044 ?
Le CEO comme « coach »
Plongeons en 2044 où le Manager devra anticiper les évolutions du monde professionnel et s’adapter aux nouvelles normes de la génération Z. Le manager – devenu manager-coach – encourage le développement continu des compétences comme une initiative personnelle reposant sur les moyens et besoins de l’entreprise. En lien avec les ressources humaines, le manager ‘gère’ un portefeuille de compétences portées par ses collaborateurs et complétées par les apports de freelances, qui font partie de son équipe étendue.
La flexibilité devient la norme : des rythmes de travail variés tels que le travail à temps partiel, la semaine de 4 jours ou les horaires flexibles sont monnaie courante. Cette double liberté des rythmes et des lieux (distanciel et présentiel) de travail est un prérequis pour rester compétitif dans un marché du travail en tension permanente depuis la sortie d’activité des GenX et des baby-boomers. Promouvoir la flexibilité et l’équilibre travail-vie personnelle devient essentiel pour prévenir l’épuisement professionnel et favoriser le bien-être des employés. Dans cette optique, l’engagement social et environnemental sera un pilier central de sa vision d’entreprise, et au cœur de ses stratégies commerciales. En revanche, les attentes élevées vis-à-vis de l’équilibre travail-vie personnelle représentent un défi. Bien que la flexibilité soit importante, le manager pourrait avoir du mal à maintenir cet équilibre sain, surtout s’il a du mal à définir des limites claires.
Le manager de 2044 doit cultiver un environnement où le coaching collaboratif est encouragé favorisant le développement professionnel et personnel de ses employés, et où les contributions individuelles sont valorisées indépendamment de l’ancienneté ou de la titularisation. L’organisation du travail est souple car directement responsabilisante : les contributions individuelles sont bien identifiées et visibles de chacun, quelle que soit la séniorité, l’âge ou le statut de l’employé. La notion d’équipe elle-même a évolué : le manager favorise une prise de décision horizontale et intervient en dernier recours en tant qu’arbitre. Libéré des tâches annexes liées à la prise de décision, telles que les rapports et les présentations, le manager se concentre sur la définition et le suivi des objectifs, ainsi que sur l’identification des compétences nécessaires à leur réalisation. Le besoin d’approfondissement et de maîtrise de nouvelles compétences, tant chez les managers que ses collaborateurs, est ainsi de mise.
Investir dans le développement des compétences
En investissant dans le développement des compétences en leadership adaptatif et en encourageant une culture d’innovation et d’adaptation continue, les managers de cette génération peuvent préparer leurs équipes à prospérer dans ce monde en pleine évolution. Gérer des compétences et atteindre les niveaux d’expertise requis sont la mesure du succès managérial, davantage que le nombre de personnes managées, qui était le critère de l’influence managériale au début du siècle. Pour gagner en crédibilité et établir la confiance, ils pourraient s’appuyer sur plusieurs stratégies, telles que la maîtrise d’un domaine d’expertise spécifique, l’encouragement à la prise d’initiatives personnelles pour le développement des compétences, et le soutien actif des collaborateurs dans leurs trajectoires professionnelles.
L’estime de soi du manager de 2044
Le besoin de validation et de reconnaissance du manager en 2044 pourra s’avérer être un défi. Son éducation axée sur l’estime de soi risque de le pousser à rechercher une validation constante et à attendre une reconnaissance rapide de ses actions. Aussi, la difficulté à prendre des décisions stratégiques peut représenter un obstacle significatif, surtout pour quelqu’un habitué à un environnement où les décisions sont prises de manière collective avec une forte orientation tactique. Ainsi, il pourrait rencontrer des difficultés à prendre des décisions unilatérales, à assumer la responsabilité de choix difficiles ou à fixer des objectifs stratégiques à court terme. En raison de sa préférence pour la collaboration et l’harmonie, il pourrait également être réticent à aborder les conflits ou à prendre des mesures disciplinaires lorsque cela est nécessaire.
Le CEO de cette génération devra capitaliser sur ses forces tout en surmontant ses défis. En développant des compétences en leadership, en gestion du temps et en intelligence émotionnelle, le futur manager issu de la génération Z mettra toutes les chances de son côté afin de guider son entreprise vers un avenir compétitif et durable.
Franck Thomas
Responsable France de Fiverr