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- Ces dix dernières années ont été marquées par une lente accession des femmes aux postes de décision
- elles sont seulement 14 %
- passant de 3,5 % à 7,5 % (+4 points).
- La création ou le rachat d’entreprise est le principal mode d’accès des femmes au pouvoir, notamment dans les TPE/PME
- deviennent moins souvent dirigeantes par recrutement externe que les hommes
- Une dirigeante sur dix considère que le fait d’être une femme a constitué un obstacle
- La mixité des équipes dirigeantes apparait comme une source de performance des entreprises
Alors que la question des femmes au sein des entreprises est au cœur des débats de société, la place des femmes aux postes de direction générale ne retient pas suffisamment l’attention. KPMG s’est interrogé sur la place des femmes dans ce monde de dirigeants : Qui sont-elles ? Où sont-elles sur le territoire ? Dans quels secteurs ? Comment se perçoivent-elles ? Comment sont-elles perçues ?
Cette étude inédite dresse un état des lieux de la place des femmes à la direction entreprises en France, en comparant des données couvrant une période de dix ans, de 2003 à 2013 (Base de données : Diane bureau Van Dijk).
Une enquête d’opinion a été réalisée par l’Institut CSA auprès de 600 dirigeant(e)s (400 femmes et 200 hommes) et apporte des informations sur les parcours des femmes dirigeantes et leur perception de la fonction, ainsi que des enseignements sur la question de la mixité dans ces fonctions. L’étude a été complétée par des entretiens et témoignages de 12 femmes dirigeantes partout en France à travers le réseau « Women for business » de KPMG.
Ces dix dernières années ont été marquées par une lente accession des femmes aux postes de décision
Alors que les femmes représentent 48 % de la population active française,
elles sont seulement 14 %
à occuper des postes de direction. Cette part a très peu augmenté en 10 ans : à peine 1,2 point entre 2003 et 2013. Le poids des femmes dirigeantes décroit avec la taille de l’entreprise : plus la structure est importante, moins il y a de femmes dirigeantes, ces dernières étant davantage présentes dans les entreprises de 10-20 salariés.
Un signe encourageant est toutefois à signaler : les grandes entreprises (>1000 salariés) se distinguent par une forte progression de femmes dirigeantes,
passant de 3,5 % à 7,5 % (+4 points).
En termes d’âge des dirigeantes, nous pouvons noter que l’évolution la plus forte concerne les femmes de 40 à 60 ans, avec une progression de plus de 4 points en dix ans. Le nombre croissant de femmes créatrices d’entreprises de moins de 40 ans est un signal positif pour l’avenir.
Les secteurs de services aux particuliers, des services sociaux et du commerce sont, traditionnellement, des secteurs à forte représentation féminine. Des secteurs traditionnellement masculins connaissent néanmoins une évolution importante de la proportion de dirigeantes : l’énergie (+130 % en 10 ans), les industries agro-alimentaires (+23,6 %) ou encore l’immobilier (+21,5 %).
La création ou le rachat d’entreprise est le principal mode d’accès des femmes au pouvoir, notamment dans les TPE/PME
Les modes d’accès aux fonctions de dirigeant(e) d’entreprise varient sensiblement en fonction du genre. En effet, si les femmes comme les hommes y accèdent d’abord en créant eux-mêmes ou en rachetant leur entreprise (44 % pour les premières et 43 % pour les seconds) et par promotion interne (27 % pour les unes comme pour les autres), elles le deviennent plus souvent par transmission familiale (22 %, contre 16 % pour les hommes).
La succession est un moteur d’accès au pouvoir important dans les secteurs traditionnellement masculins (industrie, BTP).
Les grandes entreprises se distinguent : la promotion interne prime. Ainsi, 60% des femmes dirigeantes dans les entreprises de plus de 250 collaborateurs ont été promues.
En revanche, elles
deviennent moins souvent dirigeantes par recrutement externe que les hommes
(7 % contre 14 %).
Interrogé(e)s sur les raisons qui les ont poussé(e)s à accepter un poste de dirigeant(e), les femmes comme les hommes citent d’abord le goût d’entreprendre (respectivement 39 % et 46 %) et l’épanouissement professionnel (38 % et 27 %). Les valeurs des dirigeants ne paraissent pas différer fondamentalement selon leur genre. Toutefois, l’objectif du pouvoir les distingue : 24 % des femmes déclarent avoir saisi l’opportunité sans l’avoir particulièrement recherchée, contre 18 % des hommes.
Concernant les obstacles rencontrés, les hommes comme les femmes citent d’abord la difficulté à concilier vie professionnelle et vie personnelle. En revanche, les femmes soulignent davantage que les hommes leur manque de confiance en elles (20 % vs 13 %).
Une dirigeante sur dix considère que le fait d’être une femme a constitué un obstacle
pour sa prise de fonction, une question qui ne se pose absolument pas chez les hommes.
Les dirigeants partagent tous une même passion de l’entreprise, mais les femmes y mettent une composante humaine et relationnelle plus forte. Les trois éléments arrivant en tête tant pour les femmes que pour les hommes sont les mêmes : le management, la prise de décisions stratégiques et le développement commercial de l’entreprise. Cependant, les femmes insistent davantage que les hommes sur la relation client (20 % vs 12 %), les rapports avec les parties prenantes de l’entreprise (20 % vs 11 %) et le fait d’encadrer d’autres personnes (14 % vs 6 %).
Une fois en poste, femmes et hommes dirigeants sont confrontés à des difficultés différentes dans l’exercice de leur fonction. Les dirigeantes sont plus sensibles à la pression et au stress que les hommes (39 % contre 28 %). Les hommes voient davantage que les femmes le management comme une difficulté (25 % contre 13 %).
Tous sont portés par une volonté commune : améliorer la situation des femmes dans l’entreprise. La différence entre les deux se joue sur le niveau de cet engagement (34 % des dirigeantes s’estiment « très engagés » pour améliorer la situation des femmes dans l’entreprise contre 16 % des dirigeants). Interrogés plus précisément sur ce qu’elles et ils font concrètement pour améliorer la situation des femmes dans l’entreprise, c’est l’aménagement du temps de travail que l’ensemble des dirigeants placent en tête. Toutefois, ni les hommes ni les femmes n’envisagent de discrimination positive à l’embauche.
La mixité des équipes dirigeantes apparait comme une source de performance des entreprises
En 2013, une femme dirigeante sur deux faisait partie d’une direction collégiale contre un homme sur quatre. L’augmentation des entreprises qui ont plusieurs dirigeants est un facteur important facilitant l’accession des femmes à la direction : une femme dirigeante sur deux l’est aujourd’hui en équipe.
Dans l’ensemble, les dirigeantes semblent plus fermement convaincues que les dirigeants des avantages de la mixité hommes-femmes dans les postes à responsabilités au sein des entreprises, qu’il s’agisse du dynamisme (57 % vs 47 % parmi les hommes), de la prise en compte des enjeux humains (61 % vs 50 %), de l’efficacité et de la motivation. Pourtant les hommes et les femmes s’accordent pour dire qu’ils travaillent mieux ensemble. La mixité est davantage porteuse d’efficacité (61 % « Oui, tout à fait ») et de créativité (59 % « Oui, tout à fait ») pour les femmes, alors que les hommes y voient davantage de confiance (56 % « Oui, tout à fait ») et une meilleure prise en compte des relations sociales (55 % « Oui, tout à fait »).
Au niveau des performances moyennes des trois dernières années (2003, 2008 et 2013), le modèle de la direction mixte semble gagnant, autant sur le plan de la croissance du CA que du taux d’EBITDA ; d’autant que ces performances sont durables sur les dix années observées.
« Contre toute attente, les femmes n’ont pas beaucoup plus accès aux postes de direction qu’il y a 10 ans. Malgré quelques signaux encourageants, l’enjeu est aujourd’hui de jouer la complémentarité des genres entre femmes et hommes à la tête des entreprises. Les structures avec une direction mixte réussissent mieux que les autres et semblent démontrer leur efficacité opérationnelle. En théorie, cela promettait de fonctionner, en pratique, cela fonctionne ! », précise Jacky Lintignat, Directeur Général de KPMG.