Au 1er août 2015, la loi Alur encadrant le prix des loyers est entrée en vigueur en France. Lodgis, spécialiste de la location meublée à Paris, dénonce une nouvelle législation pleine d’incohérences, aussi bien pour les locataires que les propriétaires.
Des critères incohérents en défaveur des locataires…
Au niveau du découpage géographique, le locataire doit prêter attention dans une même zone au nom de la rue et au numéro du bien. Ainsi, pour un appartement situé au pied du métro Ménilmontant à Paris, la différence d’un bien entre une rue et une autre peut atteindre 13% : le loyer pour un studio de 22 m2 rue Oberkampf numéro pair est de 660 €/mois alors que le même studio mais du côté Ménilmontant numéro pair est de 715 €/mois.
De même, une famille défavorisée louant un appartement de 4 pièces dans un immeuble haussmannien au métro Château Rouge, dans des rues très populaires comme la rue du Poulet ou la rue Doudeauville (loyer médian de 20,4 €/m2), paiera un loyer plus cher qu’une famille aisée ayant les garanties nécessaires pour louer un appartement identique place des Victoires ou rue Saint-Honoré (loyer médian de 20,3 €/m2).
Exemple encore plus frappant, un 4 pièces dans un immeuble récent se louera 40% plus cher du côté des numéros impairs de l’avenue de Choisy que du côté des numéros pairs (loyers médians de 24,3 €/m2 contre 19 €/m2).
Par ailleurs, une pénurie de 2 pièces est à prévoir. Choisir une location répond à un besoin temporaire. À surface équivalente, la configuration a une importance dans la fixation des prix. Les appartements avec une chambre séparée restent plus chers que les studios.
Or, à une exception près, l’arrêté fixe des loyers de référence pour les 2 pièces toujours inférieurs à ceux des studios. Ainsi, pour un studio de 30 m2 dans le XIVème arrondissement, il faut compter un loyer de 978 €/mois, contre 795 €/mois pour un 2 pièces, soit 23% moins cher.
De même, un studio de 30 à 35 m2 situé dans le IIIème arrondissement de Paris près de la place de la République dans un immeuble des années 80 se louera 35% plus cher qu’un 2 pièces de même surface au même endroit. Les propriétaires seront donc tentés d’abattre les cloisons pour augmenter la rentabilité de leur bien.
… et injustes pour les propriétaires
Selon toute logique, le neuf devrait avoir plus de valeur que l’ancien, mais la loi Alur ne prescrit aucun critère allant dans ce sens. Ainsi, avenue de Choisy dans le XIIIème arrondissement, un 4 pièces dans un immeuble haussmannien situé du côté des numéros pairs se louera 15% plus cher que dans immeuble récent (19,9 €/m2 contre 17,3 €/m2).
À l’inverse, du côté des numéros impairs, un appartement identique se louera 28% plus cher dans un immeuble récent que dans un immeuble haussmannien (24,3 €/m2 contre 19 €/m2). L’encadrement des loyers, une mesure attendue, se révèle très décevant.