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Le domaine s’étend sur 60 hectares de bois de chênes et 32 hectares de vignes, le tout d’un seul tenant. À 15 minutes d’Aix-en-Provence, le domaine accueille la vigne depuis l’époque gallo-romaine, comme souvent dans la région. Après avoir été transmis de famille en famille, le marchand Jacques Blanc achète une charge de Trésorier général et devient Jacques Blanc de Boisvert de Castillon. Avec son épouse, Louise d’Hugoleny, il agrandit le domaine en achetant des terres, des vignes et des vergers.
Le père d’Emmanuelle Baude rachète la propriété à Marcel Lafforgue, qui y a construit son chai en 1968 sous la forme d’une tour permettant de travailler la vinification par gravité. C’est cette tour qui donne son nom au domaine, autrefois appelé « Le Clos Blanc ». Ce clos dispose d’une parcelle historique : 60 ares de Syrah, plantés il y a 77 ans ! En 2012, la jeune femme en devient la gérante après avoir suivi plusieurs formations viticoles.
De notaire à viticultrice biologique
Emmanuelle Baude étudie le droit et l’histoire de l’art avant de devenir notaire, profession qu’elle exerce pendant une dizaine d’années. Or, la passion du vin n’a rien de contradictoire avec cette fonction. Le rachat du domaine par son père est l’occasion de quitter un métier sûr et rentable pour se lancer dans l’aventure, bien plus aléatoire, de la viticulture. Aucun autre choix que de travailler dur pour réhabiliter un vignoble qui en avait besoin, d’autant que la gérante décide de cultiver en biologique.
La conversion se met en place dès août 2012, et pendant deux ans, la jeune quadragénaire s’échine à relancer la production de vin. Un travail très physique qui demande une belle organisation, d’autant qu’elle est mère de deux jeunes enfants. Aujourd’hui, le travail en biodynamie est également en cours pour poursuivre la progression vers une viticulture naturelle, respectant le sol. L’aspect historique de sa mission est une forte motivation : dans un passé lointain, des hommes ont cultivé la vigne sur ce territoire, et l’ambition d’Emmanuelle Baude est que cela continue dans le futur. Une vocation de « passeur » que l’on retrouve fréquemment dans les métiers de la terre.
Un développement mérité
Entre la vigne, la cave et les travaux agricoles, le temps passe vite. Si le défi est de taille, Emmanuelle Baude est en passe de le remporter et ne regrette pas son choix. Heureuse dans son métier, elle en apprécie la diversité et le contact avec le sol. Au départ, le vin était vendu en vrac. Puis, deux ans après le rachat, trois mille bouteilles sont vendues, l’année suivante, huit mille, pour atteindre aujourd’hui quelque 150 000. Le domaine propose quatre cuvées en rouge, blanc et rosé.
Le Bois des Fées est positionné en cœur de gamme, et les vins festifs Tours Campanets en entrée de gamme. Sur la gamme supérieure, les Grandes Cuvées passent 24 mois d’élevage en bois pour un assemblage Syrah-Cabernet Sauvignon en rouge, et 12 mois pour le blanc. Le domaine a également élaboré deux vins nature, un blanc de noirs 100 % carignan noir et un vin orange 100 % ugni blanc.
Nouvelle offre œnotouristique
Emmanuelle Baude est consciente d’être installée dans un lieu privilégié, entre Aix-en-Provence et le Lubéron, une occasion rêvée d’accueillir des touristes pour découvrir ses vins. Le Domaine Tour Campanets dispose d’une localisation idéale pour attirer un maximum de visiteurs en période estivale. Situé à quelques encablures de Rognes, Pertuis ou Lambesc, à 250 mètres d’altitude, en pleine région Côtes-de-Provence, le domaine a fait construire il y a deux ans un bâtiment d’architecture contemporaine doté d’une verrière de cinq mètres de haut.
Ce lieu abrite un concept global sur la viticulture, tout en incluant la forêt pour accueillir touristes, groupes, scolaires et entreprises. Une grande bastide, une petite bastide et un pigeonnier viennent compléter l’offre pour héberger une quinzaine de personnes en nuitée, sans oublier la boutique. Pendant l’été, des événements sont organisés les vendredis soir pour profiter de musique ou d’un spectacle tout en dégustant les vins du domaine accompagnés d’une planche apéritive. La viticulture est un vrai métier d’entrepreneur aux multiples compétences.
Dans un monde où l’offre de vins est importante, la consommation en baisse et les habitudes en mutation, il ne suffit plus d’être un simple professionnel de la vigne. Pour ce type d’exploitation en particulier, même si la devise reste « le raisin d’abord ! », il est devenu indispensable de se faire connaître. Pour y parvenir, communiquer et proposer une offre œnotouristique est un passage obligé, tout comme la présence de boutiques implantées sur le domaine et la construction d’une offre en ligne. Cela ne fait pas peur à Emmanuelle Baude.