par Frédéric Lefebvre, ancien secrétaire d’État chargé du Commerce, de l’Artisanat et des Petites et Moyennes Entreprises
Non, le Gouvernement n’a pas mis en place un plan d’extermination du petit commerce au profit des grandes surfaces. Le complotisme tous azimuts a ses limites !
En les contraignant à respecter une limite de vente aux seuls produits essentiels il veille à une stricte égalité.
Oui il y a, de fait un avantage immense donné aux GAFA et autres plateformes de livraison, qui pourtant contribuent moins que les autres et cela met en danger de mort nos commerces de détail.
Oui le Gouvernement se démène pour jouer à la baisse sur les loyers, les charges et met en place un fond de solidarité.
Oui le Gouvernement a raison d’inciter les petits commerçants et les villes à mettre en place le commerce connecté, alors même que les grandes plateformes de livraison sont devenues les vrais concurrents de nos petits commerces.
Il n’y a point de mal dont il ne naisse un bien et Alain Griset a raison de faire de la digitalisation d’un million de TPE une priorité nationale et de profiter de cette crise pour mobiliser les crédits de la relance sur l’accélération de cette politique structurelle.
Mais peut on aller plus loin ?
Ré-ouvrir les commerces malgré le confinement? Comme le suggère le MEDEF, la plus part des organisations professionnelles et leur emboîtant le pas, les élus de l’opposition…
Ce n’est pas si simple.
Car où mettre la frontière entre les commerces qui pourront ouvrir et ceux qui ne le pourront pas.
Et laisser ouvrir tout le monde revient à autoriser les sorties pour tous type d’achat donc à stopper le confinement. Ayons le courage de le dire.
Doit on baisser les bras ?
Surtout pas.
D’abord autorisons dès maintenant la visite des commerces qui font déjà du Click&collect avec prise de rendez-vous obligatoire, signalée sur l’appli #TousAntiCovid ou même directement à travers elle. Ainsi les librairies, commerce Capital si ce n’est essentiel, doivent pouvoir au plus vite retrouver les lecteurs et les passionnés.
Les concessions automobiles doivent pouvoir fixer des rendez-vous sur place, au risque de déstabiliser toutes la filière.
Ensuite, élargissons cette possibilité à tous les commerces et services, en fixant des règles strictes de distanciation et l’interdiction impérative de recevoir des clients n’ayant pas réservé un créneau signalé. Laissons également les maires autoriser l’ouverture d’un commerce tous les 50 mètres, par exemple, un jour sur deux, pour mieux contrôler les règles sanitaires. À l’image des commerces de bouche qui gèrent très bien le confinement. Ou donnons-leur la possibilité d’autoriser les boutiques à mettre des comptoirs extérieurs quand c’est possible.
Donnons de la souplesse très encadrée plutôt que de l’interdiction uniforme.
Enfin, assouplissons toutes les règles sur le travail le dimanche, les soldes, promotions ou liquidation, jusqu’à Noël, uniquement pour le commerce de centre ville et ce dès que la courbe de contamination s’infléchira, permettant un retour à la normale.
Alors, nous donnerons aux indépendants une chance de s’en sortir et de voir l’avenir avec encore un brin d’espoir.
Frédéric Lefebvre