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Comment l’Italie est devenue le premier producteur pharma en Europe

Illustration of a long shadow Italy flag with a pharmacy sign

Par Edoardo Secchi

L’Italie est sous les projecteurs de la presse internationale suite à son rôle dans la production du vaccin d’Astra Zeneca et également pour sa récente disponibilité à produire le vaccin russe Sputnik. Mais les experts internationaux du secteur regardent avec beaucoup d’intérêt le pays car il est numéro un en Europe et il a su tisser ses liens avec les plus importants acteurs mondiaux du big pharma.

L’industrie pharmaceutique italienne est un secteur très avancé au niveau technologique et occupe la position de leader au niveau européen. Le secteur compte 66 500 salariés, dont 81% ont moins de 35 ans. Et ce secteur recrute : au cours des deux dernières années, il a dépassé les +1,3% de la moyenne manufacturière, avec 4,5% d’embauches en plus par an. En ajoutant les travailleurs employés par la chaîne d’approvisionnement (ceux qui travaillent dans la distribution et dans les pharmacies) o compte environ 250 000 emplois.

Le pays a dépassé l’Allemagne et il est devenu le numéro un en Europe avec une production de 33 milliards d’euros, dont 25 milliards d’exportations, et un solde commercial de 4 milliards. Le secteur a enregistré la plus forte hausse d’exportations de produits pharmaceutiques au sein des pays de l’UE au cours des dix dernières années (107% au total contre 74%). Un volume d’exportation qui a été multiplié par quinze entre 1991 et 2019. Ses principaux clients sont les États-Unis (+ 22,3%), l’Allemagne (+ 6,8%), la France (+ 7,5%), la Belgique (+ 20,2%) et la Turquie (+ 36,6%). Un véritable succès lorsqu’on se remémore qu’il y a quelques années, le pays était uniquement importateur.

La crise liée à la pandémie du Covid19 a poussé d’avantage les entreprises nationales à augmenter leurs investissements en R&D. Dans le domaine de la technologie médicale (le secteur technologique le plus actif jamais vu au sein de l’Office Européen des Brevets) les inventeurs italiens ont déposé 6% de demandes de brevet en plus qu’en 2019, dépassant nettement l’augmentation moyenne européenne de 2,6%. La R&D emploie 6 400 personnes, dont plus de la moitié sont des femmes. Avec 3 milliards investis et une valeur ajoutée directe et indirecte de 17,5 milliards d’euros, l’industrie pharmaceutique est troisième en Italie parmi les secteurs manufacturiers pour les investissements en R&D.

La région du Latium, cœur battant de l’industrie pharmaceutique italienne

La visibilité internationale de l’industrie pharmaceutique italienne est liée au rôle très important qui joue la région du Latium. Son district industriel basé au sud de Rome se caractérise par une intense activité innovante, une base de production bien établie et un grand nombre d’entreprises, qui pèsent 15,4% du total national et représentent 61,8% des entreprises du secteur opérant dans le centre de l’Italie. Presque le 50% des exportations italiennes dans le monde proviennes du Latium.

Le district se trouve depuis quelques années au centre des intérêts des différents pays grâce à son grand nombre d’entreprises internationales présentes, mais aussi grâce au rôle joué par Rome et son centre de recherche et développement de très haut niveau.  Tout d’abord citons l’Institut Spallanzani de Rome, excellence nationale pour les maladies invectives : c’est ici que la Covid19 a été isolée en début 2020. Ensuite, le développement du vaccin Astra Zeneca, produit par ce laboratoire d’Oxford en partenariat avec la société IRBM de Pomezia (Ville au sud de Rome), spécialisée dans le traitement des adénovirus affaiblis destinés à être utilisés comme vecteurs pour introduire des protéines virales dans l’organisme capables de stimuler la réaction immunitaire. En autre, la région du Latium a signé un accord pour la production du Vaccin russe Sputnik, en phase de test en attendant le feu vert de la part de l’EMA.

Enfin la région a déjà entamé le développement d’un vaccin découvert par la société Takis, jeune startup italienne basée au sud de Rome. Takis, dirigé par le PDG et directeur scientifique Luigi Aurisicchio, vise à tester son vaccin à base d’ADN à l’automne. La petite entreprise, qui compte 25 employés et a réalisé un chiffre d’affaires de 2,2 millions de dollars en 2018, a été fondée en 2009 par un groupe de biologistes et de chercheurs de la division recherche et développement du géant pharmaceutique Merck & Co. Takis a commencé son activité dans le secteur du développement des vaccins et des thérapies pour le cancer, grâce à l’expérience de ses fondateurs dans la thérapie génique et l’oncologie. Avant de concentrer ses efforts sur la Covid-19, la société était en négociation avec les régulateurs pour commencer des essais cliniques pour un vaccin personnalisé contre le cancer – basé sur l’ADN et l’ARN extrait de la tumeur d’un seul patient – qui empêcherait la tumeur identifiée de revenir. Grâce à Takis et à l’ensemble de son tissu entrepreneuriale, la région du Latium est devenue l’épicentre de la production, de l’exportation et de l’avancée nationale dans la production des vaccins et médicaments.

L’Italie a su entreprendre son développement avec l’objectif de devenir un acteur international majeur du secteur et de gagner sa souveraineté médicale. Les résultats obtenus jusqu’à aujourd’hui sont la preuve de sa capacité de croissance et représentent une grosse opportunité pour ses partenaires européens.

Edoardo Secchi
Entrepreneur, Conseiller économique
President d’Italie-France Groupe et du Club Italie-France


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