Traduire aujourd’hui semble un métier à la portée de tous, en partie grâce à la profusion d’outils de traduction assistée. Ce serait mettre de côté la plus-value de ces professionnels linguistes qui en plus de leur capacité à traduire dans une langue étrangère ont aussi la capacité à saisir les subtilités d’un univers. Une vision partagée par Cécile Spinelle qui œuvre dans ce domaine depuis plusieurs années.
Quel a été votre parcours avant de monter votre structure de traduction ?
C.S : « J’ai d’abord fait des études de langues étrangères appliquées au sein de l’université Blaise Pascal de Clermont-Ferrand avant d’obtenir un Master LEA avec une spécialisation en gestion interculturelle des ressources humaines. Puis en 2012, je me suis expatriée en Italie (mon mari ayant un contrat là-bas). J’ai découvert une plateforme dont l’objectif est de mettre en lien les linguistes avec les agences de traduction. Je me suis inscrite et j’ai eu mes premiers contacts. J’ai découvert et développé une passion pour ce métier et en 2015, j’ai monté ma structure ».
Quel est aujourd’hui votre cœur de métier ?
C.S : « la traduction, la relecture et la révision mais également le MTPE (postédition de la traduction automatique). Je reçois un texte déjà traduit par un outil d’automatisation. Mon travail consiste à le vérifier. La traduction doit être fidèle et refléter l’intention du texte source. Je travaille sur des documents de l’anglais et de l’allemand vers le français sur des sujets de communication d’entreprise, RH, marketing, techniques. Je maîtrise aussi l’italien pour des sujets généralistes. Mes clients sont des agences de traduction avec lesquelles je collabore maintenant depuis plusieurs années. Les domaines sont variés : contenus web, stratégie commerciale, questionnaires d’entretiens de recrutement… »
Quels sont vos atouts concurrentiels selon vous ?
C.S : « Je suis sérieuse, fiable et honnête. Un adjectif important dans notre métier, car parfois, il vaut mieux savoir dire non plutôt que de mal traduire voire de faire des contre-sens. Les retours de mes clients sont très positifs. Aujourd’hui, le métier de traducteur évolue très vite, notamment au regard de l’arrivée des nouvelles technologies, l’IA en particulier. À nous de nous adapter, d’être proactifs, de tenir les délais. Il faut aussi bien connaître nos clients et le secteur dans lequel ils évoluent. Cette vision, cette habitude aussi à traduire certains univers nous permet d’avoir des réflexes mais également de maîtriser les tournures ainsi que les termes que notre client va préférer ».
Du coup, l’IA est-elle une menace selon vous pour le métier de traducteur ?
C.S : « Non pas vraiment pour moi, elle ne remplacera pas l’humain. Je vois l’évolution de notre métier avec elle. Néanmoins, l’IA n’est qu’un outil. Certains de mes clients me sollicitent pour relire un document sur lequel ils ont un doute. Travailler avec l’IA pour mieux la maîtriser, en montrer ses limites et faire valoir notre valeur ajoutée : je pense que ce doit être notre objectif pour les années à venir. Je comprends que la tentation soit grande de s’appuyer sur l’IA pour aller plus vite. Pour autant, le résultat final laisse souvent à désirer avec des fautes d’orthographe, de grammaire mais aussi de sens. C’est là où l’œil et l’expertise du traducteur font toute la différence. Les subtilités de la langue, de l’univers du client, seul le traducteur les connaît ».
Y a-t-il un dossier qui vous a plus particulièrement marquée au fil de votre parcours ?
C.S : « Oui, lorsqu’il y a quelques années, j’ai fait des travaux de traduction pour l’ONU-SIDA. J’ai apprécié cette collaboration qui a apporté une nouvelle perspective à mon métier : j’ai eu l’impression d’apporter ma petite pierre à l’édifice, en permettant à différentes cultures, différents pays d’adhérer à un enjeu de santé mondial et en faisant passer les bons messages ».
Cécile Spinelle, Membre de Proz : https://www.proz.com/translator/1633271