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Biodiversité : la prise de conscience de la finance

Entreprendre - Biodiversité : la prise de conscience de la finance

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Renforcée par la pandémie, la prise de conscience de l’importance de la biodiversité par le secteur financier s’accélère. En témoignent la création de nouveaux outils de finance durable, et les engagements concrets pris par certaines banques, comme BNP Paribas, Natixis ou la jeune Helios, en faveur de la biodiversité.

Climat : les banques et investisseurs sommés de prendre leur part 

Réconcilier finance et climat : c’est désormais une nécessité, la transition environnementale devant être financée pour devenir une réalité. C’est en tout cas ce qui ressort de l’étude conjointe WWF et PwC présentée à Davos en 2020, et intitulée “Nature is too big to fail”, en référence à ces banques ou autres institutions financières tellement importantes que leur faillite potentielle, dramatique pour le fonctionnement de l’économie, est empêchée par des renflouements étatiques. De la même manière, la finance verte se doit d’intervenir au chevet de la nature. Andreas Staubli, CEO de PwC Suisse, résume le défi auquel sont confrontées les institutions financières :  “Il est extrêmement dangereux pour le secteur financier de ne pas tenir compte de la perte de biodiversité, car tous les secteurs économiques dans lesquels il investit, qu’il finance ou qu’il assure, dépendent de la biodiversité.”

Andreas Staubli appelle de ses vœux une prise de conscience de la part du secteur financier, et des institutions centrales en particulier : “Pour prévenir toute instabilité financière, nous demandons aux banques centrales et aux autorités de réglementation d’évaluer plus précisément les risques financiers liés à la dégradation de l’environnement et de prendre les mesures qui s’imposent”. La crise sanitaire mondiale du Covid-19 pourrait avoir fait figure d’électrochoc. C’est en tout cas l’avis de Larry Fink, patron de BlackRock : “La pandémie a provoqué une telle crise existentielle, un tel rappel de notre fragilité, qu’elle nous a aussi contraints à relever plus vigoureusement le défi mondial que constitue le changement climatique”.

A cet égard, la mobilisation de certaines banques centrales pourrait témoigner d’une prise de conscience du rôle que pourrait jouer le secteur financier dans la lutte contre le dérèglement climatique. Irene Heemskerk, Senior Policy Advisor Climate Risks and Sustainability pour la National Bank of the Netherlands, l’atteste : « À côté du climat, la perte de biodiversité porte en soi des dangers pour le secteur financier. Nous voulons un système financier sain, qui tienne compte correctement des risques et fasse ce qu’il faut pour en minorer l’impact ”.

De nouveaux outils de finance durable

Face à cette injonction à prendre sa part dans la transition environnementale, le secteur financier s’organise. Et fait preuve d’inventivité, en créant de nouveaux outils de finance durable. A l’image de l’émission d’obligations à vocation sociale, ces “social bonds” dont le marché connaît une croissance rapide. D’après le Crédit agricole, leurs émissions sont passées de 15 milliards d’euros en 2019 à 25 milliards d’euros sur les cinq premiers mois de 2020. Et selon la Caisse des Dépôts, 2021 devrait marquer le retour des émissions vertes, après une année 2020 marquée par la déferlante d’émissions principalement sociales, comme celles de l’Unedic qui a émis 4 milliards de titres pour financer l’indemnisation du chômage partiel. BNP Paribas a ainsi pris en mai dernier de nouveaux engagements en faveur de la biodiversité. Afin de lutter contre la déforestation, la banque s’est engagée à développer ces nouveaux outils de finance durable que sont les prêts à impact positif et les obligations vertes. « Nous encourageons nos clients à orienter leurs investissements financiers vers des fonds qui préservent l’environnement de manière générale ou plus particulièrement la biodiversité », atteste Sébastien Soleille, responsable transition énergétique et développement chez BNP.

A côté de ces nouveaux outils figurent des indicateurs environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) qui permettent de mettre en évidence la bonne performance des entreprises responsables. En mars dernier, Euronext a ainsi lancé le CAC 40 ESG, témoignant de l’accélération de la prise en compte des enjeux environnementaux dans le monde de la finance. Pour Jean-Baptiste Morel, responsable de la recherche ESG chez Arkéa Investment Services, “les entreprises, en particulier les grandes, sont parfaitement conscientes de ce qu’on attend d’elles en matière d’ESG et on voit que leur prise de conscience des enjeux est beaucoup plus grande qu’il y a cinq ou dix ans« . Des sociétés ont manifesté leur intérêt pour ce nouvel indice, à l’image d’Amundi ou de BNP Paris Asset Management. HSBC s’intéresse aussi à ces fonds durables. En 2020, elle a lancé une gamme de fonds indiciels cotés (ETF), répliquant les indices boursiers comme Euro Stoxx 50 ou MSCI Emerging Markets, en surpondérant les entreprises qui émettent le moins de carbone.

BNP Paribas, BPCE, Helios… ces banques qui s’engagent pour la biodiversité

Mais cet engouement pour la finance verte ne doit pas occulter l’engagement direct de certaines institutions financières en faveur de la biodiversité, de façon parfois plus concrète et moins financière. Act4nature, initiative d’engagement volontaire en faveur de la biodiversité destinée aux entreprises internationales françaises, rassemble depuis son lancement, en 2018, 65 entreprises parmi lesquelles BNP Paribas, Axa, EDF, Michelin… Aux côtés de 16 autres entreprises, BNP Paribas a récemment pris, dans le cadre d’act4nature, de nouveaux engagements en faveur de la biodiversité. A commencer par l’exclusion de financements de projets d’exploration ou de production de gaz et de pétrole offshore en Arctique, ou encore une politique d’investissement restrictive dans les secteurs les plus à risque pour le climat. Pour Laurent Bonnafé, Administrateur Directeur Général de BNP Paribas et Président d’Entreprises pour l’Environnement, “ La dégradation de la biodiversité a de multiples répercussions environnementales, économiques et humaines (…) C’est pourquoi, au sein de BNP Paribas, nous déclinons de manière proactive des actions concrètes auprès de nos clients, de nos collaborateurs et de nos partenaires et avons décidé d’affirmer les engagements du Groupe dans une position biodiversité.”

Une position que l’on retrouve chez les nouveaux entrants dans le secteur bancaire. A l’image d’Helios, jeune banque en ligne qui s’est engagée à ne financer aucune activité nocive pour l’environnement : “Depuis notre application, nous proposons le premier compte courant garantissant que pas un euro déposé chez nous n’ira financer une entreprise qui aggrave la crise climatique”, rappelle Maeva Courtois, la fondatrice d’Helios. Une prise de conscience de l’importance de protéger la biodiversité qui est aussi au cœur du dispositif RSE du groupe BPCE. Natixis a ainsi rejoint act4nature en 2019, et a pris à l’instar de BNP Paribas des engagements concrets et mesurables en faveur de la biodiversité. Autant d’initiatives qui vont dans le sens d’une plus grande prise en compte de l’importance de la biodiversité par le secteur financier.


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