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L’empereur des hippodromes
Tous les fans de sport ont en commun l’éternelle recherche du champion incontesté de la discipline qui les passionne. Du football au rugby en passant par le tennis, c’est un débat incontournable, que chacun alimente avec ses propres critères et arguments, dont l’objectivité est souvent relative. Néanmoins, les passionnés de courses hippiques n’auront pas eu ce souci en 2023, la saison réalisée par Christophe Lemaire fut telle, qu’il serait bien compliqué de ne pas le considérer comme le meilleur jockey au monde.
Ce sont tout d’abord les chiffres qui plaident en sa faveur, car avec $43,87M de gains remportés, il est sur le toit du monde, non loin de Irad Ortiz Jr, jockey portoricain aux $39,19M de gains évoluant aux Etats-Unis, mais surtout, devant celui qui est sans doute son plus grand rival sur la scène japonaise, un certain Yuga Kawada ayant quant à lui remporté $38,83M de gains en 2023, à qui il est également parvenu à reprendre la cravache d’or[1] qu’il lui avait cédé en 2022 ; la 6ème de sa carrière.
Bien sûr, une année aussi exceptionnelle n’aurait pu être possible sans un cheval tout aussi exceptionnel du nom d’Equinox. Dubaï Sheema Classic, Takarazuka Kinen, Tenno Sho d’automne et enfin l’incontournable Japan Cup, impératrice des courses au Pays du Soleil-Levant, aucun de ces quatre groupes I ne lui a échappé en 2023. Des performances de haute volée et une année inoubliable, mais est-ce néanmoins suffisant pour que ce duo de légende puisse remplacer Yutaka Take dans le cœur des japonais ? Une question à laquelle eux seuls sauront répondre.
Le rêve Américain des Français
Bien plus qu’une aspiration, c’est une réalité pour une poignée de jockeys français. Le premier d’entre eux se nomme Flavien Prat, 8ème au classement mondial des gains 2023, avec $26,75M remportés. Pourtant, rien ne destinait le principal concerné à un tel succès outre-Atlantique. Deuxième jockey au sein de l’écurie des frères Wertheimer durant les années 2010, il a très vite compris, certainement grâce aux conseils d’André Fabre, que la route était barrée en France et sa carrière vouée à stagner.
Après tout, la concurrence était particulièrement rude avec le premier jockey Maxime Guyon[2]. Celui-ci a alors tenté sa chance aux Etats-Unis et la suite, on la connait désormais, il est devenu une référence des hippodromes américains.
D’ailleurs, il n’est pas le seul, Florent Géroux se trouve quelques places derrière, avec ses $17,33M de gains au pays de l’Oncle Sam. A l’origine, il était seulement parti pour découvrir autre chose, et n’avait forcément la volonté de monter en courses, mais pourtant, combien il aura eu raison de tenter sa chance. Depuis maintenant une décennie il enchaine les Breeder’s Cup[3] et peut se vanter d’avoir lui aussi remporté le Kentucky Derby, course reine aux Etats-Unis dont l’allocation est de trois millions de dollars.
Un As reçu six sur six
Si la carrière d’un jockey tend à s’étaler sur plusieurs décennies, celle d’un cheval de plat est infiniment plus courte et ne dure généralement que quelques années, en particulier s’il est considéré comme un crack. La raison ? Une question d’argent avant tout. Une fois sa carrière de sportif terminée, direction le haras où la valeur de ses futurs poulains dépend – du moins dans un premier temps – de ses performances sur la piste, alors pour une majorité de propriétaires, inutile de prendre davantage de risques, la valeur de leur protégé ne pouvant plus monter, mais pouvant encore descendre.
Toutefois, certains d’entre eux sont si talentueux qu’ils parviennent à marquer l’histoire des courses en un temps record et cette année, les plus chanceux d’entre nous ayant pu assister aux grandes réunions hippiques au sein de l’Hexagone, auront eu le privilège d’admirer un de ces phénomènes nommé Ace Impact. Découvert par Jean-Claude Rouget, meilleur entraineur français pour la seconde année consécutive, avec près de neuf millions d’euros de gains en 2023. La carrière de ce cheval aura duré moins d’un an, mais quelle carrière. Fin janvier, il faisait ses débuts du côté de Cagnes-sur-Mer, participant à une de ces courses d’inédits qui n’attire guère le public. Le 1er octobre de la même année, il remportait le Prix de l’Arc de Triomphe[4] sans efforts, sa sixième victoire en autant de courses, et tirait sa révérence par la même occasion.
Une année 2023 exceptionnelle que nous ne sommes pas près d’oublier, mais qui est désormais derrière nous. Néanmoins, si un chapitre se termine un autre débute, non seulement l’avenir du milieu hippique français s’annonce radieux, tant ses talents sont nombreux, qu’il s’agisse des jockeys, entraineurs, éleveurs ainsi que du personnel de l’ombre dont on parle bien trop peu, mais le meilleur reste à venir.
Après tout, 2024 sera l’année où les regards des passionnés de sport du monde entier seront tournés vers la France, et plus particulièrement Paris.
Mathieu Sauvajot
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[1] Récompense remise au jockey ayant remporté le plus grand nombre de victoires lors de la saison, au sein d’un même pays.
[2] Vainqueur de la cravache d’or en 2019, 2022 et 2023.
[3] Florent Géroux a remporté la 3ème Breeder’s Cup Distaff (Gr. I) de sa carrière en 2023.
[4] Course hippique perçue comme une des plus prestigieuses au monde, proposant une allocation de cinq millions d’euros.
