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Par Thomas d’Hauteville, confondateur de iNNERSHIP
Tribune. Dans le contexte actuel d’accélération des transformations, il faut s’accorder le temps de réfléchir à soi, à ses projets et parvenir à y prendre plaisir.
L’entretien annuel de fin d’année, qui consiste à évaluer sa performance et définir un plan de développement, implique la prise de résolutions, qui ne sont pourtant que rarement tenues, car les urgences du quotidien reprennent le dessus. En ce sens, ces « bonnes résolutions » professionnelles ont trois points communs avec les résolutions de fin d’année : elles ne sont pas toujours prises, encore moins tenues, et donc culpabilisantes. Pour inverser ce cercle négatif, une solution consiste à changer d’approche, en s’inspirant de la « démarche appréciative » fondée sur nos forces. L’idée est de se concentrer sur elles, de les accroître et qu’elles compensent naturellement les faiblesses. Il est alors possible d’en faire un véritable plaisir. Quelques conseils fondés sur la notion de plaisir à mettre en œuvre au travail :
Réfléchir à ce que l’on aime apprendre, et comment l’apprendre
Pour bien apprendre, il faut avant tout que le sujet intéresse. Dans l’esprit de la démarche appréciative, on peut approfondir un sujet déjà connu, qui correspond à une force et qui nous plaît, plutôt que de se former par devoir sur un autre, dans le seul but de combler une faiblesse. Surtout, il importe de réfléchir à comment l’on aime apprendre pour mettre en place une méthodologie efficace. Inutile, en effet, de suivre une formation en présentiel dispensée par l’entreprise pour une personne qui apprend mieux en autodidacte avec des formations en ligne. De la même manière, si celle-ci doit apprendre le coréen, il faut qu’elle le fasse en s’attaquant à la langue par un angle qu’elle aime, comme le sport ou la culture. En choisissant une méthode d’apprentissage adaptée à ses goûts, le collaborateur atteindra ses objectifs en contournant l’obstacle par le plaisir.
L’impulsion doit venir de l’intérieur
Pour bâtir un plan de développement personnel, comme pour se lancer dans des résolutions tenables, il faut avant tout se connaître, sans quoi le risque est grand de se tromper d’objectif. Si un collaborateur se voit, par exemple, offrir une formation au leadership, il doit être auparavant certain que cette compétence correspond sincèrement au type de poste qu’il veut occuper.
Cela ne va pas de soi, et il faut y réfléchir, car une formation suivie par défaut, aussi bonne soit-elle, ne fera pas un bon manager d’un collaborateur qui n’a pas réellement envie d’en devenir un. Si, en revanche, la formation est liée à des objectifs personnels, elle lui bénéficiera particulièrement car il aura une réelle motivation à la suivre. L’essentiel est donc de s’accorder le temps et le recul nécessaire à ce travail d’introspection, pour découvrir ses objectifs sincères.
Se concentrer sur un système plutôt qu’un objectif
Se concentrer uniquement sur un objectif instaure un rapport binaire de réussite-échec, où le risque d’échec est grand. Mieux vaut se concentrer sur le système à mettre en place pour l’atteindre, fondé sur des actions quotidiennes et des bonnes habitudes à prendre – en s’assurant d’y inclure une dose de plaisir. Répartir l’effort sur la durée est à la fois plus motivant et permet, en cas d’échec un jour, de faire mieux le lendemain ; de sorte qu’il est possible de dépasser ses objectifs initiaux.
Par exemple, pour doubler les ventes d’un département, mieux vaut se concentrer sur les moyens et la rigueur à mettre en œuvre (les outils nécessaires, une approche tournée vers le client, la motivation des équipes) plutôt sur le seul objectif de vente. Cela vaut pour une résolution ou un projet de développement professionnel.
Limiter les tâches à faible valeur ajoutée
Non seulement les tâches fastidieuses prennent du temps, mais faites à contrecœur, elles sont souvent mal réalisées. Essayer de les limiter au maximum est une résolution positive, qui dégage du temps pour les tâches utiles, et surtout les tâches agréables. Il peut, par exemple, s’agir de déléguer un certain nombre de tâches, de renoncer à certaines validations, voire tout simplement d’effacer les documents obsolètes de son ordinateur. Ou encore réduire le nombre de newsletters pour ne garder que l’essentiel. Ou même sortir de la boucle de projets superflus. Bien souvent, faire de la place physique permet de réduire la charge mentale pour se concentrer sur l’essentiel. La liste des opportunités est beaucoup plus longue qu’on ne le pense, et davantage de minimalisme permet plus de plaisir.
Distinguer ce qui donne de l’énergie de ce qui en prend
Certaines tâches sont un plaisir pour certains et une plaie pour d’autres. Faire par exemple un tableau Excel peut être vécu comme une expérience structurante — voire relaxante — par une personne et infernale par une autre. Pour être productif, il est donc important d’identifier les tâches qui donnent de l’énergie de celles qui en prennent. Une bonne démarche mentale peut constituer à penser en termes d’Energy list, au lieu de To do list, pour limiter au maximum le temps passé sur des tâches drainantes.
De la même manière, certaines personnes ont une influence positive et motivante pour leurs collaborateurs, et d’autres moins. Il est important de s’en apercevoir, afin de passer du temps avec les personnes qui donnent de l’énergie plutôt qu’avec celles qui en prennent.
L’idée d’une approche fondée sur le plaisir peut prêter à sourire, mais nombreuses sont les études qui lient bien-être et performance. En s’inspirant de la démarche appréciative pour développer les points forts et limiter l’impact des points faibles, les collaborateurs multiplient leurs chances de tenir leurs résolutions, qu’elles soient personnelles ou professionnelles. Et communicatif, le plaisir contribue à installer une atmosphère fructueuse au travail. Il y a donc là une vraie clef de management.