Par Florian CLAVEL, Co-fondateur de Fairspace
La semaine de 4 jours a commencé a apparaître pendant les années 90, mais voit son engouement se décupler ces dernières années et surtout ces derniers mois.
Le principe est simple, il consiste à répartir son temps de travail sur 4 jours au lieu de 5. Généralement sur 32h ou 35h et ce le plus souvent sans réduction de salaire. A ne pas confondre donc avec le temps partiel, qui de son côté entraîne une modification de la rémunération. L’un des principaux avantages perçu par les pouvoirs politiques est l’opportunité de création d’emploi, tandis que les salariés y voient un meilleur équilibre entre leur vie professionnelle et personnelle.
Des initiatives expérimentales ont été lancées par les gouvernements belge et espagnol depuis 2022. En France, ces initiatives sont portées par les entreprises elles-mêmes, avec des “porte-étendards” comme la société LDLC, d’environ 800 salariés, dont le PDG Laurent de La Clergerie milite pour cette nouvelle organisation.
Le travail est-il une finalité ? Il est temps de se ré-intéresser à son bien être et ses besoins !
La question fondamentale que pose la semaine de 4 jours est intéressante : le travail doit-il être notre finalité ? En effet, quand on voit les amplitudes horaires de certaines professions, on est en droit de se poser la question. Nombreux.ses sont les salarié.es qui enchaînent les journées “tunnel”, du lundi au vendredi, et ne comptent pas leurs heures bien au delà des 35h légales en France.
La semaine de 4 jours permet d’envisager un autre équilibre, dans lequel la semaine de travail n’occupe plus 70% de la plupart des travailleurs français.
L’actualité montre que c’est un vrai sujet d’intérêt pour tout un chacun : il y a quelque temps des millions de personnes étaient dans la rue pour justement montrer leur refus de travailler plus longtemps avec le recul de l’âge à la retraite.
Les bien-faits de la semaine de 4 jours ont déjà été mesurés et parlent par eux même : les gens qui y sont passés y sont majoritairement plus heureux ! Une étude de l’université de Cambridge montre que les travailleurs ayant testés le dispositif ont vu leur stress baisser de 39% et leur épuisement de 71%. Les salariés sont également très souvent moins absents en congés maladie.
En ayant plus de temps pour soi, cela permet également de “sortir du tunnel” et de pouvoir se recentrer sur ce qui nous plait vraiment hors du temps du travail et du cadre professionnel : sport, engagement associatif et citoyen, culture, projets personnels, etc. Un 3e jour permet d’envisager d’autres activité qu’une dualité travail-repos que l’on sait maintenant désuète.
Avoir du temps pour soi, c’est également avoir le temps d’apprendre à mieux connaître ce qui nous rend véritablement heureux, et d’avoir le temps de se consacrer à ces activités.
Ralentir, de toute façon
Dans un contexte où à la fois les citoyens et de plus en plus d’entreprises prennent conscience des limites de nos ressources, ralentir, si ce n’est décroître, apparaît non plus comme un scénario possible en réponse au dérèglement climatique, mais plutôt comme une certitude. Cette direction sera soit choisie soit subie, comme le rappelle le 2e volet du 6 e rapport du Giec, qui mentionne pour la première fois le terme de décroissance.
Changer l’organisation de son travail, pour mieux le répartir entre tout le monde (voir la démonstration économique de Pierre Larrouturou), et pour mieux équilibrer nos priorités, moins centrées sur le travail, me semble tout à fait compatible avec les défis que nous allons devoir relever dans les prochaines années.
En résumé, tout est à gagner avec la semaine de 4 jours, et c’est une bonne nouvelle pour les entreprises
En redonnant au salarié la main sur son équilibre de vie en passant à la semaine de 4 jours, celui-ci retrouve une position de décision sur les manières dont il a envie de passer son temps libre et de remplir ses besoins et envies, certains parlent même d’un “droit au bonheur”. Plus en ancré dans le temps présent, ce mode d’organisation semble être compatible avec un mode de vie plus responsable également, moins tumultueux que nos semaines classiques. De son côté, l’entreprise y gagne un salarié mieux dans ses baskets, plus équilibré et souvent plus efficace.
Certes, il n’y a pas de formule magique et il faut tenir compte des spécificités de chaque entreprise pour trouver un bon modèle de transformation, mais croyez nous, cela fait du bien de faire bouger les lignes !
Florian CLAVEL