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La France vue d’Allemagne par un industriel français à Berlin

Photo Franck Castel/ABACAPRESS.COM

Par Luc-Eric KRIEF, entrepreneur

Tribune. Vu d’ici, la France paraît bien mal engagée ! Après la crise du Covid, la guerre en Ukraine et l’incapacité du Président Macron à se faire entendre du Général en chef Poutine, avec la crise énergétique qui nous pénalise également de ce côté-ci du Rhin, voilà qu’en France, les légendaires syndicats CGT et FO créent une crise supplémentaire.

En France, la négociation salariale se passe dans la douleur et à chaque fois, on constate que le bras de fer démarre sous des auspices peu enclines à la discussion. On bloque, on freine l’activité économique, on invective en traitant les patrons de « salauds » qui s’enrichissent sur le dos des salariés et on met la barre des revendications à des niveaux stratosphériques comme pour galvaniser des troupes vers un objectif inatteignable.

Car en France, c’est ainsi que le dialogue social s’imagine. On négocie en mettant un pistolet sur la tempe du vilain patron et on occulte les réalités économiques, comme si ce pays n’était jamais qu’un petit village gaulois, indépendant et parfaitement autonome.


En Allemagne, nous savons que l’économie est importante pour la santé du pays. Alors on fait attention, même si parfois les syndicats savent mettre la pression. On ne bloque pour ainsi dire jamais les usines et on essaie de trouver les meilleurs compromis, sans oublier que l’emploi est la 1ere chose à préserver. Les accords sont souvent gagnant-gagnant et on mesure à l’aune de la réussite financière des entreprises, ce qu’il convient de demander sans exiger. Le dialogue social a des réalités et des limites qu’il faut savoir considérer.

Alors, les industriels implantés en Allemagne, peuvent aisément voir le gap qui se creuse entre une économie qui sait s’exporter et une économie qui tend à se rétracter. L’industrie a encore réussi certaines prouesses en Allemagne, même si le contexte est souvent difficile, et on voit chaque année notre balance commerciale afficher un score très enviable. L’industrie aura participé à la construction du pays et à nous donner les moyens d’investir sur des moyens de production modernes, efficaces et vertueux.

Bloquer un pays c’est le fragiliser. Laisser faire et prospérer ces actions ne peut que générer des craintes pour les investisseurs et des stigmates pour les années futures. La France parle de réindustrialisation. Mais comment l’envisager quand on sait que les syndicats jusqu’au-boutistes sont prêts à fragiliser, casser et participer à l’effondrement de certaines activités sans en tirer les leçons qui s’imposent.

Faut-il voir la France comme un pays d’avenir ou comme un pays déraisonnablement conservateur de valeurs d’antan ? La lutte des classes n’est pas tout à fait morte et si Zola était de ce monde, sûr que Germinal serait réécrit dans un contexte fort différent mais singulièrement proche. Les syndicats font leur révolution idéologique sans changer de paradigme et l’Etat français n’a guère le courage de dénoncer et de sanctionner toutes les entraves aux libertés individuelles des non-grévistes. Au fait, quand on voit les niveaux de rémunération atteints par certains grévistes, on peut s’interroger sur le bon sens de certaines revendications !

A ce rythme, la France va s’éloigner un peu plus des pays du G7 et si elle en fait encore partie, c’est probablement que l’histoire lui reconnaît encore quelques valeurs. Mais jusque quand ?

Pendant que la France souffre de ses maux et dérives, en Allemagne le Gouvernement met les bouchées doubles et aident les industries à passer cette crise énergétique en mettant sur table environ 200 milliards d’euros. Merci aux réalisations budgétaires des années passées qui donnent à l’économie allemande la bouée d’oxygène nécessaire au maintien de ses activités.

A quand des syndicats salariés responsables et pragmatiques ? A quand des gouvernements responsables et faisant respecter les Lois ? A quand une justice qui sanctionne équitablement employeurs et salariés qui ne respectent pas la réglementation ? A quand un pays qui se redresse et non qui part en quenouille ? La France vue de l’étranger fait sourire mais pas sûr que les victimes collatérales de ces mouvements inopinés ne rient jaune dans un futur proche.

Luc-Eric KRIEF



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