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Horlogerie française : rebondissement dans la liquidation du groupe AIÔN ?

Entreprendre - Horlogerie française : rebondissement dans la liquidation du groupe AIÔN ?

Communiqué de presse du Collectif AIÔN emmené par Hubert Patural, fondateur et président du Conseil de surveillance jusqu’en septembre 2022.

Pour rappel, le directoire du groupe annonçait par voie de communiqué le 24 février dernier, mettre un terme à ses activités et le dépôt de cessation de paiement auprès du Tribunal de Commerce de Marseille, pour une demande expresse de mise en liquidation judiciaire immédiate de AIÔN Group SA.

Une trentaine d’emplois sont concernés. Toutefois, peut-être pour minimiser l’impact négatif de son propre crédit « le groupe n’a jamais reçu le moindre financement institutionnel, ni subvention », tenait à préciser dans sa dépêche, Olimpiu Salcou président du directoire.

Dans les années 1990, la disparition de LIP et la manufacture France Ebauches avait sonné le glas de la fabrication en France et plus particulièrement dans le franc-comtois, des mouvements horlogers, le moteur d’une montre, et du spiral, ce petit ressort qui régule le balancier.

Après plusieurs décennies à utiliser un mouvement suisse, japonais ou chinois (appelé calibre dans le jargon horloger), l’horlogerie française espérait un mécanisme 100% tricolore grâce au projet porté par ce nouveau groupe industriel.

Constitué en juillet 2021 avec un capital souscrit et libéré de plus de 20 M€, les primo-investisseurs et actionnaires établissaient AIÔN Group en Provence à La Ciotat par le seul choix stratégique et d’accointance, et confiaient le mandat social de directoire au trinôme Anthony Simao, horloger originaire de Besançon et les alsaciens Olimpiu Salcou et Céline Guth.

Portés acquéreurs d’une manufacture horlogère suisse basée dans le canton de Neuchâtel, les actionnaires de AIÔN Group projetaient le transfert de l’ensemble de l’outil industriel de 450 machines à l’horizon 2025 dans leur propre manufacture de 10.000m2 à édifier sur un terrain de 3 hectares, réservé notoirement à Marseille Métropole.

Dès l’été 2022, les films d’animations et d’esquisses réalisés par les agences d’architectures retenues par le groupe et présentées aux acteurs politiques et économiques locaux auguraient d’un concept audacieux pour ce vaisseau amiral à bâtir sur les collines de La Ciotat avec une vue panoramique sur la baie.

Près de 60M€ d’investissements sur 5 ans était prévisionnés pour 160 emplois à créer à terme. A la charge du directoire de mener à bien ce plan confié d’investissements et de développement.

18 mois après, le couperet tombe brusquement. Cessation de paiement fixée rétroactivement au 1er février. Liquidation judiciaire simplifiée jugée le 23 février.

Une décision judiciaire trop soudaine.

Cette décision judiciaire de liquidation inattendue et brusque était sans compter la réaction de tiers et créanciers lésés qui de surcroit auraient découvert inopinément a posteriori la perte sèche de leurs investissements par voie de presse.

En quelques jours, un collectif d’une vingtaine d’acteurs, primo-investisseurs et souscripteurs en BSA-Air s’est constitué autour de Hubert Patural, fondateur-actionnaire principal et détenteur de 28,80% des droits au 1er degré familial, pour saisir et défendre les intérêts sociaux de l’entreprise.

« Je n’assure plus la présidence du conseil de surveillance et la fonction dévolue d’orientation de la stratégie et de contrôle de sa gestion depuis septembre 2022 » précise Hubert Patural, « persuadé que le groupe et ses filiales poursuivaient le développement attendu et les objectifs adoptés selon une gouvernance engagée et éthique », et de compléter « à partir de ce moment-là, j’ai donc orienté ma disponibilité et mes investissements à la croissance d’autres de mes activités comme OCBI Investment ou Health Tech Corporate Studio».

Au-delà le reproche d’un manque évident et préalable à leur droit à communication d’actionnaires sur des difficultés éventuelles de l’entreprise, le collectif s’interroge sur l’usage d’environ 2.500K€ de cash apporté en 18 mois et doute sur le montant démesuré du passif annoncé de 1.400K€.

Un rapide calcul donne donc près de 4M€ d’investissements réalisés sur la période pour un actif nul déclaré à la liquidation. Qu’adviennent les actifs immatériels de R&D, design, prototypages numériques et 3D, et actifs matériels dont les prototypes physiques ?

Dans le landerneau international horloger, il se dit que AIÔN communique depuis quelques mois sur ses mouvements automatiques commercialisables, dont ses calibres dénommés « Mistral », concurrentiels aux mouvements suisse ETA et japonais Miyota et ses calibres avec complications « L.A.-0x pour Lornet Automatique » pour le marché des montres du luxe, tous développés par les ingénieurs de son bureau d’étude intégré.

« Nous avons relevé de nombreux troubles dans la gestion de ceux à qui nous avions confié le mandat social et le mandat de surveillance » émets l’ex-président du conseil Hubert Patural.

Des chiffres douteux et fortuits inscrits en compte courant associé de certains actionnaires et des écritures comptables ont-elles été échafaudées pour gonfler artificiellement un passif et irrémédiablement, considérer la liquidation comme inéluctable ? Ce sont parmi les questions que se posent ce collectif constitué.

« Sur de nombreux apports tangibles, nos conseils ont déposé il y a quelques jours une requête au nom de notre collectif et une déclaration de tierce opposition à l’encontre du jugement ouvrant une procédure de liquidation judiciaire à l’encontre de la société AION GROUP » précise Stéphane Billet, également primo-investisseur et membre du collectif.

Une date d’audience fixée

« Notre collectif est convaincu, qu’avec une gouvernance bien évidemment entièrement remaniée et ayant fait preuve d’intégrité, la société AION GROUP SA dispose, à condition que les actifs immatériels et matériels ne soient pas déjà détournés, de perspectives sérieuses de retournement, de maintien du savoir-faire et développement de l’activité et des emplois en Provence » et Hubert Patural de conclure « nous avons confiance en la justice pour statuer à nouveau et prononcer la réforme au plus vite de l’ouverture d’une procédure de redressement judiciaire avec une période d’observation raisonnable ».

Est-ce que les acteurs politiques et économiques qui ont soutenu ce projet audacieux de réindustrialisation de l’horlogerie française en Provence peuvent l’abandonner aussi brusquement ? Il semble bien que le collectif ait déjà reçu une écoute attentive et volontaire que le retournement de cette société se poursuive sur ce territoire.

Le jugement définitif de liquidation ou de réforme en redressement avec période d’observation est attendu à l’issue d’une audience qui doit se tenir à la fin du mois de mars au tribunal de commerce de Marseille. Le rendu du jugement concernera aussi de l’avenir des filiales H.H.E, L.B.F, Watch Manufacture, Khronos, Les Ateliers, Felsa Swiss et de ses marques de montres LORNET et HEGID, porte-drapeaux du groupe.


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