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« En s’épaulant, les entrepreneurs arriveront à passer la vague de la crise »

Entreprendre - « En s’épaulant, les entrepreneurs arriveront à passer la vague de la crise »

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Par Isabelle Saladin, Présidente d’I&S Adviser

Tribune. S’entourer d’entrepreneurs expérimentés qui peuvent challenger le chef d’entreprise sur sa stratégie et l’aider à sortir la tête de l’eau est l’une des clés pour passer la crise avec succès. Les incertitudes économiques nées de la crise sanitaire pèsent sur le développement des entreprises et le moral de leurs dirigeants. Si dans une récente étude Ifop pour le JDD, 54% des chefs d’entreprise et 52% des artisans commerçants saluent le plan de soutien mis en place par le gouvernement, il n’en demeure pas moins que de nombreuses entreprises sont en grand danger, a fortiori dans les secteurs contraints d’être à l’arrêt.

Trésorerie, attentisme et isolement, les trois risques du chef d’entreprise

Trois risques pèsent sur le chef d’entreprise. Tout d’abord ne jamais prendre le temps de relever la tête, ne penser qu’à sa trésorerie et perdre de vue sa vision et ses objectifs de développement. Certes, il faut que la trésorerie tienne. Cela est possible pour beaucoup uniquement grâce aux mesures gouvernementales (report ou exonération de charges, suspension des loyers, prêts garantis par l’Etat, aide versée aux indépendants, dispositif de chômage partiel, subvention “Prévention Covid” de l’Assurance Maladie, etc.). Mais un jour ou l’autre, ces mesures s’arrêteront. Alors, qu’adviendra-t-il ? Si le dirigeant n’a pas travaillé sur le moyen terme, il risque de rater des opportunités et de se faire dépasser.

Deuxième écueil fréquent : reporter ses décisions, attendre perpétuellement les nouvelles annonces et mesures de l’Etat. Or l’Etat ne peut pas tout et l’avenir d’une entreprise est d’abord et avant tout entre les mains de son dirigeant. De plus, l’attentisme va à l’encontre même de la posture de leadership que doit avoir un chef d’entreprise. C’est maintenant qu’il faut agir pour redémarrer les ventes et remplir à nouveau les carnets de commandes car les cartes vont être vite redistribuées et la prime ira à ceux qui auront osé en premier. A force d’attendre, le chef d’entreprise peut perdre beaucoup plus encore. En se laissant dépasser par un concurrent qui vient d’une autre région ou d’un autre pays, qui n’a pas peur, qui prend des risques pour rafler tout le marché en un temps record ou/et le retourner sans laisser à personne le temps de le rattraper ou juste de le suivre, c’est le dépôt de bilan, la liquidation, les licenciements, etc. qui peuvent lui tomber dessus.

Troisième travers : s’isoler, rester dans sa tour d’ivoire. Le télétravail modifiant les relations interpersonnelles avec les collaborateurs, cumulé avec la mise en place des règles de distanciation physique et des protocoles de sécurité sanitaire, le chef d’entreprise se trouve privé de remontées terrain ad-hoc, a priori anodines et pourtant essentielles pour prendre le pouls de l’interne et de l’état d’esprit des équipes. Or les équipes sont le capital n°1 d’une PME ! Sans leur implication dans la mise en œuvre de la stratégie, il n’est pas possible d’atteindre les objectifs fixés.

Une fois tout cela dit, il ne s’agit pas de laisser tomber. Au contraire ! il y a des solutions pour que ces écueils on ne peut plus naturels et humains ne compromettent pas les prises de décisions stratégiques par le chef d’entreprise.

La force de « ceux qui l’ont déjà fait » pour aider à passer la crise

La première est de miser sur l’aide de la part d’autres entrepreneurs. La crise a révélé le potentiel de solidarité qui existe entre ces pairs. Lors du confinement du printemps, des initiatives originales ont été mises en place entre des entreprises qui avaient le droit de travailler et d’autres obligées de rester portes closes. Cet automne, assez rapidement de grandes enseignes ont annoncé accueillir les plus petites sur leurs places de marché web. Ce qui est possible en BtoC l’est en BtoB. La seule limite est celle de notre créativité en termes de business. En parallèle, les associations entrepreneuriales se mobilisent pour soutenir gratuitement les entrepreneurs sous forme de mentorat, de mises en relation, de soutien dans l’activation des dispositifs de l’Etat, etc. Il faut donc arrêter d’hésiter, toutes ces initiatives sont bonnes à prendre et évite l’isolement et la prise de décision complètement solitaire.

Autre piste : se faire épauler. Sur ce sujet, rien ne vaut l’intervention d’un entrepreneur expérimenté comme par exemple un operating partner. Ce professionnel de l’accompagnement n’est ni plus ni moins qu’un entrepreneur ayant déjà vécu et géré les hauts et surtout les bas de la création et du développement d’entreprise avec ses propres sociétés. Surtout, il a été dans la même posture qu’eux et savent ô combien ce que veut dire et ce qu’implique une prise de décision quand on est à la tête d’une PME. Un tel dialogue entre alter ego et centré sur des objectifs opérationnels manque cruellement à de nombreux entrepreneurs depuis le confinement alors qu’il est indispensable pour soutenir la capacité d’un chef d’entreprise à prendre des risques d’un pivot ou d’une transformation.

Ces « serial entrepreneurs » ont la capacité et l’expérience pour travailler avec le dirigeant et ses associés sur des pistes utiles et concrètes dans le but de relancer l’activité en intégrant les incertitudes aux plans de rebond. Leurs retours d’expérience et leur regard sont fort utiles pour ajuster un plan de développement, hydrider un business model, renforcer ses leviers de différenciation, identifier d’autres moteurs de croissance, étudier des cessions d’activité ou au contraire capter des opportunités de rapprochement et fusaqs avec d’autres PME, trouver les bons arguments et la bonne stratégie pour convaincre des financiers d’investir dans son projet, questionner la structuration opérationnelle de l’entreprise, mettre en place un nouveau système de management avec un comité de direction digne de ce nom, etc.

En résumé, trouver des solutions opérationnelles pour dérouler le plan de développement prévu, efficacement et dans le respect du calendrier, afin d’atteindre l’objectif et de donner corps à la vision qui porte l’entreprise – et son entrepreneur !

L’heure est arrivée, allons-y !

Les chefs d’entreprise ont plus que jamais besoin d’être à la fois rassurés, orientés, encouragés et épaulés face à la crise et aux incertitudes économiques. Dans leur grande majorité, ils ne demandent qu’à avancer, comme le montrent les chiffres mensuels de l’Insee : ceux d’octobre indiquaient qu’en dépit de secteurs lourdement impactés par un très fort ralentissement, voire l’arrêt total de l’activité la crise (aéronautique, hôtellerie-restauration, monde du spectacle, tourisme, etc.), ils sont prêts à rebondir. Alors n’attendons plus pour se faire aider et allons-y ensemble !


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