Elles sont nombreuses, ces PME en croissance qui pourraient aller bien plus vite si certains de nos investisseurs acceptaient de financer non plus les seuls matériels ou garanties, mais aussi les perspectives de développement !
Au départ, Franck Raffin, licence d’intelligence économique en poche, s’aperçoit que son activité de prédilection est incompatible avec le métier de magistrat auquel se destine son épouse. Au même moment, son aspirateur tombe en panne et il doit changer le filtre. S’apercevant qu’il n’est pas facile de commander sur Internet, il lance Aspibag (via sa société Francklin) à 40 ans dans le garage de son pavillon à Nantes. Très vite, ce passionné d’Internet crée un premier stockage d’accessoires et de consommables pour aspirateurs. Filtres, batteries, brosses… la gamme est complète. Et ce perfectionniste parvient à disposer du plus large catalogue : 150 000 références au total, là où Fnac-Darty ne dispose que d’à peine 12 000 produits et Amazon de 26 000 !
En 2021, sa petite entreprise ne connaît pas la crise et totalise 4,6 M€ de chiffre d’affaires pour plus de 8 % de résultats. Le marché des accessoires d’aspirateurs représente 600 M€ rien que pour l’Europe, et Aspibag a les atouts pour devenir leader européen face aux ambitions du fabricant néerlandais Variant. Chaque année, il investit 12 % de son chiffre d’affaires sur Google et cela « rapporte 6 fois la mise ! ». La place est à prendre, Franck Raffin maîtrise marché et savoir-faire. Il a automatisé la gestion du site et la logistique en la sous-traitant à une filiale de la Poste. Sa base de données recense plus d’un million d’adresses clients.
Reste à convaincre les banquiers de financer stocks et crédits de campagne. C’est son principal sujet d’aujourd’hui : « Les banquiers croient dans l’entreprise, mais ils doivent nous faire rentrer dans leurs ratios d’endettement sur fonds propres, tels qu’ils leur sont imposés par les comités ! »
Un véritable crève-cœur pour cet entrepreneur méthodique, natif de La Roche-sur-Yon en Vendée, qui est convaincu de pouvoir devenir leader européen en 3 ans avec 15-20 millions d’euros de ventes annuelles ; d’autant que la majeure partie des distributeurs (Boulanger, Darty ou Leroy Merlin…) ne vendent pas encore sur le net. Si on ne prête qu’aux riches, on ferait bien aussi de soutenir ceux qui ont fait leurs preuves et qui ont des perspectives de développement. À 52 ans, Franck Raffin en fait indéniablement partie !
Robert Lafont