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Ziad Khoury : « L’IA va concerner aussi les politiques de sécurité »

Préfet, expert dans le domaine de la sécurité et des technologies, Ziad Khoury est né au Liban où il a connu la guerre civile. Devenu haut fonctionnaire français, il a occupé plusieurs postes de responsabilité au sein de l’Etat.  

Ziad Khoury

L’intelligence artificielle touche tous les domaines, qu’en est-il de celui de la sécurité ?

Ziad Khoury – Comme pour les autres domaines, l’IA est une source de risques comme de solutions pour notre sécurité. Par exemple, elle rend plus accessible le hacking tout en étant un vecteur de plus grande capacité de détection des risques et attaques. Il est clair en tout cas que nous ne pouvons pas délaisser cette révolution car elle est là, depuis des années en réalité, et qu’elle va prendre une ampleur très rapide, à côté de laquelle nos forces de sécurité ne peuvent restées démunies.

A cet égard, le choix du législateur, sur la proposition du Gouvernement, de l’introduire pour la première fois à titre expérimental, et de façon très encadrée, dans le champ de la sécurité publique, à travers la loi du 19 mai 2023 relative aux jeux olympiques et paralympiques 2024, constitue une décision importante. Elle concerne la vidéoprotection « intelligente », afin d’aider le travail de nos forces de sécurité dans des situations particulièrement exposées, en détectant de possibles situations anormales. Cette évolution s’inscrit naturellement dans la recherche d’un équilibre exigeant avec les droits des personnes, qui a conduit à un strict encadrement.

L’IA demeure cependant un sujet particulièrement sensible dans le domaine régalien…

Ziad Khoury – En effet, comme pour d’autres technologies dans le passé, des représentations faussées peuvent exister, des préoccupations légitimes aussi, qu’il faut entendre, même si le temps du débat ne coïncide pas nécessairement avec le temps de l’évolution technique. Les pouvoirs publics en sont conscients. Il en est ainsi de la reconnaissance faciale dans l’espace public, qui n’a pas été introduite, car il s’agit d’un sujet de débat qui n’a pas été suffisamment approfondi. Cependant, les usages bénéfiques de l’IA vont bien plus loin que ce que l’on imagine, par exemple dans le domaine de la formation, en aidant à recréer l’environnement opérationnel dans sa diversité.

Qu’en est-il de l’ordre public ?

Ziad Khoury – Face aux évolutions de certains mouvements de protestation, avec de nouvelles formes de mobilisation et de violence, il y a un intérêt à poursuivre l’approche innovante de la gestion de l’ordre public qui a été engagée, incluant une réflexion sur l’apport de l’intelligence artificielle pour des outils d’anticipation, de détection et d’efficience des forces de sécurité.

L’intelligence artificielle pourrait ainsi concerner, sous réserve des contraintes juridiques, l’analyse de données en sources ouvertes. L’IA peut également aider via la vidéoprotection « intelligente » à favoriser le respect des conditions prévues dans la loi (par exemple ne pas masquer, dans certains cas, son visage) ou lorsque des périmètres de protection sont décidés. L’IA pourrait favoriser aussi un meilleur partage en temps réel des éléments opérationnels entre les forces sur le terrain.


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