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Entreprise : comment choisir son associé ?


Que ce soit pour créer une entreprise ou la développer, s'associer n'est pas un acte anodin. Encore faut-il trouver le ou les bons partenaires.

Entreprendre - Entreprise : comment choisir son associé ?

Que ce soit pour créer une entreprise ou la développer, s’associer n’est pas un acte anodin. Encore faut-il trouver le ou les bons partenaires.

Près de deux tiers des entreprises échouent en raison de conflits entre cofondateurs ! Un chiffre qui, à lui seul, illustre l’importance de bien choisir son associé lorsqu’on démarre ou développe son affaire.

Avant tout, mieux vaut réfléchir à ce qu’une association peut apporter, notamment :


  • des compétences complémentaires

    (commerciales, techniques, gestionnaires…), un entrepreneur ne pouvant pas toujours disposer de toutes les compétences ;


  • un carnet d’adresses

    conséquent et/ou une crédibilité ;


  • des fonds supplémentaires

    , pour financer l’innovation, des équipements onéreux… en ouvrant le capital à un tiers et ainsi renforcer les capitaux propres de l’entreprise ;


  • d’être épaulé au quotidien

    . La gestion d’une entreprise oblige son dirigeant à prendre chaque jour des décisions importantes. Certains choix méritent d’être discutés, si bien qu’une réflexion à plusieurs, des échanges supplémentaires, des décisions concertées peuvent sembler plus rassurants. 

Inversement, il est également indispensable de se demander si on est réellement fait pour le travail à plusieurs. Sera-t-on capable de partager les succès, donc les bénéfices, mais aussi les échecs ? Avant de se lancer dans une association, il faut répondre à une question essentielle : pourquoi s’associer ?

«Souvent les gens s’associent car ils ont envie de partager une aventure. C’est bien… à condition qu’ils aient envie de partager la même aventure !», indique Benoît Galy, auteur du livre Bien s’associer pour mieux entreprendre.

 1. Connaître la personne professionnellement

Il s’agit d’abord d’identifier les personnes susceptibles de devenir «associées», en faisant le tour de son réseau, constitué de la famille, des amis, des collègues, des partenaires professionnels en tout genre (clients, fournisseurs, prestataires…)… Au gré des conversations mais sans trop en dire, la bonne personne peut s’imposer.

Reste aussi la possibilité de consulter les offres d’association qui circulent sur Internet. Attention cependant, connaître une personne dans un contexte personnel ou social est une chose, connaître son comportement dans un environnement professionnel en est une autre.

«L’idéal est de s’associer avec des gens avec qui on a l’habitude de travailler, pour éviter les mauvaises surprises. On peut également rechercher un profil clairement identifié doté de compétences préalablement définies et qui, si possible, a déjà fait ses preuves. Le  »bon associé » est celui qui répond à un besoin et avec qui on peut travailler au quotidien».

 2. Une synergie des compétences

Il existe trois fonctions clés dans chaque entreprise : l’entrepreneur, le gestionnaire et le technicien. Les spécialistes s’accordent en effet à dire que la synergie des compétences, ou complémentarité, joue un rôle majeur dans une association. En clair, plus l’éventail des compétences est large, meilleur sera le potentiel de réussite de l’entreprise.

La synergie des compétences doit donc avoir une place prépondérante dans le choix de l’associé. «Si 83% des chefs d’entreprises estiment que la synergie de compétences doit être le premier critère de choix de l’associé, 45% déclarent pourtant avoir connu leur associé dans le cercle « famille et amis ». Cela n’est pas forcément incompatible avec la complémentarité des profils mais révèle néanmoins que le critère de complémentarité n’est pas le seul».

Idéalement, il est ainsi préférable d’avoir des profils et des compétences différentes. Toutefois, il arrive que des profils similaires s’associent et réussissent, à condition que chacun se spécialise dans des tâches bien définies. Le risque est que deux associés fassent le même travail, qui pourrait nuire à l’organisation. Plus les associés sont spécialisés, chacun intervenant dans un domaine précis, plus la relation entre eux est simplifiée, chacun étant maître dans sa paroisse.

 3. Confiance et vision commune

Souvent mise en avant comme fondement de toute association, la confiance occupe une place de choix dans la relation avec son associé : il est indispensable que ce dernier soit une personne fiable, y compris dans les périodes difficiles. Mieux vaut donc au préalable vérifier ses antécédents et son parcours.

Pour autant, la véritable confiance se construit progressivement et s’inscrit dans la durée. De même, il est important de partager une même vision et des valeurs communes. Voyez-vous l’avenir de l’entreprise de la même façon ? Partagez-vous la même stratégie de développement et les mêmes valeurs en matière de management ? Êtes-vous sur la même longueur d’ondes quand il s’agit du mode de vie, des obligations familiales, de l’ambition ou de l’éthique professionnelle ? Vos personnalités sont-elles compatibles ? Autant de questions auxquelles il faut répondre sans se voiler la face.

«La valeur humaine, c’est ce qui permet le dialogue au quotidien ; la vision c’est ce qui va permettre d’être en symbiose lorsque des choix seront à effectuer concernant le développement de l’entreprise». D’autant qu’une association implique souvent de se fréquenter parfois 24 h sur 24 et 7 jours sur 7.

 4. Bien préparer l’association

Certains aspects de l’association doivent être abordés avant sa mise en place pour éviter toute situation de blocage ultérieure, notamment :


  • la répartition du capital

    . L’arrivée d’un nouvel associé engendre une modification de la structure du capital social : soit le capital reste inchangé, et le fondateur attribue une partie de ses parts ou actions au nouvel entrant ; soit l’entreprise procède à une augmentation de capital, le nouvel associé injectant alors des capitaux nouveaux. Dans les deux cas, il faudra prévoir une juste répartition des parts ou actions afin de ne pas léser l’un ou l’autre des associés. Il est toutefois important de rappeler que si la répartition se fait à parts égales (50-50) et que les associés ont des avis divergents sur certaines décisions, cela peut mener à une situation de blocage.


  • le rôle et les responsabilités des associés

    . Afin de ne pas empiéter sur les prérogatives de l’autre, chaque associé doit définir précisément son champ d’intervention, selon ses compétences, ses expériences passées… 


  • la rémunération

    . Même si les associés ne prévoient pas de se rémunérer au lancement de l’activité, la rémunération doit absolument être abordée préalablement. Comme pour la répartition des parts, il est très difficile par la suite de modifier une rémunération (montant ou mode) déjà entérinée. Différents critères peuvent être pris en compte pour déterminer cette rémunération : la qualification des associés, leurs responsabilités, le temps de travail accordé à l’entreprise…

 5. Établir un pacte d’associés

Pour poser les bases d’une future collaboration et protéger les intérêts de chacun, il est important de rédiger un pacte d’associés. Ce document juridique encadre le fonctionnement de l’entreprise en définissant les responsabilités de chacun, leurs prises de décision, la revente des parts et les conditions de sortie.

«Pour bien s’associer, il faut bien choisir les statuts de chacun : associé ou actionnaire. La grande différence ? Un associé ne se paie pas, il apporte sa force de travail. Un actionnaire se paie, dès le premier jour, quoi qu’il arrive. Et de cela, il faut en parler avant et surtout préparer une clause de sortie. Celle-ci peut être rédigée soit dans les statuts mais elle est publique, soit dans un pacte d’associé, c’est-à-dire dans un document confidentiel qui pourra comporter aussi les conditions de rémunération, de rachat, de processus de prise de décision…»

L’association est une démarche extrêmement engageante et il n’est pas facile de trouver la perle rare. Surtout, chaque association est unique. À chaque équipe de trouver son modèle, celui qui marche pour elle.

Quelles sont les clés d’une association gagnante ?

Faire preuve de bon sens, tel est le principal conseil que les experts donnent. Ainsi, pour bien choisir son futur partenaire, il est important de :

  • • ne pas se précipiter dans son choix et prendre le temps de la réflexion ;
  • • bien connaître la personnalité du futur associé. Est-il prudent ou aime-t-il le risque ? Peut-on communiquer avec lui ? Sait-il prendre des décisions ? Sait-il encadrer des salariés ?… ;
  • • vérifier que le futur associé n’a rien caché concernant sa capacité juridique et commerciale, la valeur de son patrimoine, ses expériences passées… ;
  • • ne pas hésiter à demander leur avis à des tiers concernant le futur arrivant ;
  • • partager une vision commune de l’entreprise, notamment en termes d’orientations stratégiques et de valeurs managériales ;
  • • avoir des méthodes de travail compatibles.
  • • faire preuve d’ambition pour le développement de l’entreprise.

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