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Success story : les chips bio Belsia partent à la conquête de l’Europe


À 36 ans, Clémence Leduc et Matthieu Maisons ont quitté leurs jobs à Paris pour reprendre la ferme familiale de Letourville, en Eure-et-Loir. Leur marque de chips Belsia, artisanale et bio, part à la conquête de la grande distribution et des marchés européens. Ce sont deux jeunes ingénieurs qui sont...

Entreprendre - Success story : les chips bio Belsia partent à la conquête de l’Europe

À 36 ans, Clémence Leduc et Matthieu Maisons ont quitté leurs jobs à Paris pour reprendre la ferme familiale de Letourville, en Eure-et-Loir. Leur marque de chips Belsia, artisanale et bio, part à la conquête de la grande distribution et des marchés européens.

Ce sont deux jeunes ingénieurs qui sont à l’origine de la création de l’entreprise Belsia, deux étudiants qui forment aujourd’hui un couple. Les parents de Matthieu Maisons sont agriculteurs, propriétaires de 150 hectares dans la riche plaine de Beauce et cultivent les produits traditionnels que sont le blé et la pomme de terre. Le jeune homme apprécie la campagne, mais prend un emploi salarié à la sortie de ses études d’ingénieur en génie industriel, chez le géant Mondelez.

De son côté, Clémence Leduc, cela sent plutôt la mer que la campagne. Cette championne de voile grandit à l’Ouest, à la Baule, et suit des études d’ingénieur en se spécialisant dans les textiles intelligents. Matthieu Maisons a une idée de produit qu’il travaille, un projet auquel il réfléchit depuis ses études, et il décide de commencer l’aventure de la création d’entreprise et de produits appuyée par ses parents. Sa compagne comprend rapidement qu’il leur faut joindre leurs forces pour aller de l’avant.

La voici qui le rejoint dans sa Beauce, loin d’un océan d’enfance dont elle peut aujourd’hui retrouver la trace sur l’emblème historique gravé sur le porche de la ferme, un navire, plus précisément une frégate, souvenir d’un lointain propriétaire ayant fait fortune dans l’importation de café.

UNE IDÉE FAMILIALE

L’idée de Mathieu et Clémence est de se concentrer sur la chips, ce petit aliment aérien que l’on consomme si facilement à l’apéritif ou en légume aux côtés d’une viande. Cette passion pour la chips vient de la famille. De la grand-mère de Matthieu exactement. Son petit-fils a encore en tête les accompagnements qu’elle imaginait pour accompagner les grillades du week-end. Et quoi de mieux que les pommes de terre !

Des tubercules qu’elle cuisinait parfois en chips. C’est ce goût de chips maison qui a marqué le petit garçon, une saveur qu’il ne retrouvait pas dans les différentes offres que l’on trouve sur les rayons et qu’il a eu pour objectif de recréer à travers un processus de fabrication spécifique. Ni une ni deux, ces deux profils différents et entreprenants se mettent à l’ouvrage. Avant même que la trentaine ait sonné, le couple emprunte pour créer un atelier industriel de chips. Un virage surprenant, mais la faute à Matthieu qui s’est penché sur la fabrication de ce petit produit addictif, multipliant les essais.

Leur approche est très professionnelle, mais provoque quelques inquiétudes chez leurs proches. Le marché de la chips n’est pas facile, même si le segment artisanal ouvre quelques ouvertures. Il n’en reste pas moins que les marques Vico et Lay’s dominent le marché de la tête et des épaules. Mais Belsia, du nom latin de la Beauce, veut exister. Pour cela, elle a trouvé les moyens de se démarquer.

CALÉS DANS LEUR ÉPOQUE

Si leurs études ne programmaient pas Clémence et Matthieu à aller dans cette direction, la méthode avec laquelle ils ont avancé dans leur aventure entrepreneuriale prouve que la rigueur et la méthode de la formation d’ingénieur sont bien au rendez-vous. L’aspect environnemental n’est donc pas oublié, les épluchures se transforment en compost et le maximum des matières utilisées est recyclé.

Clémence et Matthieu sont de leur génération, ils sont également attentifs à la fabrication made in Beauce, avec des ingrédients made in France, à la naturalité du produit qui a été conçu sans additif, sans oublier le point le plus important, la culture de la pomme de terre qui suit les règles de l’agriculture raisonnée. À noter qu’à ce jour, toutes les chips sont fabriquées à partir de la production de la ferme, un circuit que l’on peut qualifier d’extrêmement court. Ces néo-ruraux modèles ont vu leurs chips choisies par l’Assemblée Nationale et le Stade de France, entre autres. Belsia pratique également la vente directe à partir de la ferme ou du site internet.

UNE AFFAIRE QUI MARCHE

Le produit est bon, les ventes commencent aux alentours de l’usine, jusqu’à se faire une renommée suffisante pour séduire de nombreux clients français, et même étrangers. Leur vie est plus que bien remplie, entre la fabrication, la vente, le management, le développement, sans oublier la fondation d’une famille, pas le temps de s’ennuyer. Ils se sont distribué les rôles afin que chacun préserve son pré carré. Huit ans après le lancement, le succès est au rendez-vous, même si la tâche est loin d’être finie. L’entreprise emploie à ce jour huit salariés et utilise déjà pour sa production environ 700 tonnes de pommes de terre pour quelques 150 tonnes de chips.

INVENTIVITÉ

De par les qualités et caractéristiques intrinsèques du produit, les créateurs ont logiquement choisi de positionner leur produit à des prix plus élevés que les grands noms du marché, mais avec des recettes originales et recherchées qui font la part belle aux origines. Sel de l’île de Ré, oignons de Roscoff, curry de la Réunion sont autant d’atouts pour attirer les clients. La recette mise au point met en avant une cuisson au chaudron qui prend soin de retirer l’excès d’huile dans la chips, pour éviter cette sensation de gras qui nuit au produit.

Comme pour tous les entrepreneurs, il est essentiel que la réussite se concrétise, et le travail ne manque pas. Mais au-delà de cet objectif économique commun à tous les dirigeants, l’objectif de Clémence Leduc et Matthieu Maisons était également de vivre et de fonder une famille dans un milieu qui leur convient, qu’ils ont choisi, celui de la campagne après avoir connu la vie agitée des grandes villes. Un modèle qui pourrait inspirer de nombreux autres jeunes cadres en mal d’aventure entrepreneuriale.

Claudio Flouvat

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