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Start-up : avec 42 millions d’euros, les fermes verticales de Jungle peuvent voir haut

Une fois opérationnels, les 3 sites français de Jungle créés par Gilles Dreyfus et Nicolas Séguy permettront d’atteindre une production de 10 millions de végétaux en 2022. Ensuite direction vers les autres pays européens pour implanter d’autres fermes verticales !

Entreprendre - Start-up : avec 42 millions d’euros, les fermes verticales de Jungle peuvent voir haut

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Une fois opérationnels, les trois sites français de Jungle créés par Gilles Dreyfus et Nicolas Séguy permettront d’atteindre une production de 10 millions de végétaux en 2022. Ensuite, direction les autres pays européens pour implanter d’autres fermes verticales.

Il était une fois Gilles Dreyfus, un financier bien dans sa vie chez Carmignac Gestion. Jeune, curieux, c’est en parcourant la presse financière qu’il découvre un article sur l’agriculture urbaine signé d’un certain Dickson Despommier, professeur à l’université de Columbia, un spécialiste des fermes verticales. Sa vie en sera transformée. Le sujet en est plus spécifiquement l’hydroponie, un concept qui l’interpelle tellement qu’il décide de creuser son potentiel. Un tour du monde plus tard à étudier les différentes expérimentations en ce domaine, et le voici en 2016 face à un marché d’avenir. Gilles Dreyfus se lance cette année-là avec Nicolas Séguy, précédemment co-fondateur de la marque de baskets Feiyue, dans la création de l’entreprise Jungle, avec de grandes ambitions.

Des débuts avec la grande distribution

Au départ, les cofondateurs mettent en place pour Auchan un projet au Portugal, une première expérience, avant de créer un autre projet de 5000 m2 de cultures (dont 3800 au sol pour 9 mètres de hauteur) en France à Château-Thierry, tout en négociant la vente des produits cultivés aux enseignes Monoprix et Intermarché. Leur stratégie est de s’appuyer dès le départ sur la grande distribution en les intéressant au projet de Jungle et à son aventure dans l’AgriTech. Autre élément primordial, le choix de la gamme produite. En effet, certains fruits et légumes ne peuvent être produits dans ces fermes verticales, du moins aujourd’hui, ils ne donnent pas de résultats satisfaisants. Autre point essentiel, il faut choisir des espèces dont la rentabilité espérée est intéressante pour parvenir plus rapidement à l’équilibre. Les fondateurs se sont donc orientés sur des produits bien spécifiques : salades, herbes aromatiques et fleurs.

Une « jungle » bien ordonnée

Les deux associés ont mis en place leur concept de culture hydroponique sans pesticides, ni herbicides, avec une lumière fournie par des LED, permettant une nouvelle approche de la culture des produits de leur gamme. La première installation de Château-Thierry fait déjà partie du monde d’après, si l’on veut utiliser une locution à la mode. Il est en effet possible de réguler tous les principaux paramètres en appuyant sur des boutons, une relation évidemment bien différente de celle du paysan à sa terre, mais qui fait quand même rêver ceux qui ont eu à souffrir de la grêle ou d’autres catastrophes naturelles. De plus, les surfaces nécessaires à ces cultures sont réduites et peuvent donc être positionnées assez proches des marchés urbains, afin de les approvisionner, ce qui permet aux produits d’être considérés comme locaux. Rien n’empêche même d’installer ce type de ferme au cœur même des grands centres urbains. Quant à la traçabilité, elle en est facilitée.

Des débouchés inattendus

La start-up ne vend pas qu’à la grande distribution, même si cela est son canal naturel. Jungle a aussi un débouché dans la parfumerie que l’entreprise compte bien développer. Elle cultive en effet déjà des fleurs, parfois rares, pour la production d’huiles essentielles pour la fabrication de parfums. Par ricochet, la pharmaceutique peut aussi faire partie des débouchés intéressants pour l’avenir.

Dr Folamour ?

Non, Gilles Dreyfus n’a rien du fameux docteur et de ses expériences. Ici tout est étudié et planifié, le calibrage, l’odeur, même le goût, grâce à une maîtrise possible pendant la pousse de la plante et surtout une récolte à maturité. Mais il faut du financement pour construire ces bâtiments remplis de technologies et pouvoir recruter le personnel qualifié qui va avec. N’oublions pas que notre créateur d’entreprise vient de la finance. Quant à Nicolas Séguy, il est un entrepreneur reconnu. La poursuite de la rentabilité pour assurer la pérennité de leur start-up est un objectif prioritaire ; un défi de taille pour la création d’une nouvelle « industrie » agricole française.

La question environnementale

Les fermes verticales ont un grand avantage, elles consomment peu d’eau par rapport à l’agriculture conventionnelle, ce qui est largement mis en avant. De plus, elles sont aujourd’hui une activité complémentaire à l’agriculture traditionnelle ; la gamme de produits étant forcément réduite. En revanche, ces fermes sont gourmandes en énergie, et cela a poussé certains acteurs à s’orienter vers un choix d’installation de panneaux photovoltaïques.

42 millions pour quoi faire ?

Jungle vient de réaliser une belle levée de fonds dont la majeure partie s’est faite sous forme de dettes, 35 millions avec Atlante Gestion. Les 7 millions restants ont été levés auprès des fonds Founders Future et Demeter Partners. Les business angels historiques ont aussi participé au tour de table, tels Serge Papin, l’ancien patron de Système U, ou Alain Denin, l’ancien PDG de Nexity. Les entrepreneurs ont prévu de créer grâce à ce financement deux nouveaux sites dans le Sud et dans l’Ouest de la France, soutenus par Monoprix qui a mis en test certains produits dans une soixantaine de magasins, comme cette enseigne le fait d’ordinaire avant un éventuel référencement national.

Pour ce faire, il leur faut aussi recruter le personnel adéquat. Jungle emploie aujourd’hui 25 personnes et compte doubler ce chiffre d’ici un an. Une fois opérationnels, ces 3 sites permettront d’atteindre une production de 10 millions de végétaux en 2022 en lieu et place des 50 000 actuels. Ensuite ce sera la création de sites en Europe.

L’hydroponie dans le monde

Le Japon et Singapour sont sans surprise des pros de l’hydroponie, et un peu partout dans le monde, les investisseurs sont convaincus du futur du concept. En France, mais aussi aux Etats-Unis et en Allemagne, où les levées de fonds se sont également multipliées. Ces solutions semblent intéressantes lorsqu’elles se situent non pas vraiment en ville, mais proches des grands centres urbains. Gilles Dreyfus a décidément bien fait à l’époque de lire cet article sur l’hydroponie, mais c’est sa curiosité et sa conviction qui pourraient bien faire de Jungle l’un des grands acteurs de l’AgriTech de demain.

E.S.


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