Entre défiance des assurés et arrivée sur le marché d’acteurs innovants près à redorer l’image du secteur, l’assurance est en pleine mutation. Les clients pourraient tirer de nombreux avantages des offres digitalisées proposées par les “Insurtech” telles que Alan, Shift Technology ou encore Friday.
Tous les secteurs d’activité ne sont pas sortis indemnes de la crise sanitaire. C’est le cas des assurances, dont l’image a particulièrement été écornée depuis mars 2020. Alors que de nombreux commerçants ont été contraints de baisser le rideau durant le premier confinement, ils n’ont pu compter sur leurs assurances pour être indemnisés, les pertes occasionnées par la pandémie n’étant pas prises en charge dans la majorité des contrats.
Résultats, la confiance des Français s’érode, comme en témoignent les résultats d’un sondage réalisé auprès de 1500 utilisateurs et publié par le comparateur d’assurances en ligne Assurland.com en juin 2020. Pour les Français interrogés, le constat est sans appel : les assurances n’ont pas joué leur rôle durant la pandémie. Près de 90% des personnes consultées à ce moment estimaient à ce titre que les assureurs devaient rembourser aux assurés les économies réalisées en assurance automobile et habitation durant les mois de confinement.
Expérimentation et innovation permanente, la révolution des Insurtech
Ce mécontentement constitue une marque de plus du décrochage entre les besoins des assurés et l’offre de service des assureurs. En mars 2021, soit un an après la crise, pas moins de 13% des Français déclaraient songer à changer d’assurance dans les 12 prochains mois, d’après une étude publiée par Sopra Steria en partenariat avec l’Argus de l’assurance. Pour un Français sur cinq, la crise a fait évoluer les attentes des Français envers leurs assureurs. C’est particulièrement le cas des 18-34 ans, génération sensible aux questions de transition énergétique et de digitalisation des services.
Sans surprise, la crise sanitaire a accéléré la transformation digitale du secteur. Une dynamique que les usagers appelaient de leurs vœux. Alors que 84% des Français prédisent que la digitalisation du secteur poursuivra son cours après la crise, ils sont 64% à espérer qu’elle permette un accès simplifié à l’information et 43% à attendre que les opérations puissent être facilitées. Bien que 80% des assureurs estiment aussi que la digitalisation des processus et des parcours est une priorité, la révolution du secteur est en réalité surtout le fait de startups innovantes.
Ces nouveaux acteurs sont plus connus sous le nom d’”Insurtech”, terme issu de la contraction des termes anglais “Insurance” et “Technology”. A l’exact opposé de l’image poussiéreuse qui colle aux acteurs historiques de l’assurance, ces startups font souffler un vent nouveau, en capitalisant sur le mobile, le big data ou encore l’Intelligence Artificielle dans le but de renouveler l’expérience des assurés. « Au-delà des simples moyens financiers, les sociétés technologiques interviennent aussi avec une logique culturelle fondamentalement différente, fondée sur l’expérimentation et l’innovation permanentes. Ils ont certes une agilité due à leur jeune âge, mais aussi moins de lourdeurs hiérarchiques et de procédures. » analyse Philippe Mangematin, cofondateur de la plateforme d’assurances Seyna et aussi Président d’Insurtech France, qui fédère les acteurs français de l’Insurtech auprès du grand public.
Alan, Shift technology, Friday… l’Insurtech à la conquête des Français
Dans son panorama Insurtech en France dévoilé en début d’année, le cabinet Klein Blue recense pas moins de 224 startups. Sur le podium des acteurs qui ont le plus levé de fonds en 2020, on retrouve Alan, le néo-assureur qui veut révolutionner l’assurance santé pour les entreprises avec 125 millions d’euros ; Shift Technology, qui se positionne sur la gestion du sinistre avec 8,7 millions d’euros et Tinubu Square, une plateforme de gestion des risques, d’assurance-crédit et de caution, qui a quant à elle levé plus de 79 millions d’euros. Tandis que le montant des levées de fonds réalisées par les Insurtechs françaises en 2020 représente 35% des investissements européens dans le secteur, ces acteurs représentent une concurrence de plus en plus sérieuse pour les assureurs traditionnels. Leur arme imparable ? La personnalisation des offres et la relation de proximité qu’ils entretiennent avec leurs clients.
C’est sur ce créneau porteur que surfe la jeune pousse allemande Friday, qui s’est récemment lancée en France. Premier assureur digital en Allemagne, Friday y est connu pour ses offres d’assurance automobile à l’usage. En France, c’est sur le marché de l’assurance habitation que la firme allemande se positionne dans un premier temps, avec l’ambition de créer la première expérience d’assurance que les clients aiment.« Nous allons faire évoluer en continu notre solution d’assurance en fonction des retours de nos clients et du marché, afin de proposer une expérience client exceptionnelle » explique Jehan de Castet, à la tête de la succursale française de Friday. Flexibilité, tarification équitable et service client 360° constituent les piliers de l’offre de l’assureur.
Dans une étude intitulée « Le parcours d’achat du consommateur d’assurance » publiée en 2018 par Facebook IQ et Accenture, les auteurs, évoquant la digitalisation du secteur, prédisaient ainsi que « pour capter la valeur de demain, les assureurs doivent initier une réflexion sur le sujet, sous peine de se voir détrôner par de jeunes concurrents plus agiles ». Ils avaient vu juste.