Décrivez-nous votre nouvel établissement.
Sébastien Dhérines (co-fondateur et président de l’École 18.06) : L’École 18.06 est un établissement d’études supérieures, post-Baccalauréat, qui a pour ambition de former des étudiants aux outils et technologies développés en France. En 1940, un appel a résonné pour restaurer l’honneur et la liberté d’une nation. Aujourd’hui, cet élan nous inspire pour relever un nouveau défi : celui de former des esprits capables de protéger notre souveraineté dans un monde hyperconnecté et interdépendant.
Pouvez-vous nous préciser les différents parcours que vous proposez ?
Les cursus de formation de l’École 18.06 ne sont pas dédiés qu’au numérique. Nous avons également mis en place des cursus orientés en Sciences Politiques. Ainsi, nous avons créé six parcours de formation : un Bachelor en Informatique et un Bachelor en Sciences Politiques, desquels découlent un Mastère en Intelligence Artificielle, un Mastère en Cyberdéfense, un Mastère en Diplomatie d’affaires et un Mastère en Renseignement.
Quelle est la différence entre votre établissement et vos consoeurs ?
À l’École 18.06, nous croyons que la technologie n’a de sens que lorsqu’elle est mise au service de valeurs humaines et stratégiques. Nous formons des futurs stratèges, des visionnaires, des acteurs du changement, capables d’anticiper, d’influencer, et de créer dans un monde où les enjeux politiques, économiques, et technologiques entrent sans cesse en conflit. Ils sont formés dans un contexte de guerre économique, celle-là même que nous vivons actuellement et qui est à la Une des médias.
En évoquant les médias d’ailleurs, je suis convaincu que les établissements d’enseignement supérieurs deviennent des médias à part entière. Le monde académique doit continuer de prendre sa part au débat, qu’il soit scientifique ou philosophique. Il convient, à mon sens, de ne pas oublier les racines de l’Université. C’est la raison pour laquelle l’École 18.06 produit son propre podcast bi-mensuel, baptisé « Indépendances », où nous recevrons des acteurs des nouvelles technologies, de la diplomatie, de l’entrepreneuriat, de l’économie, et du monde politique. Il faut voir cette initiative comme un bouillon de culture où nous prendrons le temps d’écouter la vision de chaque invité. Et les émissions seront naturellement disponibles sur Dailymotion et Deezer, plateformes françaises.
“Nous formons nos étudiants afin qu’ils intègrent le ministère des Armées, le ministère de l’Intérieur ou le Quai d’Orsay“
Où se trouvent vos campus ?
Ces formations seront disponibles sur un premier campus dès la rentrée 2025 : Molsheim à proximité de Strasbourg. L’an prochain, nous ouvrirons deux autres campus à Paris et à Saint-Malo.
Quel est le coût pour un étudiant ?
En formation initiale, les frais de scolarité sont fixés à 9000 euros. En revanche, lorsque l’étudiant est en alternance, à partir de la 3ème année, c’est l’entreprise qui prend en charge les frais de scolarité. Ainsi, l’alternant et sa famille n’ont aucun frais de scolarité à charge.
Beaucoup d’entreprises vous soutiennent ?
Tout à fait. Et elles sont aux racines de l’École 18.06. Les besoins en termes de compétences, notamment en Intelligence Artificielle et en cybersécurité sont réels pour les entreprises françaises, et plus largement européennes. Et plus que les entreprises, nous formons aussi nos étudiants afin qu’ils intègrent nos ministères régaliens tels que le ministère des Armées, du ministère de l’Intérieur ou le Quai d’Orsay. C’est naturellement un travail au long cours. Toutefois, l’intérêt des entreprises et des Institutions est bien réel pour notre démarche, nous recevons plusieurs nouvelles sollicitations par semaine, alors que l’École 18.06 est dans sa phase de lancement, c’est très encourageant !
Votre école a une dimension politique. Vous avez même un slogan, ce qui est rare pour un établissement de ce type, qui est : « La Liberté par la Souveraineté ». Pourquoi ?
Force est de constater que l’immense majorité des écoles d’informatique, publiques ou privées, ont des programmes académiques adossés aux éditeurs américains tels Microsoft, Amazon et désormais chinois avec Alibaba ou Huawei. La conséquence directe est que notre système d’enseignement supérieur forme chaque année des ambassadeurs des technologies non-européennes. Ce qui fait de la France une colonie numérique avec toutes les conséquences géopolitiques induites. Et c’est à partir de ce moment que le bât blesse. Puisqu’à la fois une majorité d’ingénieurs informatique et de décideurs politiques ou économiques vont considérer que la France et l’Europe ne sont pas capables de se doter d’outils et services numériques souverains.
Les équipes de l’École 18.06 ainsi que les partenaires de l’Institution, refusent cet état de fait. Et donc nous refusons l’idée selon laquelle la bataille technologique est perdue. Parce que c’est tout simplement faux. Et le sursaut peut et doit venir, entre autres, de l’appareil académique, privé et public d’ailleurs. Cette digression utile pour vous dire que nos étudiants ne sont pas seulement des apprenants : ce sont des bâtisseurs de souveraineté. Qu’ils développent une Intelligence Artificielle, qu’ils protègent les données critiques d’une entreprise ou de la nation, ou qu’ils conçoivent des stratégies globales, ils portent tous en eux l’exigence d’un engagement au service du collectif. Et c’est tout l’intérêt, au-delà de la seule bataille sur le sujet numérique, de proposer des cursus de type Sciences Politiques.
Sur votre site, vous avez un Conseil de Surveillance et un Conseil Scientifique tout à fait exceptionnel. Nathalie de Gaulle, arrière-petite-fille du Général de Gaulle et marraine de l’École, Philippe Englebert, associé gérant chez Lazard et ancien conseiller spécialisé sur les sujets des entreprises, du numérique et des nouvelles technologies auprès du Président de la République Emmanuel Macron mais aussi des chefs d’entreprises tels que Joan Beaufort ou encore Xavier Prost, responsable des formations chez Stormshield (Airbus CyberSecurity), etc.
Il est vrai que nous nous sommes entourés de personnalités talentueuses et surtout conscientes des enjeux politiques de demain. Il nous faut construire, tous ensemble, une France et une Europe indépendantes et cela passe aussi par la formation de nos jeunes. Ces soutiens sont sincères et pleinement engagés. Nous échangeons pratiquement toutes les semaines avec les uns et les autres. Ils sont individuellement et collectivement pleinement engagés auprès de nos étudiants.
Finalement, et votre question est à propos, car l’École 18.06, indépendamment de son lancement, mais capitalisant davantage sur les expériences de l’équipe qui m’entoure, nous fédérons petit-à-petit une partie de l’écosystème technologique français souverain, qui naturellement prendra de l’ampleur au fil du temps et grâce à l’apport des profils qui suivront les cursus Sciences Politiques, Renseignement et Diplomatie d’affaires, permettant à tout un chacun de s’approprier ces sujets et donc de dépasser le seul aspect numérique ou ingénieur.
Et je tiens ici à remercier Joan Beaufort, co-fondateur de l’École 18.06 à mes côtés, sans qui rien ne fut possible. Ce jeune industriel de la tech développant ses affaires plutôt à l’international se fait un devoir de réinvestir une partie de sa fortune dans son pays natal. La souveraineté est pour lui prioritaire.
Le mot de la fin ?
À Molsheim aujourd’hui, et demain en France et dans le monde, nous créons une communauté internationale d’étudiants, de chercheurs et de leaders, animée par une même conviction : la maîtrise des technologies et stratégies n’est pas une fin en soi, mais un moyen pour écrire l’avenir.
Plus d’informations sur https://18.06.fr
Retrouvez l’émission Indépendances https://www.dailymotion.com/ecole.1806
Qui est Sébastien Dhérines ?
Sébastien Dhérines est né le 26 février 1989 à Longjumeau (Essonne). Il est ingénieur en informatique diplômé de SUPINFO (groupe Educinvest à l’époque). Il y intègre le campus de Paris en 2007 et de 2010 à 2012, alors qu’il est alternant, Sébastien prend la direction de ce même campus.
Fort de la confiance du Président et propriétaire du groupe Educinvest, Alick Mouriesse, Sébastien Dhérines devient Directeur markéting du groupe. En parallèle, il dirigera temporairement Learning Tree, une filiale du groupe, afin de développer la formation professionnelle. Il quittera Educinvest en novembre 2018 en désaccord avec la gestion d’Alick Mouriesse. Le groupe Educinvest sera placé en liquidation judiciaire en août 2020.
Sébastien Dhérines décide de s’associer avec un ancien collègue, Vincent Peyrouse, afin de créer l’École Hexagone, établissement d’enseignement supérieur en informatique. Un fond saoudien décide de soutenir ce projet ce qui permet à deux campus, l’un à Versailles (Yvelines) et un second à Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme) d’ouvrir leurs portes en 2020. En 2024, plus de 240 étudiants y étaient inscrits.
À la suite de la défaillance avérée de l’actionnaire saoudien (99,99% du capital), Sébastien Dhérines et Vincent Peyrouse s’associent avec l’industriel alsacien Joan Beaufort. Ils tentent une première fois de racheter les parts de l’actionnaire saoudien et de prendre en charge l’intégralité des dettes. Puis, face au refus de l’actionnaire, ils proposent de sauver les actifs de l’École Hexagone et de prendre en charge deux-tiers des dettes auprès du Tribunal de Commerce de Versailles qui leur préfère la société FINESCA sans reprise du passif (source : délibéré du 10 décembre 2024, Tribunal de Commerce de Versailles).
Sous l’impulsion de Joan Beaufort, Sébastien Dhérines et Vincent Peyrouse créent alors l’École 18.06 à Molsheim en Alsace dont l’objectif est de former des profils qui défendront avec force et ambition les souverainetés françaises.