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C’est une petite révolution qui, comme souvent dans le monde de l’entreprise, est aussi discrète que profondément impactante. Encore méconnu du grand public il y a quelques années de cela, le marché des solutions SaaS (« Software as a Service », ou logiciel en tant que service) devait frôler les 200 milliards d’euros en 2023, soit une augmentation de près de moitié par rapport à l’année 2018.
Pour les seuls logiciels de comptabilité, le marché devrait dépasser les 30 milliards de dollars d’ici 2029. Des chiffres qui donnent la mesure des bouleversements à l’œuvre au sein d’un marché des logiciels d’entreprise en constante évolution, où les solutions SaaS prennent, peu à peu, le dessus sur leurs plus classiques concurrentes On-Premise (« sur place » ou « logiciel sur site »).
SaaS, On-Premise : quésako ?
A la différence de ces dernières, qui imposent aux entreprises clientes d’investir dans des serveurs locaux et des infrastructures parfois coûteuses, les logiciels et applications SaaS sont hébergés sur des serveurs à distance. Il suffit à l’utilisateur d’une connexion Internet et d’un abonnement, mensuel ou annuel, pour accéder à l’ensemble de leurs fonctionnalités. Une formule plus flexible, rapide et évolutive que son équivalente On-Premise, qui séduit sans surprise de plus en plus d’entreprises, quels que soient leur taille et leur secteur d’activité – y compris, donc, beaucoup de TPE/PME pour lesquelles ces solutions étaient, jusqu’alors, tout simplement inabordables.
Prêts à l’emploi et affichant des coûts initiaux plus faibles que leurs concurrents, les logiciels SaaS sont, de plus, intrinsèquement synonymes de mobilité, la mise à distance du support physique permettant à leurs utilisateurs de travailler de n’importe où et n’importe quand. Enfin, ils offrent en général des mises à jour régulières et automatiques, et permettent de réaliser de significatives économies d’échelle, quel que soit le métier concerné : marketing, gestion de la relation client, ressources humaines, gestion des achats, messagerie et outils collaboratifs, création de sites de commerce en ligne, etc.
Quelles précautions avant de choisir un prestataire SaaS de gestion de comptabilité ?
En plein boom, le marché du SaaS attire logiquement les éditeurs historiques de logiciels de gestion mais aussi de nouveaux venus « pure players ». A tel point qu’il peut être difficile de s’y retrouver dans ce véritable maquis d’acteurs de toutes tailles… et aux réputations et fortunes diverses. Éminemment stratégique du fait de la sensibilité des données qui lui sont confiées, une solution de gestion doit, avant tout, correspondre à des besoins clairement identifiés. Afin d’en éprouver la fiabilité et la performance, il ne faut pas non plus hésiter à exiger des éditeurs leurs références utilisateurs et leurs retours clients. Enfin, une attention particulière doit être accordée au niveau de sécurité des données proposé par le prestataire retenu.
On peut, pour cela, s’assurer que l’éditeur SaaS se prévaut de la norme ISO 27001, celle-ci attestant que ce dernier répond à un niveau minimal d’exigences. Autant de précautions qui n’ont rien d’un luxe inutile, comme en témoignent les récentes déconvenues rencontrées par des entreprises – quand il ne s’agit pas de secteurs économiques entiers – qui ont confié leur comptabilité à des nouveaux venus peu fiables.
Pennylane, Dext, Silae, PayFit : ces éditeurs SaaS qui ont lâché – ou fâché – leurs clients
Ainsi du secteur français de la métallurgie, récemment lâché sans préavis par l’éditeur de logiciel de paie PayFit. Arguant de la mise en application, depuis le 1er janvier, d’une nouvelle convention collective unique s’appliquant à l’ensemble du secteur, PayFit a, tout simplement, décidé de ne pas se mettre à jour pour répondre à l’évolution de la réglementation conventionnelle des entreprises de la métallurgie. Une décision précipitée, qui a pris au dépourvu des dizaines d’entreprises tricolores, contraintes de se reporter en urgence sur d’autres prestataires pour gérer leurs paies, avec toutes les complications que l’on imagine.
D’autres mésaventures ont surpris, cette fois, les clients des éditeurs Dext et Silae, deux éditeurs de logiciels comptables SaaS. Le premier a, l’année dernière, imposé une importante hausse de ses tarifs, et ce en plein milieu de la période fiscale pendant laquelle les experts-comptables n’ont ni le temps ni les moyens de chercher de nouveaux prestataires. Quant au second, il a lui aussi révisé unilatéralement ses contrats à la hausse, tout en les assortissant d’un coffre-fort numérique dont la plupart des cabinets comptables sont déjà équipés et qu’ils n’ont donc pas besoin de payer une seconde fois.
Jeune pousse française devenue licorne, l’éditeur de logiciels SaaS Pennylane fait, de son côté, l’objet de critiques récurrentes des experts-comptables ayant adopté ses solutions. « Ce n’est pas productif de faire le même travail deux fois. Allez-vous faire quelque chose ou dois-je refaire manuellement toutes les corrections ? » ; « Pouvez-vous réparer la connexion (…) svp ? C’est assez urgent, mon cabinet comptable n’a plus accès à aucune des transactions » ; « importantes et récurrentes difficultés (…), temps de latence important » ; « Je ne parviens plus à ouvrir l’application mobile de Pennylane sur mon smartphone »… : ces quelques messages laissés sur le forum de l’éditeur, s’ils ne suffisent pas à tirer de conclusion générale, témoignent du mécontentement fréquent de clients de la pépite tricolore.
Attention aux nouveaux venus aux dents longues
En matière de prestataire SaaS de comptabilité comme vis-à-vis de l’ensemble de son écosystème, séparer le bon grain de l’ivraie fait donc partie des incontournables pour toute entreprise attachée à l’efficience de ses process comme à son image de marque – les failles d’un éditeur de logiciels pouvant avoir de fâcheuses répercussions sur ses fournisseurs comme sur ses clients ou propres employés. Alors que le marché du SaaS et des ComptaTech représente un nouvel eldorado pour certains nouveaux venus aux dents longues, il importe, notamment, de prendre le temps de s’assurer du sérieux et de la fiabilité de son prestataire. Quitte à écarter les offres trop alléchantes des nouveaux entrants et autres disrupteurs en série…
Anaïs Lamarge
