En théorie, hommes et femmes sont totalement égaux face aux études, à l’orientation, aux métiers et à l’emploi. Mais nous savons tous que la réalité est toute autre. Les métiers auraient-ils un sexe ?
Comme le montre cette enquête Ipsos, menée par la Délégation interministérielle à la famille, cela commence à la maison.
Le poids de la culture familiale
Les parents ont une représentation très sexuée des métiers. Quand on leur demande quels secteurs ils conseilleraient à un garçon parmi ceux qui recrutent, les parents citent dans l’ordre l’énergie-environnement, les technologies de la communication et l’industrie.
Et pour une fille : les technologies de l’information, les services et les soins à la personne.
L’industrie ne vient pour les filles qu’en 6ème position, le bâtiment en 8e. Une question d’orientation ? Dans la pratique, les filles réussissent plutôt mieux leurs études, mais dès la troisième, on observe de grosses différences dans les choix d’orientation en fonction des sexes.
Après le bac, cela s’accentue encore :
les garçons, plus souvent dotés d’un bac S, s’orientent deux fois plus que les filles vers les classes préparatoires aux grandes écoles. Avec un bac techno, deux garçons sur trois choisissent une filière professionnelle de type IUT ou BTS, contre moins d’une fille sur deux.
Les filles, elles, s’orientent davantage vers l’université
où elles se retrouvent majoritaires (à 70 % !) en lettres, langues, sciences du langage et arts, et très minoritaires en sciences (34%) et en technologie (19%). Elles sont d’autre part très majoritaires dans les filières paramédicales (85%) et sociales (79%).
En mars dernier, le Laboratoire de l’égalité, en partenariat avec le Conseil Régional d’Ile de France, a organisé un événement autour de la question de l’orientation professionnelle des filles et des garçons. Un colloque qui a démon tré que « Oui, les métiers ont un sexe » comme l’ont expliqué Françoise Vouillot, enseignante- chercheure en psychologie de l’orientation, auteure d’un livre sur le sujet et Marie- Alexia Veyer, directrice de la stratégie et des relations extérieures, de Pôle Emploi.
Par exemple, au sein des bac pro « production », on trouve seulement 13% de filles alors que du côté des Bac pro « services », ce sont les garçons qui manquent à l’appel, ils ne sont qu’un tiers. La deuxième table ronde a essayé de démonter que l’orientation professionnelle ne dépend pas que de l’éducation, grâce aux témoignages d’Arnaud Bihel, journaliste et auteur du livre « A la télévision les hommes parlent, les femmes écoutent », d’Annie Batlle, ayant oc cupé des postes de direction dans des grandes organisations publiques et privées, auteure du livre « Les femmes valent-elles moins cher que les hommes ? » et d’Aya Cissoko, championne du monde amateur de boxe française et anglaise qui a évoqué les inégalités dans le sport.
Ce n’est pas une fatalité !
Il est prouvé dans les faits que les femmes travaillent plus naturellement dans des métiers dits « féminins », notamment l’éducation, la santé, le social et les services, comme le prouve notre « Top 10 » des métiers les plus exercés par des femmes. Mais heureusement, la donne est en train de changer. D’ailleurs, les Françaises sont particulièrement admiratives envers des femmes qui exercent des métiers dits « masculins ».
D’après une enquête Havas-Toluna , « la femme qui a réalisé l’action la plus remarquable » serait Claudie Haigneré pour 17% des sondés, une femme de sciences qui fut parmi les premières promotions de filles de l’École Polytechnique, et la première à voyager dans l’espace. Tout un symbole !
À égalité, on trouve Virginie Guyot, pilote de l’armée de l’air et première chef de la patrouille de France. Viennent ensuite Christine Lagarde, première femme à diriger le Fonds Monétaire International qui obtient 14% des suffrages, puis Anne-Sophie Pic (10%), une chef triplement étoilée dans l’univers de la gastronomie, élue meilleure femme chef du monde. Les métiers s’ouvrent de plus en plus à l’égalité et tout est fait pour qu’il n’y ait plus de préjugés.
10 000 femmes en cours de formation dans les métiers du bâtiment
Par exemple, actuellement, 10 000 femmes sont en cours de formation dans les métiers du bâtiment, autrefois réservés aux hommes. Pierre Gomez, directeur du CFA Bâ timent de Rueil-Malmaison, explique l’importance de la féminisation du secteur : « Dans nos 5 CFA, nous avons des femmes dans tous les métiers du bâtiment, mais il y a effectivement des métiers plus porteurs.
La serrurerie- métallerie et la peinture sont les deux métiers les plus demandés par les femmes car ils supposent une part de créativité. Viennent ensuite l’électricité, la plomberie et le chauffage. Les moins demandés sont la menuiserie, et surtout la maçonnerie . »
L’époque où les petites filles rêvaient surtout de devenir hôtessses de l’air ou infirmières semble révolue, même si ces métiers continuent à tenir le haut du pavé. Aujourd’hui, toutes les fonctions réussissent à celles qui s’en donnent les moyens et travaillent pour cela. Le fait qu’il y ait déjà 30% de chefs d’entreprises dans tous les secteurs et de plus en plus de femmes dans la vie politique démontre que les postes sont de moins en moins sexués. Un pas de plus vers la véritable égalité hommes-femmes !