Créée en 2014 par Laure de Charette, PROMÉDIATION a pour objectif d’accompagner les entreprises à retrouver l’essentiel : l’humain. Rencontre.
Vous dites souvent, lorsqu’on vous interroge sur votre vision des entreprises, que beaucoup ont adopté le même adage : tant que ça tient, ça tient. Vous pouvez développer ?
Les entreprises ont souvent conscience de certains dysfonctionnements. Pour autant, trop encore ne savent pas faire ou ne veulent pas faire pour changer la donne. Elles se retrouvent au pied du mur avec des problématiques sur les Risques Psycho-Sociaux, des signalements de cas de harcèlement, des arrêts maladie à répétition, du désengagement, du burn-out ou pire. J’interviens souvent à ce moment-là. Mais ce que je tente de faire comprendre au monde de l’entreprise, c’est qu’il est temps de prendre conscience de la nécessité de changer de paradigme et de s’inscrire dans une véritable politique de prévention (préventive et/ ou corrective). S’il est naturel d’investir dans les lignes de produit, il devrait en être de même dans l’humain et le relationnel…mais pas n’importe où. Organiser des séminaires de team-building, offrir des temps ou des espaces conviviaux n’est pas suffisant car les problématiques de fond ne sont pas résolues. Communiquer, ce n’est pas l’art de convaincre mais l’art d’entrer en lien. Ce chantier, qui peut prendre entre quatre mois et un an passe par un travail en profondeur avec les équipes, avec cette idée de responsabiliser les salariés. L’enjeu : comprendre pourquoi l’entreprise en est arrivée là ou pourrait en arriver là.
Comment vous positionnez-vous pour aider les entreprises à changer de vision en la matière ?
Ma force est de proposer plusieurs actions pour agir sur la prévention des risques et la qualité de vie au travail, le tout, en conjuguant plusieurs casquettes : experte en médiation, experte sur les RPS, coach certifiée et avocate. Un autre point important, je ne suis pas dans l’entreprise, ce qui me confère plus de légitimité avec une réelle impartialité, neutralité et indépendance. Je peux être amenée à diligenter une enquête RPS et établir des préconisations avec des actions que je peux mener. Un prérequis avant la mise en place de toute action : des ateliers de qualité relationnelle impliquant l’ensemble des collaborateurs (salariés, N+1, N+2…) puis des ateliers avec les équipes, en fonction de là où elles en sont et de leurs besoins réels. Objectif : libérer la parole mais pas n’importe comment, purger l’émotionnel avec de l’écoute active et un travail sur les relations. Pour moi, il est urgent d’aller travailler sur les qualités relationnelles ou efficience relationnelle. Cela permet d’éviter des conséquences graves pour l’entreprise, tant humainement que financièrement.
Pour vous, l’enjeu est donc de remettre les salariés au cœur de l’entreprise même ?
Écoutez, voici quelques chiffres parlants : 15 000 euros par an et par salarié, c’est le coût du désengagement des salariés. 30 000 euros par an, c’est celui du burn-out. 3 milliards d’euros, c’est le coût social lié à la santé mentale et auquel doit faire face la France. Enfin, quand il y a des dysfonctionnements en interne, une entreprise perd en moyenne 40% de sa rentabilité en un an. J’ajoute que le coût financier des RPS représente un tiers du budget des entreprises. Dès lors, il est facile de comprendre que si l’entreprise veut « performer » et jouir d’un climat social positif, il est fondamental de s’engager et ce, sur le terrain, en recréant les conditions de relations humaines saines, transparentes et bienveillantes. Les entreprises s’arrêtent le plus souvent à des actions de sensibilisation et de formation, ce qui est insuffisant. Il faut aller chercher l’engagement des salariés sur la base du relationnel, de l’interactionnel. C’est le discours que je tiens aux dirigeants, aux syndicats, aux CSE et aux salariés .
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