Nous recevons Loïc Cantin, candidat à la présidence de la FNAIM, pour un premier entretien exclusif afin d’échanger autour du rôle des professions immobilières dans notre société.
Après avoir été président adjoint de la FNAIM, président de la région Pays de la Loire et la Loire Atlantique, vous êtes désormais officiellement candidat à la présidence de la FNAIM. Comment envisagez-vous votre rôle ?
Loïc Cantin : Lorsqu’on devient président d’une fédération telle que la FNAIM, il faut être capable d’éviter le piège du corporatisme et de l’exclusion, et à l’inverse concilier l’intérêt général et celui de nos entreprises. Il est également important de souligner, que la FNAIM est identifiée, à la fois par les consommateurs, les professionnels de l’immobilier et les pouvoirs publics, comme un corps intermédiaire et un inter-locuteur de référence en matière d’immobilier et de logement.
Cette réputation est à la fois un immense atout pour nos adhérents qui peuvent compter sur un réseau structuré, puissant et écouté. Mais c’est aussi une très grande responsabilité pour nous, présidents, administrateurs, délégués, qui devons, sans relâche, perpétuer l’influence de la FNAIM, faire évoluer les pratiques, assurer la défense de nos métiers, et être force de proposition.
Concernant nos entreprises, il faut sans cesse relever de nouveaux défis et les accompagner… Le projet que je porte repose sur trois grands piliers : fédérer, défendre et innover.
Quel message voulez-vous adresser aux agents immobiliers ?
Quoi de plus important que d’accompagner nos clients tout au long de leur parcours, en matière de fiscalité, de financement, d’urbanisme, de gestion de leur patrimoine, ces missions qu’assurent nombre de nos confrères dans l’anonymat, sauf de leurs clients qui leur restent fidèles et par-fois sur plusieurs générations.
Et pourtant, nos professions sont souvent mal connues voire méconnues, et sont régulièrement la cible d’attaques. Je pense en particulier au métier de syndic de copropriété en charge de l’administration et de la gestion d’environ 92% du parc total des immeubles en copropriété, où chaque jour nos comptables, nos gestionnaires assurent leur rôle et leur mission d’entretenir et de gérer ces immeubles. Je suis révolté lorsque nos professions subissent des attaques ou des critiques émanant de tiers n’ayant aucune connaissance de notre environnement réglementaire et de la difficulté d’exercice de nos métiers.
Si vous êtes élu président de la FNAIM, quel sera votre plan de route ?
Je veux renforcer la visibilité de nos professions par le biais d’un tour de France régulier dans nos territoires. Je souhaite aller au-devant des Français et leur dé-montrer l’importance de nos métiers et de notre intermédiation. Ensuite, le secteur de l’immobilier est confronté, comme beaucoup d’autres, à des difficultés de recrutement inconnues jusqu’alors. Dans ce cadre, notre fédération a un rôle déterminant à jouer pour accompagner nos adhérents. Pour répondre à cette problématique nous devons opérer une centralisation de nos offres de recrutement, nous devons également renforcer la communication sur nos métiers et enfin nous doter de moyens de formation rapides et immédiatement opérationnels pour nos entre-prises.
Nous créerons ainsi une CVthèque nationale grâce à laquelle les adhérents pourront identifier des profils adaptés sur l’ensemble de notre territoire et ainsi faciliter leurs processus de recrutement. Il est également indispensable de remporter la bataille de la DATA, et ouvrir l’accès de nos données professionnelles en open source à l’ensemble de nos adhérents. Cette méthode permettra d’alimenter nos réflexions sur le logement et de faciliter la compréhension globale de nos professionnels. Je renforcerai également l’équipe du LABEL FNAIM dont j’étais en charge et qui a démontré son efficacité. Je souhaite aussi professionnaliser le FNAIM LAB, afin qu’il devienne un véritable laboratoire d’idées et qu’il nous permette de développer des outils et des compétences concrètes pour les professionnels. La FNAIM doit désormais être à l’origine des innovations technologiques dans le secteur du logement. Je pense par exemple à une application comme Capturama, que j’ai initié et mis à la disposition de nos adhérents.
Vous insistez beaucoup sur la qualité du service…
Oui, nous devons incarner l’excellence et c’est la raison pour laquelle il est essentiel que le décret formation de la loi ALUR, que nous attendons depuis 8 années, soit publié afin d’imposer une formation initiale pour tous les collaborateurs, qui devront désormais justifier d’un minimum de 50H de formation préalable, avec validation des acquis en entreprise pour les collaborateurs en exercice. Il est invraisemblable que l’on puisse être coiffeur le matin, et négociateur en immobilier l’après-midi. Le métier de coiffeur exige à minima un CAP alors que le métier de négociateur peut s’exercer librement sans formation préalable.
C’est ainsi que les agents commerciaux mandataires ont vu leur nombre exploser passant de 4 000 il y a dix ans, à 81 000 aujourd’hui, soit une population multipliée par 20 en dix ans ! Il convient également d’instruire une carte professionnelle par territoire, contrôler l’activité des personnes habilitées, afin que la clientèle puisse entrer en relation avec un responsable qualifié. La première priorité de ce mandat sera consacrée à une proposition de modification de la loi Hoguet dans l’intérêt de nos professions et des consommateurs.
Gérard Meftah