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Olivier Pelat, un homme discret qui cultive l’amitié

Olivier Pelat n’aime pas que l’on parle de lui. Le président d'Européquipements, qui vient de vendre un campus de bureaux à Fontenay-sous-Bois, a hérité de son père, résistant aux côtés de François Mitterrand, un certain sens de la discrétion, presque de l’effacement.

Olivier Pelat, président d'Européquipements

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Olivier Pelat n’aime pas que l’on parle de lui. Le président d’Européquipements, qui vient de vendre un campus de bureaux à Fontenay-sous-Bois, a hérité de son père, résistant aux côtés de François Mitterrand, un certain sens de la discrétion, presque de l’effacement. Et les affaires du crépuscule mitterrandien lui ont transmis une volonté de ne pas se retrouver sous le feu des projecteurs. Une posture qui tient de la gageure pour cet homme de près de deux mètres, magnat de l’immobilier, occupant la 75e place au classement des fortunes de France, et que ses liens historiques avec la famille Bettencourt ont forcé à s’exposer, bien malgré lui, lors de l’affaire la plus emblématique des trente dernières années.

Olivier Pelat, un promoteur atypique

Après un passage chez Europe 1 puis, à la fin des années 80, une incursion dans le business des cartes de vœux musicales, Olivier Pelat investit dans l’immobilier, plaçant ses économies dans l’entreprise Européquipements, aujourd’hui l’un des plus importants franchisés Accor. Disposant de 120 chambres et trois suites, son premier établissement, ouvert en 1990 sous l’enseigne Référence, l’est à Porte de Pantin, en Seine-Saint-Denis. Ce choix étonne dans la profession : « Les banquiers nous prenaient pour des fous de vouloir y construire des hôtels. Nous y avons cru, c’était un pari sur l’avenir. Je reste particulièrement attaché à ce département ». (Il y réalisera plus de 2000 chambres d’hôtel). Si les investisseurs semblent réticents, les proches d’Olivier Pelat le reconnaissent bien là. Au clinquant des beaux quartiers du centre de Paris, l’homme préfère le relatif anonymat de ces zones déclassées, hors-les-murs. Discrétion, toujours.

L’opération est un succès, mais Olivier Pelat est bientôt contraint de revendre cet hôtel, un « crève-coeur ». «A partir de ce jour-là, je me suis dit qu’un jour, cet hôtel serait en revente, et qu’on le rachèterait ». Ce sera chose faite 20 ans plus tard. Pour expliquer l’attachement d’Olivier Pelat à ce premier investissement, sans doute faute-t-il se souvenir qu’il a été effectué au lendemain de la mort de son père, une référence incontournable, dont il était très proche.

Un mécène éclectique

Son père, à cette époque, le nom de Pelat y reste associé pour la plupart des gens. Résistant communiste (connu sous le nom de « colonel Patrice »), ami de longue date de François Mitterrand, Roger-Patrice Pelat a partagé avec l’ancien président des mois de détention en tant que prisonnier de guerre. En 1992, cette proximité permet d’ailleurs à Olivier Pelat, investi dans la prévention contre le Sida, d’obtenir un rendez-vous avec Hervé Bourges, alors à la tête du groupe France Télévisions, pour lui proposer un nouveau projet : Sida-Urgences.

Ce sera la première émission de sensibilisation contre la maladie à être diffusée en direct. Avec l’aide du médecin Arnaud Marty Lavauzelle, président de l’association Aides, Olivier Pelat contribue à faire grandir le projet qui deviendra plus tard, en 1994, le Sidaction que l’on connait grâce à l’engagement des journalistes Claude Sérillon, Pierre-Henri Arnstam et de la comédienne Line Renaud, dont il est resté très proche. L’opération mobilise pendant trois jours une vingtaine de chaînes de télévisions et de radios françaises et a permis de collecter l’année dernière 4,5 millions d’euros de dons.

D’autres causes lui tiennent à coeur, comme les troubles du neuro-développement et particulièrement l’autisme : Olivier Pelat soutient le projet de création d’un centre d’accueil – porté par l’AP-HP et le professeur David Cohen – au sein de l’hôpital Trousseau, dont il est le président du comité de soutien. Son activité de mécène le pousse également à restaurer des monuments emblématiques, tels que la flèche nord de la basilique Saint-Denis. « C’est un projet extraordinaire. On redonne vie à l’artisanat. On se réconcilie avec l’histoire sur un territoire multiculturel », déclare-t-il dans le Parisien.   

« Ne pas oublier »

Si Olivier Pelat a toujours tenté de s’éloigner des « radars médiatiques », le fils cadet des Pelat reste fidèle à la famille Mitterrand et à celle des Bettencourt. Roger-Patrice Pelat était en effet un intime d’André Bettencourt, le mari de Liliane, qu’il a connu pendant la Résistance, très attachée à Olivier. Aussi, lorsqu’on lui demande de défendre ses intérêts devant la justice et d’assurer le rôle de tuteur, l’homme de confiance s’attelle à la tâche.

Dès 2011, il accepte de s’occuper de ses affaires judiciaires, afin d’honorer une amitié de plus de 70 ans entre les Pelat et les Bettencourt. « Je connais les Bettencourt depuis mon berceau. Ils font partie de mon ADN » explique l’homme d’affaires. Olivier Pelat va voir Liliane Bettencourt, atteinte de la maladie d’Alzheimer, le plus souvent possible dans sa maison de Neuilly. « Mais je ne suis même pas sûr qu’elle me reconnaisse », confie-t-il à l’époque à France inter. « Je voudrais qu’elle retrouve sa dignité. Et qu’après, on la laisse tranquille ».

Selon ses proches, Olivier Pelat jouit d’un réseau d’amis de longue date aux liens indéfectibles. « J’ai compris d’où il venait lorsque j’ai assisté à sa remise de légion d’honneur dans un de ses hôtels, à Pantin, au milieu des années 90. Les personnes présentes témoignaient du réseau d’amitié et de confiance dont il bénéficiait » raconte Jean-François Roverato, ancien PDG du groupe Eiffage. Des proches dont les témoignages d’amitié peuplent le carnet vert d’Olivier Pelat, recensant les gestes amicaux à son égard. Tandis que son carnet rouge, nous apprennent Les Echos, est destiné à dénombrer les trahisons et autres coups fourrés. « Pour ne pas oublier », précise celui qui s’avoue incapable de pardon.

De nouveaux projets

La crise sanitaire n’a pas arrêté ce bourreau de travail. Pendant le confinement, Olivier Pelat a mis à disposition de l’AP-HP l’Ibis Budget de la porte de la Chapelle à Paris. En trois jours, l’hôtel, fermé depuis la fin mars, a rouvert ses portes et s’est remis en marche afin d’accueillir les premiers malades du Covid-19. «Je n’ai pas hésité une seconde et bien évidemment accepté. C’est mon devoir d’entreprise familiale» déclarait-il le 16 avril au Figaro.

Il vient de livrer à Saint-Mandé, un ambitieux programme immobilier de l’est parisien qui accueillera la société Ubisoft. Avec ses trois bâtiments et ses quelque 30 000 mètres carrés de bureaux, cet ensemble baptisé Floresco, ayant obtenu six certifications et labels HQE, répond aux nouvelles exigences environnementales. « Il a été pensé pour être irréprochable, respectueux de l’environnement et des gens qui y vivent. Eux resteront et on leur doit de maintenir ou d’améliorer ce qu’ils ont connu et auquel ils sont attachés », soulignait Olivier Pelat lors de la pose de la première pierre il y a trois ans. Sans oublier l’acquisition récente d’un hôtel face à la gare de Genève Cornavin et la vente d’un campus de bureaux de 50 000 mètres carré à Fontenay-sous-Bois, qui sera livré en 2022. 

Olivier Pelat ne connaît pas la crise, et poursuit ses activités, en espérant pouvoir continuer à mener à bien ses projets immobiliers et à soutenir les causes qui lui sont chères.


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