Par Tom Benoit, philosophe et essayiste
Tribune. En préambule, il me faut apporter ma définition de ce diable ou de ce rêve que l’on appelle métaverse, et dont aussitôt le nom jeté au détour d’une réunion, d’un déjeuner, sur plateau de télévision ou de radio, l’on aime à conclure qu’il sera question d’innovation, d’avenir, d’argent, d’aller-retour et de prochains sourires.
Le progrès et la catastrophe sont l’envers et le revers d’une même pièce nous disait Hannah Arendt.
Le métaverse n’est rien de pire, et rien de plus, qu’un outre-numérique – une version du numérique ne nécessitant plus la présence de l’écran, permettant de ressentir, de sentir, de toucher, et pas simplement de voir et de croire ; dans le métaverse, l’observation devient conviction et la représentation devient volonté, ou tout au moins, elle feint de l’être.
Je l’énonçais au JT de LCP il y a quelques semaines depuis le Meta Entertainment World, le premier sommet métaverse du monde qui se déroulait à Monaco en avril dernier, à l’instar de chaque entité, le métaverse est constitué d’un corps structurant ainsi que d’un corps énergétique.
L’hologramme est le corps du métaverse, les crypronomonaies en sont le segment énergétique. À l’intérieur de tout champs, dans chaque microcosme, un corps hiérarchise et de l’énergie circule ; c’est le cas dans l’industrie, dans le cinéma, dans les histoires d’amour ou encore dans l’économie, sûrement plus qu’ailleurs….
Seulement, il est nécessaire de comprendre qu’une monnaie n’est rien de plus qu’une réserve d’énergie, que le système monétaire traditionnel puise son énergie des mouvements que l’humain déploie sur terre, en travaillant, en échangeant, et que dans le métaverse, aucune production d’énergie ne pourra jamais être activée.
Aussi brûlants qu’ils puissent être, les fantasmes ne sont pas des passions vécues ; aussi crédible qu’il puisse paraître, le métaverse ne remplacera jamais la réalité.
Par conséquent, il sera nécessaire de continuer à ponctionner l’énergie de l’homme pour animer le métaverse et, ainsi, par exemple, construire des territoires métaverse, de l’immobilier métaverse. L’architecture est un art concret et l’immobilier est un secteur incontournable ; le métaverse ne supplantera ni l’un ni l’autre.
Au passage, au-delà des conséquences des conflits dramatiques, ponctuels et récurrents rythmant la tragédie de notre société, je précise que s’il existe aujourd’hui une crise de l’énergie, c’est principalement parce que la population mondiale n’en a plus !
En outre, ce qu’il faut prévoir, est que le métaverse s’inscrira bien dans le monde réel, comme un système de gestion venant assister une civilisation devenue dépendante du numérique.
Le métaverse permettra d’ailleurs dans un premier temps de sécuriser certaines crypto-monnaies. La pérennité de celles-ci repose sur la fiabilité des partenariats qui sont déterminés. Les alliances effectuées entre sociétés de cryptomonnaies et exploitants de métaverse permettront de matérialiser par l’informatique un schéma économique parfaitement virtuel.
L’échange entre cryptomonnaies et territoires métaverse, controlés et détenus par des entreprises appartenant à un même milieu, tracera au fil du temps un cercle vertueux qui ordonnera un système qui, a priori, ne repose sur aucune assurance induite par un utilitarisme sous-jacent comme c’était le cas jusqu’ici pour un schéma économique régi par la loi des marchés.
D’autres part, à celles et ceux qui s’interrogent à propos de la crédibilité d’un investissement dans l’immobilier métaverse, je déclare que la valeur des parcelles virtuelles n’est pas à comparer avec un placement immobilier, mais qu’en revanche, il ne sera pas moins fiable que ce que peut l’être un investissement dans une assurance-vie.
Un billet de banque en lui-même ne vaut rien ; la valeur que les États et les banques du monde entier lui confèrent le revêt de tout son attrait. Il en sera ainsi pour les territoires métaverse lorsque le marché sera officiellement défini et verrouillé, comme le furent précédemment internet, le système monétaire, le marché de l’immobilier, la bourse…
Tom Benoit