Un premier pas symbolique a été franchi fin mars à Kaweni, dans la zone industrielle de Mamoudzou : l’installation de la première armoire de fibre optique. Un geste porteur d’un véritable changement de cap pour Mayotte. Car ce point de départ annonce un vaste chantier : d’ici 2030, tout l’archipel doit être raccordé au très haut débit.
Le site choisi ne doit rien au hasard : il héberge l’usine de peinture Mauvilac, emblème du groupe réunionnais Océinde fondé par Abdéali Goulamaly. Et c’est justement ce groupe, déjà solidement implanté dans les télécoms à La Réunion, qui est désormais chargé du déploiement de la fibre à Mayotte. Pour cela, Océinde a créé une filiale dédiée : Mayotte THD, véritable bras armé de ce projet d’infrastructure.
183 millions d’euros pour raccorder un territoire
Le contrat a été attribué par le Conseil départemental dans le cadre d’une délégation de service public (DSP) d’une durée de 30 ans. En jeu : 183 millions d’euros pour transformer le réseau numérique de l’île. Océinde a remporté l’appel d’offres face à plusieurs concurrents, dont Orange.
Le financement repose sur un montage classique de co-investissement public-privé, avec une contribution importante de l’opérateur : Océinde financera 50 % du projet sur les cinq premières années, l’État apportera 55 millions d’euros, le programme européen Restore injectera 10 millions. Enfin, le Conseil départemental complètera avec 26,5 millions d’euros.
60 000 foyers à raccorder
L’objectif affiché est ambitieux : raccorder 60 000 foyers, entreprises et administrations des deux îles habitées de l’archipel d’ici 2030. Le chantier devrait générer 300 emplois directs, auxquels s’ajouteraient jusqu’à 2 000 emplois indirects, selon les premières estimations.
Mayotte THD ne proposera pas d’offres commerciales aux particuliers. Son rôle : construire et gérer le réseau, qu’elle ouvrira ensuite aux opérateurs intéressés. Le modèle est donc “ouvert”, comme c’est souvent le cas dans ce type de projet. Plusieurs fournisseurs ont déjà manifesté leur intérêt, même si Zeop – la branche télécom d’Océinde – n’a pas encore officialisé sa participation.