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Marc Simoncini, nouveau roi du vélo urbain et connecté

Marc Simoncini (photo Jana Call me J/ABACA)

Depuis cet été, le bonus maximal pour l’achat d’un vélo à assistance électrique passe de 200 à 300 €. Une bonne nouvelle pour l’entrepreneur emblématique, Marc Simoncini, toujours aussi fringant à 59 ans, et fondateur de la marque de vélo premium Angell.

Pourquoi après Meetic, se lancer sur ce marché ?

Marc Simoncini : Angell n’a pas été ma première expérience. En 2017, en discutant avec des amis, on s’est dit que c’était dommage que la France n’ait pas une marque de vélo exceptionnelle. On a donc décidé de développer un vélo de course très ambitieux : Heroïn. C’est un vélo ultra léger tout fait à la main avec une texture carbone en forme de balle de golf pour l’alléger et améliorer le coefficient de pénétration dans l’air. On en a fait 350 et on en était très fiers.

Deux ou trois ans plus tard, on s’est rendu compte que la vraie révolution du vélo, elle n’était pas sur les routes mais dans les villes saturées, polluées et embouteillées… On s’est demandé quel était le meilleur moyen de déplacement pour aller travailler et on en a en conclus qu’il s’agis-sait du vélo électrique. On s’est aperçu qu’il y avait deux résistances majeures à l’achat : la dangerosité et le risque de vol.

Sécurité pour le cycliste et pour le vélo ?

Exactement. Cependant, ce que les gens ne voient pas c’est que, si vous voulez rendre un vélo involable, il faut pou-voir le mettre à l’abri. S’il pèse 25 kg, c’est compliqué. On a donc cherché à faire le vélo électrique connecté le plus léger du marché. Avec environ 18 kg, il pèse moins lourd que la majeure partie de la concurrence. Pour la sécurité, on a mis des clignotants, des feux directionnels, des alarmes anti-chutes… tout ça, on a pu le faire en mettant beaucoup d’électronique et de technologie, mon univers d’origine, dans le vélo. Cette sécurité et cette légèreté font qu’Angell est aussi un vélo que vous pouvez utiliser sans moteur.

Comment voyez-vous votre positionnement sur un marché en pleine expansion ?

Nous visons le segment des vélos urbains et connectés. C’est un segment vraiment à part sur lequel il y a 3/4 acteurs seulement. Nous sommes les derniers entrants. Pour gagner ce pari, nous avons opté pour un vélo plutôt cher car plus sophistiqué, très léger et fait en France. Ces trois facteurs nous placent dans la catégorie premium. D’ailleurs, 72 % des gens qui ont acheté Angell n’avaient jamais eu de vélo auparavant et ils sont plutôt CSP+. Ce qui confirme que notre cible est bien les urbains qui veulent remplacer la voiture.

Les pouvoirs publics poussent à fond…

Le côté positif est qu’il y a l’installation massive de pistes cyclables et une demande très forte de vélo post-confinement avec son revers pour nous : c’est à ce moment-là que nous lancions nos vélos. Il a donc fallu gérer un flot de commandes bien supérieur à ce que nous avions pu imaginer et donc trouver les fournisseurs, les pièces, monter une usine…

D’un point de vue logistique, les 2/3 premières années ont été très compliquées. Mais oui, ça a donné un formidable appel d’air sur le vélo qui ne s’arrêtera plus, le vélo va devenir le moyen de transport numéro un dans les villes.

Votre positionnement « made in France », ne vous a t-il pas préservé durant le Covid ?

Je vais être cash : la plupart des pièces « mécaniques », freins, dérailleurs, chaînes, pédales viennent d’Asie. L’Europe a perdu ce savoir-faire depuis très longtemps donc les vélos « made in France », c’est très compliqué et ça n’existe quasiment pas. En revanche, et c’est notre cas, vous pouvez fabriquer votre cadre en France et y faire l’assemblage.

Nous essayons d’avoir le maximum de composants fait localement, la fonderie d’aluminium est en France, le montage et la peinture aussi. Tout cela a un coût, c’est au moins 30 à 40 % plus cher qu’en Asie. Nos petits camarades qui pré-tendent faire en Europe font, en fait, tout faire en Asie et mettent deux boulons en Europe de l’Est pour prétendre que tout y est fait. L’immense majorité du marché se fournit en Asie.

Qu’en est-il des pénuries d’approvisionnement ?

Au travers notamment de notre partenariat avec SEB, nous avions déjà fait le choix de stocker localement une grande partie de nos pièces, ce qui nous a préservé d’une partie des problèmes de logistique. Comme nos fournisseurs étaient là et que l’on produisait dans un rayon de 1000 km les vélos que l’on vendait, ça a été une force dans cette période troublée.

La mondialisation telle que nous la connaissions va être durablement affectée. Entre les coûts de transport et la complexité d’approvisionnement, je pense qu’il va y avoir un effet naturel à relocaliser la production et à avoir des fournisseurs de « proximité ».

Vu que c’est notre modèle, on est plutôt dans le sens du vent. Après, on ne sait pas de quoi l’avenir sera fait. Peut-être que la problématique s’inversera plus tard mais nous n’avons ni l’énergie ni les moyens de changer de route, on va rester comme ça et travailler en local. Angell c’est simple, c’est 5000 vélos vendus en France et on va essayer de faire la même chose dans une quinzaine d’autres pays. Évidemment, si on commence à vendre des vélos en Australie, on les fera peut-être produire au Vietnam parce que ça serait idiot de les faire à côté de Dijon pour les envoyer à l’autre bout du monde. Ça deviendrait une sorte de multilocal.

En termes de chiffres, quelles sont vos projections sur l’évolution de ce marché ?

Le marché du vélo va exploser, d’ailleurs en Angleterre les courbes du vélo électrique et du vélo musculaire se sont croisées, la tendance de fond va à l’électrisation. Si aujourd’hui, on vous dit qu’un vélo coûte 3000 euros, vous pouvez vous dire que c’est cher mais si on vous dit que cela remplace la voiture tout en vous permettant d’aller travailler dans de bonnes conditions, vous changerez peut-être d’avis. Beaucoup de vélos sont vendus à des entreprises qui les donnent à leurs salariés comme « vélos de fonction ».

Pourquoi le haut-de-gamme ?

Angell vient avec des services associés. Le plus emblématique étant « Angell Back ». On a voulu faire un vélo très difficile à voler et on doit assumer le fait que les clients nous ont fait confiance pour un vélo extrêmement bien protégé. On a donc inclus dans l’offre le fait que, si vous avez attaché un Angell, que la batterie est bien chargée, que vous avez activé les systèmes de protection et qu’on vous le vole quand même, on vous le remplace parce qu’on aura failli dans notre mission de le rendre involable.

On a également monté un gros centre de maintenance avec tout un réseau en France qui vous permet d’avoir la maintenance de votre vélo chez vous à domicile ou à l’atelier si ce sont de plus grosses réparations.

Louis-Marie Valin



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