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Lunettes : Polette n’a pas froid aux yeux

Elle n’a pas perdu de temps, la petite Nantaise de 29 ans ! Après un séjour en Chine, cette diplômée en langues orientales saisit tout de suite le filon. Six ans après, Polette fait plus de 60 ME de CA avec 4 000 commandes par jour. Une question : pourquoi s’être installée à Amsterdam et non pas à Bordeaux ou Nantes ?

Entreprendre - Lunettes : Polette n’a pas froid aux yeux

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Elle n’a pas perdu de temps, la petite Nantaise de 29 ans ! Après un séjour en Chine, cette diplômée en langues orientales saisit tout de suite le filon. Six ans après, Polette fait plus de 60 ME de CA avec 4 000 commandes par jour. Une question : pourquoi s’être installée à Amsterdam et non pas à Bordeaux ou Nantes ?

Votre séjour en Chine vous a-t-il aidé à devenir entrepreneur ?

J’ai étudié le chinois à l’occasion de mes études en commerce et en langues, et suis partie en Chine à l’âge de 19 ans pour me perfectionner. Conquise par la ville de Shanghai, j’ai décidé de rester en Chine. J’avais également besoin de partir de France afin d’explorer de nouveaux univers. À l’époque, il existait une certaine morosité dans l’Hexagone par rapport au fait d’entreprendre et de réussir dans la vie.

Nous traversions une période de crise durant laquelle tout le monde était convaincu que l’on n’arriverait à rien malgré les diplômes obtenus. J’ai découvert un autre esprit en arrivant à Shanghai : peu importe qui on est et d’où l’on vient, on peut y réaliser de grandes choses. J’étais en plein accord avec cette mentalité ambitieuse.

Quelle réflexion vous a conduit à imaginer le concept de Polette ?

J’ai monté l’entreprise il y a 7 ans avec mon associé Pierre Wizman, qui s’est imposée comme une évidence pour tous les deux. Alors que nous étions en Chine, nous avons dressé un certain nombre de constats concernant le marché de l’optique. Nous avons observé que les lunettes de vue étaient à un prix dérisoire (10 euros) il y a de cela une dizaine d’années.

On s’ est également aperçu que les acteurs de l’optique produisaient tout en Chine. Ils apposaient des marques prestigieuses sur les lunettes et sur les verres – Essilor, Rayban, Prada… -, et le client payait 2000 euros sous prétexte que c’était un produit destiné à la vue, dont un produit médical, relevant d’une technologie incroyable.

Je trouvais cela sidérant. On n’est pas en train d’envoyer un homme sur la Lune : on parle de lunettes à base de plastique, fabriquées à partir de procédés de fabrication basiques ! Rappelons qu’une paire de lunettes sortie d’usine coûte 5 euros. En prenant en compte toutes ces données, nous avons décidé de révolutionner et dépoussiérer ce vieux marché. Nous avons opté pour le e-commerce et adopté une approche disruptive.

Qu’apportez-vous de plus ?

La simplicité et la singularité constituent l’ ADN de Polette, nous aimons penser différemment. Nos showrooms digitaux en sont la preuve : nous sommes les seuls à le faire sur le marché de l’optique en France et ailleurs. Nous offrons la possibilité d’essayer les lunettes dans nos centres. Un opticien prend vos corrections gratuitement sans obligation d’achat en l’espace de 5 minutes et vous avez ensuite la possibilité d’acheter le produit sur Internet en rentrant chez vous.

Il n’est pas nécessaire d’en faire trop, nous savons tous que personne n’a envie de déjeuner dans un restaurant qui proposent simultanément des spécialités chinoises, italiennes et mexicaines. Nous avons tous un corps de métier et une spécialisation et il est important de savoir se recentrer sur la simplicité.

 

Pourquoi avoir décidé d’ouvrir des magasins ?

Notre principe est de toujours proposer le meilleur prix à nos clients, de dessiner nos modèles et de renouveler fréquemment 

nos collections, un peu à l’image de Zara. Nous nous sommes retrouvés face à une problématique : le e-commerce évolue alors que le commerce physique conserve sa place. En fin de compte, les clients souhaitent avoir les deux.

Le modèle de la vente en ligne nous permettait d’avoir toutes nos usines en Chine, ainsi que nos laboratoires et nos centres de gestion mais si nous commencions à ouvrir des boutiques avec des stocks, notre modèle perdait tout son sens car nous aurions dû augmenter le prix, comme le font aujourd’hui Jimmy Fairly sur le marché français, Sensee et autres.

Nous n’avions pas envie de casser la vision et le schéma que nous portions depuis le début, nous avons donc eu l’idée de créer des showrooms dans lesquels on n’achète pas des lunettes, mais où il est possible de toucher le produit. Le client se moque d’avoir sa paire de lunette livrée dans des délais très courts, car chez un opticien classique, il lui faudra également patienter. Il veut pouvoir toucher et essayer le produit. 

Est-il difficile d’entreprendre ?

En 2013, un reportage très positif diffusé sur C8, au cours duquel les journalistes sont venus visiter nos usines et nos bureaux à Shanghai, a généré de nombreuses ventes. La situation était délicate : nous avions fait une publicité pour Polette à la télévision, les clients ont eu confiance dans le produit, nous avions produit et envoyé les lunettes à temps en travaillant nuit et jour et… comble de malchance, le transporteur a perdu les colis !

Les clients étaient mécontents, nous les avons donc remboursé en leur renvoyant leurs lunettes. Ils ont gagné au change, même si les délais n’ont évidemment pu être respectés… Nous savions qu’ils seraient satisfaits en recevant le produit, nous n’avions pas envie de les laisser sur une mauvaise note. Ce fut une épreuve très difficile.

Lorsqu’un entrepreneur ne maîtrise pas un des aspects de son business, cela pose problème. Aujourd’hui, je n’ai pas d’avion pour envoyer mes colis à travers le monde, nous sommes donc dépendants du réseau de transport. Si j’étais pilote et que j’avais un avion, je crois que je m’en chargerais afin d’apporter de la rapidité de livraison à mes clients. Mais le fait que le paramètre transport soit hors de contrôle ne nous empêche pas de prendre nos responsabilités.

 

Quelles sont vos ambitions ?

J’aimerais que nous devenions le leader en Europe, en devenant en quelque sorte le « Zara de la lunette ».

Qui va remporter la bataille de l’optique ?

On assistera à l’émergence de différents acteurs sur le marché européen et français. Beaucoup ont pris conscience que le marché était florissant, que la nouvelle génération achetait sur Internet sans difficulté et s’offrait des lunettes pour le style sans verre de correction. Nous sommes des producteurs de lunettes, nous avons aussi des opticiens en boutique, je pense donc que Polette a un très bel avenir, nous offrons une alternative parfaite au marché traditionnel.

Nous sommes à la mode, nous proposons les prix les plus bas du marché, nous fabriquons des lunettes de qualité et renouvelons nos collections. Si vous touchez une paire de lunette Gucci à 500 euros ou une paire de lunette Polette en acétate, vous ne percevrez aucune différence à part le prix.

 

Imaginez-vous un après Polette ?

En tant qu’entrepreneur, nous sommes soucieux de ne pas mettre tous nos œufs dans le même panier, et nous avons toujours la volonté de prendre des risques. Même si cela fait 7 ans que nous sommes à la tête de ce projet, mon métier au quotidien consiste également à gérer beaucoup d’humain. Pierre est un fou créatif qui bouillonne de nouvelles idées. Je me lasserai le jour où on je stagnerai…


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