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« L’exploitation des ressources du continent africain ne doivent plus être confisquées aux africains ! »

Cédric Leboussi

Entretien avec Cédric Leboussi, entrepreneur et auteur de l’ouvrage Les petites clefs du bonheur.

Quelle est la situation économique de l’Afrique aujourd’hui ?

L’économie des pays africains, aujourd’hui, est plutôt stable dans un contexte international troublé. La croissance de 2021 affichait un très encourageant 6,1% et 2022 devrait se situer entre 4 et 5%. Malgré les turbulences économiques et politiques de ces dernières années, particulièrement en raison de la crise COVID, la plupart des pays continuent à afficher des taux de croissance positifs, à améliorer leurs performances macroéconomiques et à investir dans le développement durable. Cependant, il reste encore beaucoup à faire, en 2023, pour assurer une croissance inclusive et réduire le nombre de personnes vivant sous le seuil de pauvreté.

Pourquoi parler de croissance inclusive ?

La croissance inclusive en Afrique est essentielle car elle permet de réduire la pauvreté, d’accroître la prospérité et d’améliorer les conditions de vie des populations. Elle peut par exemple aider à promouvoir le développement durable, à réduire les inégalités en comblant l’écart entre les groupes les plus privilégiés et les plus vulnérables de la population, en garantissant l’accès aux services publics et à l’emploi.

C’est, avant tout, un modèle de développement qui vise à promouvoir une croissance économique pérenne, tout en faisant bénéficier, au plus grand nombre, des avantages de la bonne santé économique. Il ne faut pas perdre de vue que l’Afrique est, en termes de matières premières, le continent de tous les superlatifs :  40 % des réserves d’or, 30 % des réserves de minerais et 12 % des réserves de pétrole, sans parler du Gaz. Les conditions d’un bond économique sont réunies et la prise de conscience des dirigeants est réelle.

Comment peut se traduire dans les faits cette croissance inclusive en Afrique?

En premier lieu par une augmentation significative des investissements dans l’enseignement, dans la santé, l’accès aux services bancaires, un accès plus aisé à des sources de financement formelles, l’atténuation des inégalités liées à l’accès à l’emploi et à la terre, une réduction des obstacles à l’entreprenariat et aux libertés économiques et enfin, des mesures visant à promouvoir un développement durable.

Rien que dans l’éducation la marge de progression est réelle, même si beaucoup a été fait, l’UNESCO estime que«Plus d’un cinquième des enfants âgés d’environ 6 à 11 ans n’est pas scolarisé, suivi par un tiers des enfants âgés d’environ 12 à 14 ans. Selon les données de l’ISU, près de 60 % des jeunes âgés d’environ 15 à 17 ans ne sont pas scolarisés ».

Est-ce l’accroissement des inégalités sociales qui fait de la croissance inclusive une nécessité

La réponse est évidemment, oui. Il est urgent de gommer des disparités régionales et de permettre un développement, à rythme soutenu, de zone entière sans électricité, télécommunication, écoles ou hôpitaux. Ces disparités sont le ferment de la division et la genèse de crises majeures. Si l’on prend comme exemple le taux de pénétration d’internet, il est passé de 9,3% en 2010 à plus de 31% en 2020. Pourtant, 7 pays sont toujours à moins de 10%. Il n’est pas concevable, à nos yeux, qu’il y est un décrochage de certains pays sur un élément aussi important que le numérique.

 L’exploitation des ressources nombreuses du continent et les profits colossaux qui en découlent ne peuvent plus être confisquées aux africains. Il n’est pas question de ruissellement mais d’un vrai projet de développement des infrastructures et d’un investissement sur l’humain.

Quelle est la perception de la situation générale de la finance digitale en Afrique ?

 C’est devenu un enjeu majeur de la décennie qui vient. De nombreux acteurs au niveau international sont parties prenantes de ce projet, la France agi, notamment, au travers de l’Agence Française de Développement.

La Banque Européenne d’Investissement dans son document « La finance au service de l’Afrique, un développement vert, intelligent et inclusif du secteur privé » présente la problématique de manières très clairs : « L’essor des services financiers numériques sur le continent, qui s’inscrit dans le cadre plus large d’une transformation numérique de nombreux pans des économies et des sociétés africaines , favorise l’inclusion financière de groupes précédemment non desservis ou insuffisamment desservis , contribuant ainsi à augmenter les revenus et à réduire la pauvreté. »

 Pour la rendre véritablement efficace, il faudra que les Etats africains mettent en œuvre des outils stables, sécurisés et les infrastructures de réseaux numériques nécessaires. Evidemment, cela doit s’accompagner de réformes structurelles telles que la modernisation du secteur financier, l’amélioration de la gouvernance financière, la promotion de l’utilisation des technologies numériques, l’accroissement de l’innovation et de la concurrence dans le secteur financier. L’autre volet est celui de l’information qui permettrait également aux populations de comprendre le système financier, d’avoir accès à des informations fiables et surtout de comprendre les risques des produits financiers.

En Côte d’Ivoire, ce projet est déjà très avancé puisqu’il le nombre de comptes bancaires numériques à dépassé le nombre de comptes traditionnels.


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