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« Les projets de taxation sur les superprofits sont dangereux »


Par Tom Benoit, essayiste et directeur de la rédaction de Géostratégie Magazine. Cette semaine, Jean-Paul Mattei, le chef des députés Modem à l’Assemblée Nationale, et Nicolas Sansu, député communiste, présentent un rapport parlementaire préconisant une « taxe exceptionnelle sur les patrimoines des plus riches pour financer la transition écologique ». En premier...

Jean-Paul Mattei

Par Tom Benoit, essayiste et directeur de la rédaction de Géostratégie Magazine.

Cette semaine, Jean-Paul Mattei, le chef des députés Modem à l’Assemblée Nationale, et Nicolas Sansu, député communiste, présentent un rapport parlementaire préconisant une « taxe exceptionnelle sur les patrimoines des plus riches pour financer la transition écologique ».

En premier lieu, il ne faut pas oublier que la simple idée de taxation du profit ou de la richesse ne représente en rien un projet novateur.

D’autre part, il me semble essentiel que les individus – que ceux-ci soient issus du milieu journalistico-politique ou associatif – portant des idéologies de ce genre, appréhendent davantage le sujet de la richesse sous un angle géopolitique.

150 milliards d’euros

Faire de la France – et plus largement de l’Europe – un territoire à l’intérieur duquel la création de richesse deviendrait un acte conduisant à la menace serait désastreux pour l’avenir de nos démocraties libérales.

L’entreprise, l’égalité face aux législations, le sens de la propriété, ou encore la stabilité monétaire constituent le socle de la répartition naturelle des richesses.

C’est l’instinct humain, la réflexion, l’archaïsme et le progrès qui doivent permettre d’entrevoir la transition écologique. Dans le dernier rapport dont il est question, les deux parlementaires évoquent au contraire « un prélèvement de 5 % étalé sur trente années (…) qui procurerait 150 milliards d’euros. »

Mauvais signal envoyé au reste du monde

Pensant sûrement avoir trouvé un rempart au risque d’isolement de la France avec l’application d’une telle mesure, Jean-Paul Mattei et Nicolas Sansu suggèrent « la mise en place d’une taxation européenne » – oubliant probablement que l’Europe, elle aussi, doit faire face à la concurrence. Celle des pays d’Asie, dont certains ont d’ailleurs largement dépassé les grands pays de l’UE en termes de PIB/habitant, celle des USA, dont l’hégémonie numérique demeure, celle des pays producteurs d’énergie, de terres rares ou de matières premières…

À l’heure à laquelle l’Europe doit plus que jamais jouer la carte de l’attractivité – prenant en considération une accentuation probable des difficultés d’émission de titres obligataires durant les années qui arrivent – il n’est pas de bon ton d’envoyer comme signal au reste du monde, que nos pays se trouveraient face à une impasse ne laissant d’autre choix que de surtaxer leurs propres richesses.

Le récent rapport Pisany-Ferry et Selma Mahfouz préconisait déjà de taxer les plus riches. Que chacun le comprenne, cela n’a jamais fonctionné, et cela ne fonctionnera très certainement jamais. La vraie question demeure : « L’ambition de nombre de politiques français est-elle de sanctionner l’économie et d’accroître les dépendances sociales ou de conduire le pays vers la prospérité ? ».

Tom Benoit

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