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Les entrepreneurs : la « dream team » pour relever notre pays

Entreprendre - Les entrepreneurs : la « dream team » pour relever notre pays

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La chronique économique hebdomadaire de Bernard CHAUSSEGROS

Ne parlons pas ici cette semaine de la réforme des retraites qui fait la une des journaux, qui mobilise les « activistes du chaos », et que prépare le gouvernement. Si un changement de notre système et des modes de calcul semble se justifier par une évolution parallèle de l’espérance de vie, des progrès scientifiques et du niveau général de la santé publique, il n’en reste pas moins vrai que depuis plus de 50 ans, les citoyens français font, par des manifestations populaires, politiques ou syndicales, systématiquement obstruction à tout projet de réforme. Mais en fait, il faut bien comprendre que cette opposition systématique de ce que notre Président a qualifié de Gaulois réfractaires, est manifestement motivée par d’autres préoccupations que la santé, la science ou le recours à de nouvelles technologies.

En effet, dans l’esprit des Français, les modifications de leurs conditions de vie devraient plutôt se traduire par une amélioration de leurs exigences personnelles, de manière qu’ils puissent dégager toujours plus de temps pour la culture, les loisirs ou d’autres activités plus individuelles. Mais en réalité, il semble aussi que nos concitoyens sont de plus en plus lassés par l’exercice curieux de notre démocratie pourtant fondée sur nos trois grands principes de liberté, d’égalité et de fraternité. Un peuple plus éduqué, plus informé, parfois même vaguement manipulé, constate et ressent de plus en plus que le fossé se creuse entre les profiteurs du système et les victimes finales et pour le coup, systématiques, que sont les classes moyennes.

Les trois ou quatre années qui viennent de s’écouler nous offrent de multiples exemples de la croissance des inégalités. Il n’est nullement question de considérer que nos dirigeants politiques sont responsables de la pandémie, de la guerre en Ukraine, de la crise de l’énergie ou de la dégradation climatique. Néanmoins, la façon dont tous ces événements, et notamment la guerre en Ukraine et la crise de l’énergie, servent trop facilement d’alibi aux politiques et leurs décisions apparaissent comme particulièrement inégalitaires, quand ce n’est pas totalement déconnectées de la vraie vie, à une population qui se voit comme étant la seule à supporter le fardeau de la dette et les restrictions de plus en plus prégnantes, avec en filigrane, la peur du déclassement.

Qui plus est, il existe, au sein de cette population française, une catégorie tout à fait particulière qu’on appelle les entrepreneurs, eux qui sont, on peut le constater, largement plus impactés que les salariés, dans l’augmentation des charges et du coût de la vie quotidienne. Les exemples, on les connaît tous, et on les supporte chaque jour, c’est l’augmentation du coût de l’énergie, des matières premières dont le cumul et la combinaison font boule de neige et effet « ciseau ».

Lorsqu’on parle du coût de l’énergie, les informations qui nous sont données, comme à tous nos concitoyens, sont tellement changeantes et contradictoires, que l’on finit par se croire, en tout ou partie, au centre d’une immense manipulation qui repousserait très loin les limites de la démocratie que nous souhaitons pour notre pays. Et les électeurs commencent, avec beaucoup de mépris pour la chose publique, à percevoir la ligne de frontière, profonde comme un abîme, qui s’ouvre à leurs pieds, entre leur quotidien difficile et la vision des profits incommensurables dont ne profite qu’une élite économique et politique.

Sans rentrer dans le débat sur la retraite, l’enjeu serait, dit-on, de trouver 15 milliards d’euros pour atteindre l’équilibre et, sachant que dans l’esprit de nos concitoyens, cette somme doit être mise en miroir avec les centaines de milliards octroyés par le gouvernement aux grandes entreprises nationales et multinationales, à commencer par les pétroliers, les transporteurs, l’industrie chimique, l’armement, mais aussi bien d’autres.

Pendant que certaines entreprises dont l’activité touche à la distribution d’énergie ou au transport maritime, engrangent des profits incompréhensibles, et alors que on apprend que le prix du baril de pétrole baisse tout autant que le coût de fabrication de l’énergie électrique, on découvre avec effroi que le consommateur de base doit assumer les surcoûts dus à des achats sans doute inutiles effectués il y a seulement quelques mois, alors que les prix étaient au plus haut.

Je renvoie sur ce point à l’analyse que l’on peut faire de ce sujet, à la récente intervention du 13 décembre 2022 devant la Commission d’enquête de l’Assemblée nationale de l’ancien président d’EDF, Henri Proglio, intervention dans laquelle cet ancien dirigeant de l’un de nos fleurons industriels met en cause les technocrates du gouvernement, l’influence de l’Allemagne et de l’Europe, et dénonce, en quelque sorte, un projet ancien et délibéré de démantèlement d’EDF. Il suffit de comparer l’organisation d’EDF les années 60 avec celle de la sphère « électricité » de ces années-ci qui fait la part belle à un soi-disant besoin de mise en concurrence respectant les normes européennes. Le résultat, c’est l’éclatement d’EDF qui savait tout faire en plusieurs sociétés, concurrentes ou complémentaires, ce qui multiplie les coûts pour le consommateur de base, et qui démultiplie des profits souvent honteux.

Je n’hésite pas à évoquer, une nouvelle fois, le scandale de l’intermédiation, comportement qui consiste à multiplier, dans le processus de production, des étapes inutiles ne créant aucune valeur mais rajoutant des couches de profits au détriment des consommateurs. Notre pays semble être le champion toute catégorie de ces intermédiaires qui ne font rien d’autres que de prendre au passage une rémunération indue. Quand on y regarde bien, c’est le cas dans de nombreuses filières, comme le marché de l’électricité que je viens d’évoquer. Mais c’est bien-sûr aussi le drame du monde agricole où la vente directe tente désormais de contourner l’appétit démesuré des profiteurs intermédiaires, mais où, cette semaine, on apprend aussi que les producteurs de pommes en viennent à arracher leurs arbres faute de pouvoir vivre correctement de leur travail à cause des prix qu’on leur impose !

Les citoyens vont sans doute devoir payer leur électricité 15 % plus chère d’ici quelques semaines, mais pour certaines entreprises, (pas les multinationales cela va de soi, mais ces entreprises qui font la France et qui font la richesse du pays), la note sera beaucoup plus salée avec des augmentations de l’ordre de 100 à 200 %. Lorsque j’évoque un effet boule de neige, je fais référence au fait que l’augmentation du prix de l’électricité, dans un pays comme le nôtre, se décline en hausse des coûts de production sur l’ensemble des matières premières dont les entreprises sont tributaires. On peut donc malheureusement imaginer et craindre l’effet multiplicateur de ces hausses sur l’activité des entreprises. On peut donc imaginer aussi une série de faillites, puisque beaucoup d’entre elles ne pourront pas continuer et devront cesser leur activité, mettant ainsi de nombreux salariés au chômage et de nombreuses familles en difficulté.

J’en tire comme conséquence que les surprofits de quelques-uns vont rejeter une partie notable des Français dans la précarité. Le coût social sera sans aucun doute bien supérieur aux surprofits. Au moment où les oppositions politiques et les organisations syndicales annoncent pour la semaine prochaine et pour les suivantes, des journées de manifestations, dont on sait qu’elles sont toujours très préjudiciables à l’activité économique et commerciale, on peut craindre que ne se présentent à nous de longues semaines d’instabilité, sans parler des agissements possibles des professionnels du désordre, de la casse et la violence. Mais, à coup sûr, ce ne sont pas des jours faciles qui se profilent à l’horizon pour nos TPE-PME.

La force tranquille des entreprises

Qu’on le veuille ou pas, la force de notre pays, ce n’est pas dans les institutions qu’elle réside, même si la démocratie ne peut se passer de représentants élus et d’administrations structurantes. Mais si le système politique cesse d’être au service des citoyens pour ne servir que des intérêts privés ou particuliers, alors on se rend compte que l’on ne peut rien attendre des pouvoirs publics pour qu’ils relancent réellement l’activité économique dont la population reste tributaire.

Il en ressort que la véritable dynamique de fonctionnement d’une société n’est pas, comme on le croyait encore il y a quelques années, dans l’exercice démocratique des institutions. L’exécutif n’a pas la main sur les multinationales et sur la finance mondiale. Il ne l’a même plus sur le prix de l’électricité qu’il produit, et qui dans les faits, reste pourtant la moins chère d’Europe grâce au nucléaire voulu par le Général de Gaulle. Il en est en quelque sorte prisonnier, quelque fois même complice.

Alors, la seule réalité à laquelle il convient de se rattacher, c’est la force et la volonté citoyennes. L’avenir de la relance économique de notre pays est effectivement entre les mains des « citoyens », les « vrais », ceux qui travaillent et contribuent à créer de la richesse collective. Notre avenir est avant tout entre les mains des entrepreneurs. Rappelons-nous qu’entreprendre, c’est, étymologiquement, commencer ou lancer un projet !

Encore faut-il bien définir ce que recouvre ce qualificatif « d’entrepreneurs » ! Comme je l’ai laissé entendre, quand je parle d’entrepreneuriat, je pense à ceux qui s’investissent par leur engagement personnel et par leur capital dans la création d’une activité humaine, respectueuse des valeurs sociales et de la valeur « travail », ce qui les oppose aux « managers » mis en place par des « collecteurs d’argent », et qui sont généralement largement rémunérés et touchent des super bonus pour réussir des « plans sociaux » !

Il est donc temps de faire sans faiblesse un constat clairvoyant : ce ne sont pas des dispositions, des lois ou des options politiques, qu’elles soient d’origine gouvernementale ou qu’elles émanent des oppositions, qui vont véritablement redonner à notre pays les armes de son développement.

Nous pouvons nous retourner sur deux siècles de vie politique se recommandant d’une passion démocratique pour simplement faire un constat amer sur les incertitudes des actions engagées et s’interroger sur les motivations réelles des « élites » qui nous gouvernent. On comprend alors qu’elles sont surtout préoccupées par le souci de se maintenir au pouvoir, mais cette vision en amène une autre bien plus critique ! Se maintenir au pouvoir, c’est, en fin de compte, exercer des fonctions non créatrices de valeur, justifiées selon les intéressés par la nécessité de contribuer au bon fonctionnement de la vie publique, mais sans jamais que soit évoqué le coût faramineux que cela représente en termes d’argent public.

Il faut que la vie politique, plus que par l’application de la loi sur la « Transparence de la vie publique », se fonde sur des valeurs morales depuis trop longtemps oubliées. Il ne s’agit certes pas de créer un nouveau mouvement politique destiné à venir troubler la douce mécanique des professionnels du « pouvoir », mais d’opposer aux dirigeants politiques une nouvelle vision et donc une nouvelle définition de leurs responsabilités.

Bien plus, il faut affirmer avec force et conviction la prédominance des catégories actives de citoyens sur les décideurs et notamment sur les professionnels de la politique. La force vive de notre nation, on la trouve que chez ceux qui travaillent, ceux qui agissent, ceux qui créent ou ceux qui entreprennent !Ceux qui risquent leur argent, et pas celui des seuls français et généreux contribuables.

 Le seul axe de développement du pays, ce n’est pas d’attendre de voir se stratifier de nouveaux textes administratifs, de nouvelles lois de circonstance, de nouvelles obligations légales qui donneraient la recette de la pierre philosophale, mais bel et bien de remettre le pays au travail.

Il s’agit donc de rassembler les bonnes volontés et les engagements entrepreneuriaux de ceux qui sont les seuls à pouvoir redonner à la France son goût pour l’engagement citoyen, et accessoirement la place qui était la sienne dans l’ordre économique mondial.

Il s’agit donc de faire renaître et revivre l’ensemble des savoir-faire français, et ce, dans le respect des valeurs qui ont fait l’histoire de ce pays et qui ont guidé son évolution séculaire.

Il n’y a jamais eu autant de nouveaux entrepreneurs en France. En 2022, en termes de création d’entreprises, le cap symbolique du « million » sera franchi. Avec près de 980.800 inscriptions sur les onze premiers mois de l’année, dont 62 % de microentreprises selon les dernières statistiques publiées par l’Insee, il y a peu de doute sur le fait que le record de 2021 (995.868) sera battu.

Calculées sur le mode de « l’année glissante », les immatriculations ont progressé de 1,7 % en novembre, tirées par le régime de micro-entrepreneur (+2,4 %) et les créations de société (+5 %). A contrario, les créations d’entreprises individuelles classiques ont fortement diminué (-8,8 %).

Après une période de baisse en début d’année, le dynamisme entrepreneurial est revenu au dernier trimestre 2022, puisque le score cumulé des créations d’entreprises a augmenté de pratiquement 10 %, par rapport à l’année précédente. Le statut de micro-entrepreneur (dénomination qui remplace celle d’auto-entrepreneur) depuis le 1er janvier 2009, a stimulé le phénomène avec des immatriculations en hausse de 13 % sur ce trimestre-là.

La révolution du travail

On se souvient que, pendant la crise sanitaire, la création d’entreprise avait été soutenue par l’éclosion de nouveaux services, comme le développement des livraisons à domicile pour accompagner l’explosion de l’e-commerce. Mais après cette période d’emballement, l’activité s’était largement calmée, entraînant des secteurs comme les transports ou l’entreposage dans la précarité. Désormais, ce sont les activités de conseil en management et en gestion de crise, les services aux ménages et les activités liées aux technologies de l’information et de la communication qui sont les plus porteuses de développement.

Le constat qui peut être fait est que cela s’explique surtout par une révolution de la notion de « travail » elle-même plus que de l’évolution de la forme de l’auto-entrepreneuriat. Cette « révolution » est la traduction d’un réel désenchantement des actifs pour le salariat. Les jeunes notamment préfèrent, en effet, donner la priorité au bien-être, à l’épanouissement personnel, à la quête de sens, ce qui implique pour eux de disposer de plus d’autonomie, et de définir une autre vision de leur travail. Selon François Hurel, l’actuel président de l’Union des auto-entrepreneurs, 3.500 auto-entreprises sont actuellement créées chaque jour, chiffre à comparer aux 1.000 créations en 2009. La preuve que les mentalités des jeunes générations évoluent en s’éloignant de l’idée du salariat, c’est que depuis les bouleversements économiques liés à la pandémie du Covid-19, un quart des créateurs d’entreprise sont d’anciens salariés.

Si le mouvement traduit un changement profond des mentalités, l’impact sur l’économie est en revanche moins évident, car il est difficile de savoir si le dynamisme de la création de toutes les entreprises est effectivement porteur de croissance.

Une partie des structures créées n’apporte souvent qu’un appoint de salaire. Mais c’est malgré tout un signe positif et qui devrait inciter les Français à plus d’optimisme et de confiance, et surtout convaincre les dirigeants politiques de l’incroyable richesse que constitue pour la nation ce réseau d’initiatives entrepreneuriales porteur de création et de plus-values.

Il ne faut toutefois pas oublier, comme on le verra plus loin en évoquant les statistiques de l’entreprise en France, que les caractéristiques de ce phénomène sont à la fois, une grande inventivité porteuse d’espoirs, mais aussi une visible fragilité qui font du milieu entrepreneurial un monde en perpétuel mouvement. Certes, l’indépendance est séduisante pour les jeunes créateurs d’entreprises, mais elle a un revers, celui de ne pas toujours procurer des revenus suffisants pour vivre ou permettre de développer son activité, et encore moins d’obtenir le graal bancaire de l’apparente stabilité d’un CDI pour prétendre obtenir un prêt immobilier.

Il faut notamment dire que l’exécutif ne contribue pas d’une manière égalitaire à aider les indépendants et les micro-entrepreneurs en s’engageant sur une baisse des cotisations sociales. Se rajoutent à ce déséquilibre de traitement les difficultés liées à la mise en place du guichet unique des formalités pour les entreprises dès le 1er janvier 2023. Outre que l’on peine à comprendre le remplacement d’Infogreffe qui fonctionnait parfaitement par une institution nouvelle, sans doute pour des raisons de profit accru, on sait que le nouvel outil, beaucoup trop compliqué, a connu un début d’exploitation erratique suite aux bugs de son nouveau logiciel.

Le paysage de l’entrepreneuriat en France regroupe au total 4.114.289 entreprises, dont

  • 270 grandes entreprises (GE) ;
  • 5.841 entreprises de taille intermédiaire (ETI) ;
  • 144.617 petites et moyennes entreprises (PME), (hors micro-entreprises) ;
  • 3.963.561 micro-entreprises (MICRO).

Ces entreprises de toutes tailles emploient plus de 13 millions de personnes en France (en EQTP). Si on comptabilisait les familles qui sont concernées par ces emplois en entreprises, on ne serait pas loin du chiffre de 20 millions, voire de 25 millions, tout en sachant par comparaison qu’en moyenne en 2021, la France comptait, au sens du Bureau International du Travail (BIT), 30,1 millions d’actifs vivant en logement ordinaire, dont 27,7 millions occupaient un emploi et 2,4 millions étaient au chômage. De 23,2 millions en 1975, le nombre d’actifs a augmenté quasi continûment depuis, à l’exception de l’année 2020 qui, on le sait a été marquée par une crise sanitaire et économique exceptionnelle.

La répartition géographique de ces entreprises est, par ailleurs, très inégale selon les régions.

  • 20,6 % en Ile-de-France ;
  • 12,6 % en Auvergne-Rhône-Alpes ;
  • 10,3 % en Occitanie ;
  • 10,1 % en Provences Alpes Côte d’Azur ;
  • 9,9 % en Nouvelle Aquitaine ;
  • 4,6 % en région Grand Est ;
  • 6,5 % dans les Hauts de France ;
  • 4,9 % pour les Pays de la Loire ;
  • 5,4 % en Bretagne ;
  • 4 % en Normandie ;
  • 4,6 % en Bourgogne Franche Comté ;
  • 3,2 % en Centre Val de Loire ;
  • 1,1 % à la Réunion ;
  • 0,9 % à la Guadeloupe ;
  • 0,8 % à la Martinique ;
  • 0,8 % en Corse ;
  • 0,3 % en Guyane ;
  • 0,2 % à Mayotte ;
  • 0 % dans les TOM.

Les 5 plus grandes régions regroupent à elles seules plus de 63 % des entreprises françaises. Celles-ci, et leurs salariés représentent donc une force citoyenne indéniable et considérable. Sans vouloir faire de projections fantaisistes, on peut comparer le nombre de salariés censés être concernés par le monde de l’entreprise et par ses difficultés (environ 20 millions sur les 30 millions d’actifs avec le nombre de suffrages exprimés lors de la dernière élection présidentielle (35.096.478), ce qui prouve l’importance de cette force vive nationale.

Comme je l’ai déjà affirmé, je considère cette force tranquille à l’extérieur du périmètre des sociétés multinationales, dont l’objectif n’est pas toujours, loin de là de contribuer à la création de valeurs nationales fondées sur la valeur « travail », mais qui ont le plus souvent comme objectif de maximiser les profits uniquement financiers et les intérêts des actionnaires d’où qu’ils soient, et quels qu’ils soient.

Et donc, selon moi, la force tranquille de l’entrepreneuriat ne réside pas dans le cœur des sociétés du CAC 40, mais dans les TPE et les PME, chez les agriculteurs, les artisans et les commerçants, notamment actuellement ceux de la restauration et de l’alimentation, boulangers, fromagers, bouchers ou charcutiers dont la vie devient très difficile à cause de la recrudescence des charges (qui sont loin d’être fixes) !

Il est nécessaire que ces milliers d’entreprises se rassemblent et fassent front commun face aux changement destructeurs dus à la mondialisation et à la prise de pouvoir des financiers sur les travailleurs. Il leur faut se référer à un engagement global pour une société économique humaine et responsabilisée face aux grands enjeux que sont les combats pour une énergie propre au service des populations, les combats pour les ressources en eau, la lutte contre les conséquences catastrophiques du réchauffement climatique et le contrôle de la surpopulation mondiale. On apprend que le trou dans la couche d’ozone serait en bonne voie de s’auto réparer suite à la décision d’interdire l’utilisation des gaz CFC dans l’industrie, preuve que des décisions humaines sont en mesure de réparer ce qui a été défait ! Qu’attend-on pour entendre les appels du GIEC et prendre des décisions encore possibles pour contrarier les effets mortels du réchauffement climatique. L’actualité nous donne régulièrement des exemples de l’urgence à agir, comme actuellement la série d’ouragans sur la Californie, les inondations brutales qui peinent à recharger les nappes phréatiques, et les tempêtes de neige exceptionnellement froides un peu partout dans le monde alors que le niveau des températures ne cesse d’augmenter !et n’oublions jamais que si le courant marin du Gulf Stream qui réchauffe nos côtes venait qu’à se dérégler, ce que la fonte des glaciers arctiques pourrait engendrer, alors Alger est à peu près à la même latitude que New York, et Paris à celle de Montréal, avec la promesse d’hivers auxquels nous ne sommes absolument pas préparés, ou inversement outre-Atlantique.

Les entreprises humaines sont en mesure de nous aider à prendre nos destins en mains !

La nécessité d’une charte de l’entrepreneuriat

Les entrepreneurs doivent marquer symboliquement leur volonté et leur désir d’avenir. Ils doivent s’engager ! Visiblement, avec une véritable détermination, ne plus accepter de voir mourir notre civilisation, nos savoir-faire ancestraux et nos valeurs nationales.

Et pour cela, l’engagement ne peut s’envisager qu’autour d’un document partagé et démontrant un véritable attachement à ces valeurs, comme à une « constitution », une charte !

Et envisager la rédaction d’une telle charte c’est d’abord solliciter l’adhésion des entrepreneurs de France sur la question vitale de la relance nationale. Il est urgent de fédérer les forces individuelles de chacun dans un mouvement collectif hors norme dégagé des errances du passé.

Il est envisagé de rédiger une charte de l’entrepreneuriat et de solliciter l’adhésion des entrepreneurs de France sur la question vitale de la relance nationale. Son objectif est de réunir et de fédérer les forces individuelles de chacun dans un mouvement collectif hors norme dégagé des errances du passé. Historiquement, la France a longtemps porté l’innovation économique et industrielle, de par son savoir-faire en toutes matières, agriculture et agro-alimentaire, artisanat et activité manufacturière, découvertes scientifiques et développements technologiques adaptés.

Cette richesse trouve sa source dans l’initiative et l’inventivité individuelles et non dans les exigences politiques. De grands dirigeants, qui ont présidé au destin de notre pays, ont donné dans le passé le cadre, mais le travail individuel a été la seule réelle source des réussites.

Objectif de la charte

Sans pour autant se désolidariser des syndicats patronaux existants, mais avec une autre logique, l’adhésion à cette charte, et le mouvement collectif qu’elle créera, donnerait naissance à une association d’entrepreneurs réellement désireux de se libérer des carcans idéologiques et des mensonges complotistes de notre époque.

Il convient donc de manifester clairement notre volonté de relancer la vie économique par l’entrepreneuriat « made in France ». Les entrepreneurs, qui ont ça dans leur ADN, s’imposeront comme le seul moteur de la Relance que le pays attend, car ils sont ancrés dans le territoire et qu’ils sont les seuls créateurs de la valeur née du travail individuel.

Dans leur ensemble, les entrepreneurs, qui s’intéressent ou agissent déjà dans le monde complexe du travail, ont constaté que, depuis plusieurs décennies, le monde économique est régulièrement perturbé, et souvent affaibli par des crises externes diverses, spéculations sans limites, manipulation étatique de l’inflation, guerres causées par la volonté de profit, pandémies à étapes renouvelées, accidents climatiques induits par des comportements incohérents, etc. et que la réponse des personnels politiques n’est en capacité ni de résoudre les problèmes posés, ni d’influencer en quoi que ce soit l’évolution des situations.

Effectivement, ce ne sont pas des dispositions et des options politiques, qu’elles soient d’origine gouvernementale ou qu’elles émanent des oppositions, qui vont véritablement redonner à notre pays les armes de son développement. Deux siècles de « démocraties » diverses montrent que la caste politique est en général préoccupée par le souci de se maintenir au pouvoir, c’est-à-dire de se permettre d’exercer des fonctions non créatrices de valeur mais dévoreuses d’argent public.

Il s’agit donc de faire renaître et revivre l’ensemble des savoir-faire français, et ce, dans le respect des valeurs qui ont fait l’histoire de ce pays et qui ont guidé son évolution séculaire.

La synergie indispensable

Loin de tout « parisianisme », les entrepreneurs sont ancrés dans les territoires. Ils en sont nés, ils en sont l’âme, ils en sont le sang et l’énergie vitale. Et de ce fait, les entrepreneurs créent la « synergie » indispensable entre les consommateurs et les collectivités (Communes, Départements, Régions, etc.) pour mettre en œuvre une vraie politique de relance en développant des projets mixtes incluant recrutements dans le bassin d’emploi local et politiques volontaristes de formation durable.

C’est par de telles actions que les entrepreneurs sont en mesure de créer, au sein d’un territoire, quel que soit sa taille, une identité forte, une synergie efficace, ce que l’on pourrait appeler une « chaine d’union » entre les citoyens, chefs d’entreprises et salariés, sans confrontations, mais sur une base plus humaniste et moins administrative que par la voie des luttes syndicales ou les accords de branche. Le vecteur commun est le goût du travail bien fait, pourquoi pas celui de l’amour du travail. Travailler, c’est à la fois donner et recevoir, mais aussi une fierté de contribuer au bien général.

Au-delà des questions de salaire ou de rémunération, le temps donné et la qualité de ce qui est échangé font du travail un vecteur d’identité au sein de la collectivité.

Chacun est ainsi intégré au sein de la collectivité, chacun participe, selon ses compétences et son investissement, à l’environnement économique et à la réussite de projets significatifs,et structurants, y compris lorsque cela concerne le bien-être global par des travaux d’intérêt public.

Des valeurs fondamentales

Les entrepreneurs adhérents s’engagent à respecter ce que les « Représentants du Peuple Français, considérant que l’ignorance, l’oubli ou le mépris des droits de l’Homme sont les seules causes des malheurs publics et de la corruption des Gouvernements, ont résolu d’exposer, dans une Déclaration solennelle, les droits naturels, inaliénables et sacrés de l’Homme […] ».

À titre de rappel, l’article 1 stipule que « Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits. Les distinctions sociales ne peuvent être fondées que sur l’utilité commune ».

Ils s’engagent également sur les valeurs constitutionnelles de notre pays, telles que celles définies dans le préambule de la constitution de 1946, texte préparatoire à la Constitution du 4 octobre 1958 et qui précise les droits et libertés fondamentaux qu’il est apparu nécessaire d’ajouter à la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen à la fin de la Seconde Guerre mondiale. Ce texte comprend principalement des droits économiques et sociaux. Les entrepreneurs adhérents s’engageront donc également sur les termes de ce texte fondateur qui visait justement, à affirmer des droits de nature économique et sociale plutôt que des droits individuels.

Ils s’engagent dans leur activité sur de nombreux aspects humanistes, avec une foi intransigeante dans la valeur « travail ». Il se préoccupent de fabriquer des biens, de rendre des services, en résumé de fonder leur action sur l’apport humain à l’activité économique et sur l’utilité collective de leur action. Ils s’engagent, dans ce pays où les élites ont failli et où certains capitalistes se préoccupent avant tout de faire fructifier leurs fonds dans des placements spéculatifs, à rejeter de tels comportements en ce qu’ils sont la négation des valeurs fondamentales de la République et des droits humains les plus nobles

Ils s’engagent notamment à exiger une contrepartie en valeur « travail » au versement de toute allocation. Notre pays ne peut pas devenir un « espace de jeu » pour les générations qui préfèrent une société ludique où se consacrer aux jeux vidéo et à la non-culture du web, à une société active où ils participeraient à l’effort collectif.

On ne peut pas non plus, dans une logique de déconstruction wokiste, rejeter et jeter au ban de l’infamie les boomers alphas et dans le même temps, compter sur leur travail et leurs cotisations pour payer les réparations de leurs « méfaits écologiques », en subventionnant au passage le droit à l’oisiveté des nouvelles générations X,Y,Z, comme dirait un(e) Député(e). L’effort collectif doit déboucher sur un enrichissement collectif et un « bonheur » partagé, et non sur la captation des profits par quelques-uns. Dans un pays frappé par un taux de chômage qui reste élevé (8 % encore) et où plus d’un million d’emplois restent encore à pourvoir, les entrepreneurs adhérents s’engagent à favoriser les recrutements et à rémunérer leurs salariés à un niveau supérieur à ce que les allocations de chômage pourraient leur procurer.

Ils s’engagent à ne pas recourir à l’emploi, même temporaire ou passager de travailleurs non déclarés. Par ailleurs, conscients de la médiocrité progressive des formations scolaires, universitaires et techniques, ils s’engagent à contribuer, dans le cadre de leurs activités d’entrepreneurs, à organiser et superviser les formations complémentaires indispensables dans l’exercice des métiers auxquels ils recourent.

Le respect de l’environnement et des valeurs locales

Les entrepreneurs adhérents, conscients des impacts meurtriers des changements climatiques sur nos pays comme sur nos activités, s’engagent dans leurs activités avec un souci constant de respecter les règles du GIEC. Ils s’engagent aussi sur leurs activités en privilégiant la création de valeurs utiles, basées sur des ressources locales, en ayant recours à des pratiques éprouvées localement qui respectent l’environnement et la préservation des sites.

Ils s’engagent surtout dans une économie vertueuse. Si le navire économique de notre pays prend l’eau, la nature, en France, en Europe et partout dans le monde est emportée par les crues et les averses de grêle, juste avant les incendies gigantesques et la sécheresse qui détruisent des paysages immenses, les glaciers et le permafrost qui fondent, libérant des virus géants restés inconnus, le niveau des mers et des océans s’élève et menace les côtes et les régions les plus basses d’immersion. Et contre toute attente, la pénurie d’eau commence à se faire sentir dans maintes régions du globe.

Pour conclure

Les entrepreneurs incarnent leurs régions et leurs métiers. Ils sont la France millénaire et portent, avec cet héritage, toutes les valeurs qui ont construit notre pays et façonne notre identité. Loin des intérêts partisans de la finance mondiale, leur objectif n’est pas de maximiser leurs profits, mais de construire, de fabriquer et de créer des biens utiles à la population, dans des conditions favorables à la dynamique de leur monde local, voire provincial.

Ils sont la France, une France qui n’est pas réduite aux allées cossues du pouvoir et à ses luttes intestines, pas plus qu’aux tractations financières menées avec ceux qui achètent Paris et la dépècent de ses richesses culturelles, la France vivante des Régions, la France profonde au cœur immense, celle que voulaient les pères des lois de décentralisation, en 1982, c’est-à-dire il y a maintenant … plus de 40 ans !

Bernard Chaussegros


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