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Derrière la célèbre marque Méo, un café made in France, celui d’un groupe familial lillois en pleine forme, fondé en 1928, et qui a multiplié son chiffre d’affaires par 2 en 4 ans pour atteindre 58 millions d’euros et 150 millions pour le groupe. Enquête sur un cas d’école…
La frontière est ténue entre France et Belgique. Jules et Émile Méauxsoone n’ont donc aucun mal à la franchir pendant la Première Guerre mondiale pour venir s’installer en Belgique pour s’installer à Lille.
Ces deux commerçants gagnent leur vie en vendant différentes denrées alimentaires sur les marchés, dont du café. À cette époque, ils constatent que la qualité du café n’est pas excellente. Il est vendu en vrac, et il n’y a pas de spécialistes. Les importateurs vendent traditionnellement aux grossistes, qui à leur tour vendent aux détaillants qui torréfient le café dans leurs boutiques pour les clients.
Cette situation pousse les deux frères à innover. Ils ouvrent une épicerie fine sous leur nom, en important eux-mêmes le café directement. Cette décision est motivée par leur désir de garantir à leurs clients la qualité des produits, ce qui devient une obsession pour eux. Avec la qualité au rendez-vous, ils rencontrent le succès, ouvrent d’autres magasins à Lille, et l’entreprise connaît une croissance soutenue même pendant la Seconde Guerre mondiale.
En 1945, la marque « Méo » est lancée. C’est une première, une marque de café vendue dans des boutiques Méo.
En 2012, Méo-Fichaux devient le premier torréfacteur français
Cafés Méo ouvre sa première boutique à Paris dans les années 60, connaissant un énorme succès. Les frères décident de s’adapter à l’évolution du marché en fournissant également des grandes surfaces. Ils deviennent pionniers en étant le fournisseur de la marque de café Leclerc. En 2010, Cafés Méo fusionne avec une autre entreprise familiale du Nord, Fichaux Industries, spécialisée dans la sous-traitance pour d’autres marques de café. Cette fusion donne naissance à Méo-Fichaux. Actuellement, l’entreprise annonce un chiffre d’affaires de 150 millions d’euros, employant 250 personnes et torréfiant 34 000 tonnes de café par an.
Depuis 2013, les dirigeants sont Gérard Méauxsoone et Dominique Ruyant, et la nouvelle génération est déjà active dans l’entreprise.
Capsules 100% d’origine végétale
Méo est une entreprise française présente sur tous les fronts de l’industrie du café – Internet, capsules, café bio. Elle est en concurrence avec de grandes marques comme Nespresso, Jacques Vabre ou Lavazza, mais continue de se développer en France en restant fidèle à ses racines. Il y a deux ans, plus de 6 millions d’euros ont été investis dans le site historique de La Madeleine dans la métropole de Lille, pour moderniser l’usine et passer à la fabrication de capsules 100% d’origine végétale, compostables à domicile et compatibles avec les machines Nespresso.
Depuis ses débuts en 1928, Méo s’approvisionne directement auprès des producteurs, un élément central de sa stratégie. Cela a permis à l’entreprise de devenir créatrice de cafés, un métier complexe étant donné que les chimistes ont identifié environ 700 arômes dans les grains de café.
Marché hautement compétitif
Au même titre que les grandes marques, Méo s’efforce de diversifier ses sources d’origine et de créer de nouveaux mélanges, ce qui lui permet de proposer de nouvelles saveurs. Grâce à son travail et à son innovation, Méo est devenue la 2e marque de café bio en France et a séduit une grande partie de la clientèle jeune. Le café est redevenu à la mode sous différentes formes telles que l’expresso, le café latte ou le cappuccino.
C’est une réalisation impressionnante dans un marché hautement compétitif dominé par des géants de l’agroalimentaire. Le groupe est présent sous sa marque dans les grandes surfaces (avec un chiffre d’affaires de 60 millions d’euros), consolide son activité industrielle en tant que sous-traitant d’autres marques et en vendant aux restaurants et autres services de restauration.
En témoignage de son dynamisme, l’entreprise vient de lancer une nouvelle marque, Koota, qui est un café bio et équitable avec l’ambition d’atteindre une empreinte carbone neutre dans les cinq prochaines années. Vendu dans des boîtes en fer 100% recyclables, le café est en partie transporté depuis la Colombie jusqu’au port de Bordeaux par voilier. Le groupe a l’intention de transporter 80% de ce café par voilier d’ici trois ans, un défi ambitieux car ce mode de transport est actuellement coûteux. Un QR code permet aux clients de suivre toutes les étapes de production, répondant à la demande de nombreux consommateurs soucieux de l’environnement. Même les sacs en jute utilisés pour le transport sont recyclés pour d’autres industries comme l’automobile ou la création de nouveaux objets.
Méo, malgré son héritage datant du début du XXème siècle, se maintient à la pointe du marché. Depuis plusieurs années, la marque explore de nouveaux territoires tout en cherchant à garder une longueur d’avance sur la concurrence. Comme le souligne l’un de ses dirigeants, il n’existe pas d’école de torréfacteur, et l’excellence est atteinte par la transmission du savoir-faire et la compétence des collaborateurs. !
Claudio Flouvat
