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Le Directeur de la DGSE parle !

L’Ambassadeur Bernard Emié, Jeux olympiques et paralympiques London 2012 ©Patrick Pascal

Par Patrick Pascal, ancien Ambassadeur et Président du Groupe Alstom à Moscou pour la Russie, l’Ukraine et la Biélorussie.

Il n’est pas fréquent que le plus haut responsable du renseignement extérieur (DGSE) encore en activité s’exprime. C’est ce que vient de faire dans les colonnes du Journal Le Figaro du 23 juin 2022 l’Ambassadeur Bernard Emié, l‘actuel Directeur général de la sécurité extérieure en fonction depuis désormais cinq années.

Cette intervention publique, la première depuis une interview commune avec le responsable du renseignement intérieur peu après sa nomination, au cours de laquelle il exposait les grandes lignes de sa mission, intervient à l’occasion de l’exposition consacrée aux « Agents secrets du Général – Les Compagnons de la Libération dans la lutte clandestine » qui est présentée du 23 juin au 16 octobre au Musée de l’Ordre de la Libération de l’Hôtel des Invalides à Paris.

La DGSE qui a pris la suite du SDECE en 1982, célèbre en effet ses 40 ans alors que le Bureau central du renseignement et d’action (BCRA), le service secret de la France libre dont elle est l’héritière commémore ses 80 ans. Sur les 174 Compagnons de la Libération, qui menèrent en effet des activités d’espionnage sous l’autorité du général de Gaulle, 60 périrent dont Jean Moulin. Il s’agit d’honorer en les mettant en lumière ces agents de l’ombre qui fournirent par exemple une grande part du renseignement pour le débarquement en Normandie et ceux qui sont engagés aujourd’hui sur de nombreux théâtres extérieurs. La DGSE pour sa part a perdu des dizaines d’agents au cours de sa relativement jeune existence.

Le BCRA peut être considéré, selon les termes mêmes employés par l’Ambassadeur Emié, comme un « modèle du service secret à la française, combinant renseignement et action et subordonné au politique ». Le Directeur de la DGSE souligne à quel point les qualités de « loyauté, exigence, discrétion et adaptabilité » sont essentielles pout traiter, à l’heure de l’informatique et de la cybersécurité, des crises telles que Ukraine/Russie, faire face à la prolifération, garantir la sécurité économique ou encore lutter – en liaison avec la DGSI – contre la menace terroriste. 

L’Ambassadeur s’exprime au nom de la mémoire, référence indispensable pour ses agents et les jeunes recrues. Sa parole est d’autant plus rare qu’il faudrait aussi parler de lui. S’il ne fut jamais de l’ombre, de la lumière lui revient aussi à la mesure de ses services pour l’Etat. Il faudrait souligner son extrême professionnalisme et sa passion du métier, ce dynamisme et ce perfectionnisme jamais en repos, démontrés tout au long de sa carrière diplomatique, de Washington à Alger avec des Ambassades à Amman, Beyrouth (au lendemain de l’assassinat

Il ne s’agit pas de préjuger de son management actuel mais à Londres, il alliait la représentation, telle la présence en habit au discours du trône, en white tie à la réception annuelle à Buckingham ou lors d’événements de la résidence au 11 Kensigton Palace Gardens, au quotidien harassant d’un poste diplomatique en prise sur un nombre sans limite de sujets. Mais qu’il sublimait d’un stakhanovisme finalement enthousiasmant et contagieux. Il avait coutume de résumer ses directives aux jeunes agents, invités à un déjeuner de travail à la résidence, en soulignant que l’objet n’était pas exclusivement d’apprécier les talents hors pair du chef, par un « no free lunch » péremptoire signifiant que l’essentiel serait le compte rendu écrit adressé à Paris. Mais tout était finalement si simple au milieu de telles équipes et le niveau de qualité que l’Ambassadeur s’imposait à lui-même était une référence et un modèle.

Le message d’aujourd’hui a clairement un rapport avec Londres, le BCRA et le général de Gaulle. Chaque année, la commémoration de l’Appel du 18 juin devant les locaux du Général à Carlton Gardens, devant une foule considérable, donnait lieu à la célébration de ce qui reste d’une force incomparable dans la relation franco-britannique et l’Ambassadeur décorait parfois des anciens combattants britanniques. Face aux défis d’aujourd’hui, il faut cette mémoire. Elle est la marque de la plus grande modernité, du volontarisme et de l’optimisme.

Patrick Pascal
Ancien Ambassadeur et Président du Groupe Alstom à Moscou pour la Russie, l’Ukraine et la Biélorussie.
Fondateur et Président de Perspectives Europe-Monde.

Patrick PASCAL

Pour en savoir plus :
www.perspectives-europemonde.com

Patrick Pascal est également l’auteur de Journal d’Ukraine et de Russie (VA Éditions)

Disponible auprès de VA-EDITIONS.FR


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